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EAN : 9782909210018
Revue Esprit (01/06/1991)
3.5/5   1 notes
Résumé :
Les produits psychotropes reroupés sous le terme "drogues" recouvrent-ils seulement une menace sociale et une pathologie individuelle ? Pourquoi la prise de drogues est-elle considérée comme un mal alors que la consommation d'alcool est socialement acceptée ? La toxicomanie, qui réunit déchéance individuelle et décomposition sociale, résume-t-elle la variété des usages de drogues ? Les drogues ne désignent-elles pas un climat existentiel propre aux sociétés contempo... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Table des matières [commentée avec renvoi aux cit.] :

- Alain Ehrenberg : « Un monde de funambules » [cit. n° 1 et 2]

Partie I : « États seconds » [Sur les aspects littéraires, psychologiques et historiques de la consommation de drogues]

- Pierre Pachet : « Coleridge, De Quincey, Baudelaire : la drogue de l'individu moderne »
- João Fatela : « Drogues et ambivalences de la subjectivité » [cit. n° 3]
- Olivier Mongin : « Désincorporation »
- Georges Vigarello : « La drogue a-t-elle un passé ? » [cit. n° 4]

Partie II : « Traversée des images » [Sur l'imaginaire des drogues à travers les arts, en particulier la musique, la littérature américaine du XXe siècle, le cinéma, la publicité, la BD]

- Patrick Mignon : « La démocratisation de la bohème : drogues, jazz et pop music »
- Pierre-Yves Petillon : « Paysages mentaux de la drogue : versions transatlantiques »
- Thierry Jousse : « Drogues et cinéma »
- Vincent Amiel : « Peut-on voir un autre monde ? »

Partie III : « Entre influences et dépendances » [Représentations sociales des drogues, drogues et socialisation/désocialisation, médicaments psychotropes...]

- Véronique Nahoum-Grappe : « Le rire du buveur, le rictus du toxicomane » [cit. n° 5]
- Jacques Hassoun : « Janus mélancolique »
- Jean-François Solal : « Les médicaments psychotropes, une dépendance confortable » [cit. n° 6]
- Alain Renaut : « Individu, dépendance et autonomie »

Partie IV : « Régulations » [Aspects juridiques, de contrôle social et judiciaires]

- Robert Castel et Anne Coppel : « Les contrôles de la toxicomanie » [cit. n° 7]
- François-Rodolphe Ingold : « Toxicomanes en Europe : épidémiologie et ethnographie »
- Claude le Pen : « Une politique pour les tranquillisants ? » [cit. n° 8]
- Dominique Charvet : « L'homme de loi et la toxicomanie »
- Antoine Garapon : « Le toxicomane et la justice : comment restaurer un sujet de droit ? » [cit. n° 9]
- Mireille Delmas-Marty : « Quelles politiques européennes ? Analyse juridique comparée des politiques de la drogue et de l'alcool – les raisons du droit »
- Albert Ogien : « Courte bibliographie raisonnée » [se décline en : « Récits de voyage », « La drogue, le monde », « Vivre la drogue », « L'inconscient, l'âme et le cerveau », « Versions officielles »]
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Citations et extraits (9) Voir plus Ajouter une citation
1. « Qu'est-ce alors que la drogue ? Un artifice pour fabriquer de l'individu, une chimie de la promotion de soi. Elle radicalise le primat de la liberté individuelle qui, dans son versant purement privé, commence à caractériser les sociétés occidentales à partir du XVIIIe siècle. […] La question de la drogue s'est construite comme une interrogation sur les limites de la liberté et de la sphère privée dans la civilisation démocratique. […] Elle conditionne la possibilité de vivre sa propre vie, avec soi-même c'est-à-dire avec autrui. La sphère privée devient un problème à partir du seul moment où elle enferme le sujet dans une telle passion pour lui-même qu'elle en devient invivable. Un monde privé illimité, c'est cela que l'on appelle la souffrance du toxicomane, qu'il s'adonne à l'héroïne, à l'alcool ou à n'importe quoi. » (p. 8)
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7. « Vue du cabinet médical, la maladie se déroule inexorablement, de la lune de miel à l'ultime déchéance où le prisonnier de la drogue reconnaît tout à la fois son mal et son impuissance. Le regard médical est si prégnant qu'il plonge dans l'obscurité l'expérience quotidienne de l'usager de drogues, d'abord confronté à la nécessité d'engendrer ses propres contrôles. La survie dans le monde de la drogue l'exige. Le contrôle ici commence par celui des quantités : se droguer, c'est d'abord apprendre à doser ; se maintenir sur la ligne de crête exige une forte discipline. Le marché de la drogue est lui aussi affaire de contrôle. En dernière instance, il dépend de l'usager-trafiquant et de sa capacité à contrôler sa propre consommation, évaluée au quotidien par ses clients comme par ses pourvoyeurs ; et cette information, qui tisse le marché de la drogue, circule au même titre que les arrivages, les quantités, les prix. La perte de contrôle est sanctionnée par l'exclusion des circuits de revente. » (p. 247)
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9. « Ainsi, le toxicomane est-il condamné par la justice moins au nom du sujet de droit qu'il est, qu'au nom du sujet qu'il va devenir ! Notre temps croit à une sorte de pédagogie du sujet de droit dont la négociation serait la forme privilégiée, qui constitue une des finalités du droit et de l'institution judiciaire, que les travailleurs sociaux et les psychologues appellent "le rappel de la loi". Légitimité croisée, réciproque du droit postmoderne qui, en même temps qu'il fait exister le sujet, recherche dans la négociation qu'il lui offre une sorte de complément contractuel à sa légitimité. […] La négociation [de la désintoxication au lieu de la détention] ne doit donc pas être considérée comme une simple technique, voire comme une ruse des institutions destinée à procurer l'illusion de la maîtrise de la décision : il faut y voir un signifiant majeur de notre socialité, une manière légitime d'appliquer le droit, un moyen qui tend à se confondre de plus en plus avec la fin même du droit. » (p. 309)
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8. « En apportant aux troubles psychiques une réponse thérapeutique analogue à celle qui est mobilisée pour le traitement des troubles organiques, les tranquillisants révèlent la dimension biologique, animale, de notre système cérébral et nerveux, et donc de notre vie psychologique. […] Ils dissolvent ainsi une sorte de principe d'équilibre qui veut qu'à un mal correspond une thérapeutique de même nature : au mal organique, une réponse pharmacologique ; au mal psychique, une réponse psychothérapique ; au mal social, une réponse sociale.
C'est l'ordre qui est brouillé, les limites entre ces registres qui sont transgressées par l'effet de thérapeutiques qui traitent le mal psychologique sur le mode pharmacologique propre aux troubles organiques. On mesure la confusion : nous ne serions donc, y compris dans notre vie psychique, dans notre vie sociale, qu'une machine biologique sensible à l'inhibition ou à l'activation de tel ou tel site récepteur de notre système nerveux central ! » (p. 279)
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6. « La pharmacodépendance risque-t-elle de devenir le prix social à payer pour intégrer les marges ? […]
La recherche scientifique sur la chimie cérébrale a permis la découverte de nouvelles molécules qui ont élargi l'éventail d'effets psychotropes de plus en plus spécifiques, entre sédation et stimulation. Notre société offre de plus en plus de produits à la demande croissante d'adaptation et d'intégration sociale. L'usage thérapeutique de ces produits actifs risquerait à terme de devenir marginal. De leur côté, les pratiques d'intoxication aux produits illicites semblent tendanciellement obéir à la même logique, reléguant les valeurs transcendantes et initiatiques à l'Histoire.
La pharmacodépendance devient le commun dénominateur de l'usage des psychotropes licites et illicites, dette inépuisable dont le sujet dépendant doit s'acquitter pour le prix d'une dépendance sociale confortable. » (p. 217)
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