[…] absorber un secret, c’est vouloir l’enfermer en soi comme dans un tombeau, c’est imposer des entraves à ses sentiments, à ses pensées et à ses actes, c’est donc se constituer soi-même en prison.
Posséder un secret, c’est enfermer dans les limites même de son corps, une parcelle de connaissance que l’on refuse de révéler aux autres. C’est se cacher, travestir sa pensée, camoufler et dissimuler ses actes, tromper.
Car c’est bien comme un pur désir qu’elle lui apparaît : sa fascinante beauté se détache sur le fond cramoisi du restaurant, qui, telle une braise, que l’on attise, vire insensiblement au rouge vif, avant de retourner à sa couleur initiale. Elle est la part de son âme imprégnée d’Ombre. Elle est le spectacle de son angoisse. Elle est l’ange de mélancolie soumis au vertige de la mort.
L’anxiété naît, en effet, de ce que acteurs ou spectateurs sont partagés, déchirés entre l’espérance d’un salut et la crainte de l’irrémédiable, entre la vie et la mort. Elle est donc fonction de la durée du conflit, de sa dilatation. Elle aiguise aussi notre perception du temps.