Pour
Gilbert Durand, l'imaginaire humain est universel car animé par l'angoisse de la fuite du temps et de son terme final. le mouvement rapide et indiscipliné de certains animaux, la gueule dévorante de certains autres, les symboles inquiétants de la nuit, de l'obscurité et des profondeurs et ceux de la chute activent l'angoisse de la fuite du temps et de la déchéance. Pour y faire face, les symboles ascensionnels et du tranchage dont le sceptre et le glaive sont les archétypes et le soleil l'inspirateur forment une moitié de l'imaginaire humain fait de sectarisme et de rigueur, dit diurne.
A l'inverse, une autre moitié du paradigme imaginatif choisit l'euphémisme des symboles angoissants : les mouvements rapides deviennent caresses, la gueule dévorante succion, les symboles nocturnes évoquent la tranquillité plutôt que l'inquiétude, la chute la lente descente. La fragmentation dévorante devient digestion à chaleur douce. le feu qui brûle et consume devient source de chaleur du foyer. La prétentieuse élévation se "gullivérise" dans les personnages de lutins, la conquête devient intimité réconfortante, l'opposition consensus. le symbole de ce régime euphémisant est la coupe (le bol). Puisqu'il magnifie la douceur de la nuit, ce régime est dit nocturne. La lune est encore un catalyseur puissant de l'imagination par la notion de cycle qui lui est associée. Cette résurrection mensuelle d'un astre emblématique d'un régime qui favorise le consensus et la fusion des contraires rappelle le cycle des saisons et de la végétation et l'androgynie. Les animaux qui évoquent la renaissance, les évolutions cycliques ou le tissage pour l'idée du devenir qu'il implique sont encore associés au régime nocturne. Enfin,
Gilbert Durand voit encore dans le régime nocturne les sources imaginatives de la religion qui s'approprie la figure de l'arbre (qui s'élève tout en suivant le cycle des saisons), du serpent, un des animaux les plus symboliques dans le monde et à toutes les époques (qui se régénère, ondule comme l'eau, a des anneaux et peut se mordre la queue en un cycle perpétuel) ou l'image du Fils, à la fois homme biologique et lié à l'image féminine par la mère, présent dans de nombreuses mythologies.
On repère ainsi dans le développement de ces figures imaginatives des structures d'harmonisation et de dialectiques (comme la musique), historienne (les philosophies de l'histoire) et progressistes (du fait du messianisme). Il est ainsi possible de poser les base d'une fantastique transcendantale ou schéma directeur de l'imagination humaine universelle.