Accordons nous une pause avant l'histoire.
Un tableau, tiens, c'est joli un tableau de maître.
Une contemplation d'oeuvre offre une respiration, parfois même une inspiration.
C'est ainsi que je vous propose d'ouvrir grands vos yeux sur cette oeuvre magistrale, "le tricheur à l'as de pique" de George de la Tour.
Un joli tour de passe passe visuel.
Très inspirant en effet, c'est à se demander si les auteurs Pjilippe
Lechermeier et
Gaëtan Doremus s'étaient donnés rendez-vous là, échangeant amicalement tandis que la scène se carapatait tranquillement dans leur caboche, deux portes de sortie valent mieux qu'une.
Le pauvre héros de leur livre, Till, se trouve lui aussi escroqué par un bonne bande de professionnels de la comédie.
Reprenons la scène du début si vous le voulez bien, Till l'espiègle est entré fier et pimpant à la ville de Kroproutzek( ne riez pas! Ce moment est solennel), heureux de son voyage vers Cracovie, conquérant en chemise propre et bourse pleine et engageante.
Till s'est réjoui d'offrir une obole à Kroproutzek sur une table de jeu, pour lui porter chance et rapporter une mise qui lui permettrait d'être deux fois mieux accueilli à la ville suivante( l'accueil de Kraproutzek est incomparable enfin surtout sur la fin, quand on a plus un sou à dépenser).
C'est ainsi et tristement une main devant, une main derrière( c'est une expression qui prend tout son sens ici) que notre Till est remercié d'être passé par la chaleureuse ville de Kraproutzek.
Mais que s'est-il passé?
Lui qui se sentait bien en veine, bien chaussé, se retrouve en conclusion le cuir du derrière bien botté.
La belle verve de
Lechermeier nous enchante, nous fait oublier la mésaventure.
Serait-il lui aussi un tourneur de tête, un tricheur de coeur?
Allons-nous nous lamenter pour Till, sur une histoire promise drôle qui tourne mal, déchanter tandis que notre sourire s'étrécit de plus en plus devant son malheur (c'est pas bien ça)?
Tout le monde apprécie la magie mais les tours de cochon, non merci, très peu pour moi. J'en resterai au tour de lapins.
Gaëtan Dorus tente lui aussi de nous bluffer, ses illustrations sont désopilantes mais la situation n'est pas drôle, non monsieur l'illustrateur, un peu de pitié, de charité chrétienne, cessez de nous faire remuer l'estomac.
Nous sommes en fâcheuse posture, obligé de nous tenir pendant les ricanements.
Fâcheuse posture.
Till n'a pas dit son dernier mot.
Il promet vengeance et tourments, la pauvre âme s'est chaussé de vieilles godasses qui sentent le vieux fromage et le héros s'engage pour une nouvelle partie à la ville de Cracovie.
Hélas pour Cracovie, le vent ne tournera pas (vous comprendrez en lisant) et c'est bien ainsi car les auteurs nous offrent le happy end attendu.
Un grand seigneur à mourir de rire, ce Till.