Sept personnages en quête de reconnaissance, en quête de non-oubli, si je puis paraphraser le titre du roman bien connu.
21 février 1673, ces personnages se retrouvent à l'enterrement de leur créateur.
Molière est enterré nuitamment, ni vu ni connu. Les acteurs n'ont pas droit aux honneurs élémentaires. Pas de signe sur la tombe. Pas d'oraison, pas de messe. Et les personnages murmurent que
Molière, malade certes, n'est pas mort de maladie, mais empoisonné. D'ailleurs, il travaillait sur une ultime pièce sur les empoisonneuses. Dans la haute noblesse, il n'est pas rare que des dames parvenues usent de poison pour accélérer le départ de leur cacochyme mari.
Cette pièce gênait sans doute quelque haut dignitaire de la cour de Louis XIV. de là à penser que
Molière a été poussé vers la sortie prématurément, il n'y a qu'un pas. Franchissons-le...
Ils sont 7, donc. Agnès, Harpagon, Alceste, Dom Juan, Argan, Scapin et Tartuffe. Que du beau monde. Il y a un lexique en fin de BD qui donne quelques indications sur chaque personnage. Mais cela ne comble pas les lacunes du lecteur. Je connais
Molière, mais pas assez pour jouir des références et pouvoir combler les trous laissés volontairement ouverts par les auteurs.
Les personnages sont conscients du fait que, leur créateur mort, c'est à eux d'en assurer la mémoire pour éviter de disparaître à leur tour, oubliés par tout le monde. Rappelons que
Molière, adulé et vénéré de nos jours, a subi une longue période d'absence. Dom Juan, la pièce de
Molière, a mis plus de 2 siècles à être réjoué (malgré que Mozart avait créé un opéra à son nom).
Il s'agit donc de retrouver le testament de
Molière et le texte de sa dernière pièce. L'enquête est longue et difficile. Elle est parsemée d'embûches. de rencontres fatales. On oeuvre dans l'ombre pour freiner les personnages, mais également pour leur permettre d'aller jusqu'au bout. Colbert, par exemple, ne verrait pas d'un mauvais oeil que d'autres courtisans ou ministres soient éclaboussés par un scandale. On lorgne aussi du côté de la Montespan, qui participe à des messes noires et ne rechigne pas à user de poison... mais elle est la favorite du Roi...
Historiquement, c'est bien documenté. Il manque cependant de pas mal d'infos (où est le vrai, où est le faux, la réalité et la fiction...) pour comprendre certains rebondissements. Pour goûter pleinement le tome, il faut quand même des connaissances historiques et sur
Molière qui ne figurent pas dans le tome. Et c'est dommage.
Côté dessin... les personnages sont souvent trop statiques, ce qui est dommage lors des combats, et les visages inexpressifs. Il y a un gros travail architectural. Mais cela n'a pas été suffisant pour que je me plonge pleinement dans le récit.