Le DRH lui demande pourquoi elle a inscrit « Littérature » dans la case Loisir de son CV. Claire désamorce immédiatement la présomption d’intellectualisme car dans l’entreprise s’adonner à une activité aussi inutile que la lecture vous classe dans la catégorie des intellectuels non assimilables à la chaîne de production : « La narration est au cœur du marketing. Les consommateurs n’achètent pas du soda, du café, de la lessive, ils achètent une belle histoire. »
Derrière chaque employé se trouve un successeur formé pour prendre la relève qui n'attend que le moment opportun pour s'épanouir.
"Excellente soirée, Madame, excellente soirée, Monsieur !", Claire et Antonin avancent du bon côté de la barrière que le vigile ouvre pour eux.
A l'image d'un jeu d'échec. Une dose de psychologie et beaucoup de stratégie.
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"Ne dépend jamais d'un homme. Il faut bien travailler à l'école pour avoir un beau métier. Le travaille c'est la clé de l'indépendance."
Le DRH lui demande pourquoi elle a inscrit « Littérature » dans la case Loisir de son CV, Claire désamorce immédiatement la présomption d’intellectualisme car dans l’entreprise s’adonner à une activité aussi inutile que la lecture vous classe dans la catégorie des intellectuels non assimilables à la chaîne de production : « La narration est au cœur du marketing. Les consommateurs n’achètent pas du soda, du café, de la lessive, ils achètent une belle histoire.
Les livres qui ont vécu racontent en marge de leur histoire un peu de la vie de ceux qui les ont lus, annotés, commentés.
Comme chaque matin Claire renaît avec la ville. Elle aime Paris quand la mécanique urbaine se met en place. La rue s'anime, réveillée par le brouhaha des voitures , le ronronnement des camions de livraison, la plainte stridente des scooters. (...) Claire sent chaque fibre de ses muscles se tendre, ses sens gagner en acuité, son cerveau sortir de sa torpeur nocturne. Galvanisée par la tension nerveuse qui émane du bitume autant que par la promesse du challenge que constitue Energetis elle se laisse envahir par l'énergie citadine.
Corinne repousse toujours les vraies discussions à plus tard. Claire le sait, c’est elle qui lui a appris comment faire taire les revendications de ses troupes : au lieu de les affronter frontalement, déliter les conflits. Corinne ne s’oppose jamais, elle repousse, écoute et donne raison. Comment réagir face à quelqu’un qui n’offre aucune résistance ? L’affrontement n’en est que plus violent, car il est nié, il n’a pas droit de cité.
Claire aurait voulu leur dire qu'elle ne fait rien depuis des mois, que le vide est encore plus épuisant que l'urgence, qu'elle échangerait volontiers son rythme tranquille contre le surmenage du cadre indispensable. Mais comment sa mère pourrait-elle comprendre que son entreprise la paie à ne rien faire et que c'est le pire désaveu ? Comment son père pourrait-il entrevoir la violence d'une situation que des millions de chômeurs envieraient ? Une fois de plus, Claire choisit de ne rien dire. Elle fait semblant et puise jusqu'au plus profond d'elle-même pour paraître gaie et insouciante comme doit l'être une enfant qui a réussi et qui revient au pays.