Le ciel se trouve sur terre

Etre père, être mère, est un état qui génère un état d'esprit particulier. Quand bien-même serait-on suédois, vivre dans une grande ville comme Göteborg peut rendre un brin paranoïaque. Faites-vous vraiment confiance au jardin d'enfant auquel, dans la journée, vous confiez votre enfant, la perle de votre vie ? Un trou dans un grillage de cour de récré peut rendre hystérique. C'est à peu près ce qui arrive au commissaire Erik Winter, le sensibilisant encore plus à d'étranges appels téléphoniques. Des parents rapportent à la police les histoires racontées par leurs chères têtes blondes. « Un monsieur les a emmenés dans sa voiture ». Si les premiers petits n'ont eu à souffrir de rien, Erik Winter pressent une escalade.
La police ne pouvant s'attarder aux vols de jouets qui concluent ces enlèvements qui n'en sont pas vraiment, Winter et son équipe enquêtent dans le même temps sur d'étranges agressions de jeunes étudiants.
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Cet homme qui bégaie a l'air bien seul. Alors il regarde les jeunes enfants jouer sur le terrain de jeu d'une crèche à Göteborg. Il fait monter un petit garçon dans sa voiture, puis un autre jour, une petite fille. Il caresse la tête de la petite fille. Rien de bien grave semble-t-il, pour le moment… Autrement plus grave, les agressions au marteau contre trois étudiants, la nuit, sur des places du centre ville. Erik Winter enquête, à la recherche de l'auteur des faits. Dans des postes de police de quartier, on s'inquiète pour les enfants enlevés et restitués. Mais la police ne peut pas contrôler tous ceux qui stationnent en voiture à côté des crèches et observent les jeux des enfants! Ainsi commence ce roman.
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Au coeur du récit, la pédophilie, sujet sensible. Avec une vision totalement opposée suivant qu'on se situe aujourd'hui, en ce début de XXIème siècle, ou hier, au milieu du XIXème siècle. Lewis Carroll (né en 1832) souffrait d'une obsession maladive pour les fillettes, lorsqu'il invitait chez lui une enfant particulièrement "exquise", il écrivait dans son journal : " je marque ce jour d'une pierre blanche". La pédophilie n'était alors pas un crime. Les temps changent. O tempora, o mores.
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Notre équipe de policiers de la Criminelle de Göteborg - Winter, Ringmar, Halders et Djanali - reprend à son compte l'enquête sur les enlèvements d'enfants, s'ajoutant à celle des étudiants agressés. Mais ils font du surplace dans les deux enquêtes. Interviewer des enfants de deux ans, quatre ans, n'est pas chose facile! Et ce malgré des techniques d'interrogatoires spéciales utilisées quand il s'agit de très jeunes enfants. C'est Ringmar qui dit : "Ça avance. Lentement comme d'hab."
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L'auteur nous invite dans la vie familiale de Winter, sa compagne médecin, sa fillette Elsa et sa mère (qui les attend pour Noël en Espagne). Et aussi dans la vie familiale de Ringmar qui vit avec sa femme Birgitta et sa fille Moa. Mais dans chacun des deux foyers, des problèmes surviennent : Winter ne pourra pas aller passer Noël en Espagne avec sa famille car priorité doit être donnée aux enquêtes en cours et Ringmar se désespère de ne plus avoir aucun contact avec son fils adulte, Martin. Qu'a-t-il fait-il pour déplaire à ce point à son fils?
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Åke Edwardson nous fait partager aussi la vie solitaire du pédophile. La pédophilie est un trouble du comportement souvent lié à des facteurs psychologiques ou sociaux-culturels. Visiblement ce pédophile esseulé et qui bégaie a eu une enfance très difficile qui est certainement la cause de sa maladie. Pour le moment, il arrive à cacher ses problèmes en public et à se rendre invisible. Va-t-il passer de la pédophilie passive à une pédophilie active plus destructrice? Au final, c'est un très bon roman policier qui réalise un parfait équilibre entre investigations policières et vie de famille. Il est intéressant aussi par la connaissance qu'il nous donne des techniques d'interrogatoire des petits enfants et du comportement des pédophiles.

Dans le style "double intrigue" celui-ci est réussi, avec juste ce qu'il faut de psychologie...

Des enfants accostés dans un parc; des violentes agressions touchant des étudiants : c'est au commissaire Erik Winter de démêler ces histoires et de voir si elles sont liées ou pas. Encore un grand roman de ce "Simenon venu du froid" !

C'est un polar. Oui mais, bon ...