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« La porte du voyage sans retour », c'est le surnom donné à l'île de Gorée. A moins que ce ne soit la porte qui ouvre sur la mer de la maison du gouverneur de l'île. Dans tous les cas, l'expression a une haute valeur symbolique.

Michel Adanson est un tout jeune botaniste, mandaté par la France pour explorer la flore du Sénégal au milieu du XVIIIème siècle. Parti pour découvrir des plantes, il rencontrera des hommes. Couchée dans des carnets et tenue secrète toute au long de sa vie, l‘évocation romanesque et puissante de ces cinq années passées au Sénégal est transmise à sa fille Aglaé, un héritage secret en quelque sorte.

David Diop choisit un angle romanesque pour aborder le sujet de l'esclavage et dénoncer les préjugés sur la supériorité occidentale. Les propos de Maram, jeune « négresse » au destin dramatique, offrent la description d'une Afrique somptueuse et poétique. Sa rencontre avec Ndiak, fils du roi du Waalo qui lui sert de guide et d'interprète, prend des airs de roman d'aventure … voilà une odyssée à la fois turbulente et mélancolique.

Ce périple africain avec en toile de fond les stigmates de l'esclavage est servi par une écriture exigeante et brillante. de longues phrases, des mots que je ne connaissais pas, j'ai parfois été perdue dans les méandres de ce texte.

Mais j'ai surtout été perturbée par le mélange des genres. Certains passages ont la flamboyance d'un Laurent Gaudé (David Diop a de réels talents de conteur) et d'autres ont la légéreté et la malice de certains récits d'aventures (impossible pour moi de ne pas penser au roi Zimbeline de Jean Christophe Ruffin). Les relations humaines et les jeux d'influence sont très finement analysés, et historiquement ce livre, même avec toutes les libertés qu'a pu prendre l'auteur, est passionnant … mais ce mélange des genres m'a laissée sur ma faim.

Les chapitres sont courts et le rythme intense, cela se lit très vite mais à mon goût il y a trop de sujets abordés, pléthore de personnages et du coup peut-être pas assez de pages !
Lien : http://www.instantanesfutile..
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Super expérience de lecture, au cours de laquelle j'ai eu ce que je recherchais :
1) une syntaxe assez travaillée pour s'éloigner de la rigidité académique, et assez accessible pour les gens qui lisent peu (surtout après le premier quart du roman, quand le récit du voyage commence vraiment), avec des tournures très fluides, poétiques et visuelles
2) des personnages auxquels on s'attache, pour lesquels on se sent concerné, inquiet ou enthousiaste quant à la suite de leurs aventures, et ce grâce à leurs pensées et émotions parfaitement retranscrites (souvent à l'aide de points de vue interne adoptés) et à la profondeur travaillée et nuancée de leur histoire, évolution et contradictions
3) des scènes et environnements suffisamment colorés et dépaysants pour me marquer et me maintenir en haleine, dans cette Afrique, cette époque et cette thématique de l'esclavage que je connais mal, et au fil de l'intrigue de la « revenante » que l'on découvre couche par couche
4) un mélange de réalisme et d'imaginaire, du monde colonial organisant la traite négrière aux croyances en des forces surnaturelles abritées par la nature, ce personnage de Michel Andanson se trouve bien entre les deux, un scientifique français immergé dans la culture sénégalaise à en oublier sa langue maternelle
5) des procédés narratifs finement menés et originaux (souvenirs, références ou formulations présentés en début de récit et qui trouvent tout leur sens à la fin de façon à « boucler la boucle » ; cohérence interne renforcée par des thématiques récurrentes (l'histoire de Michel et Maram, faisant écho à celle d'Orphée et Eurydice notamment) ; un enchevêtrement fractral de récits, imbriqués les uns dans les autres, où l'histoire de Maram est offerte à Michel, qui offre à son tour la sienne à sa fille, à propos de la traite négrière, de l'amour, de la souffrance que l'on cherche parfois à enfouir par tout les moyens au risque de passer à côté de l'essentiel
6) un échange entre l'auteur et son lecteur, à travers le prisme des contacts et échanges entre les personnages, qui laisse la place à la subjectivité de celui qui reçoit, en montrant que certaines odeurs, la vue d'une peinture, l'évocation d'un événement ou d'une histoire de vie, comme la lecture d'un texte pourra avoir un impact unique, du bouleversement au rejet catégorique, suivant la personne qui s'y retrouve confrontée

Voici mes scènes, images et passages préférés, dans l'ordre du récit :
- Michel Andanson éclairé par la faible lumière d'une bougie sur son lit de mort
- les premières visites du château de Balaine par Aglaé et tout ce qu'elle commence à y imaginer
- la découverte par Aglaé des carnets de son père, assise par terre au milieu de la serre où son héritage lui a été entreposé
- l'histoire de la « revenante » racontée sous les étoiles par Baba Seck sur l'estrade du village de Sor
- la danse des centaures, au cours du mariage au village de Meckhé
- la rencontre avec Maram qui retire sa peau de boa, ramasse le linge nue sous la pluie teintée de sable rouge, ou poursuit son récit éclairée par la faible lumière phosphorescente émise par l'eau du baquet
- l'évasion de Maram qui se jette dans l'océan lumineux depuis le bateau d'Estoub
- l'arrivée de Maram dans l'immense forêt d'ébénier et sa longue et lente marche derrière Ma-Anta
- Baba Seck qui surgit dès la fin du récit de Maram, là où se trouvait sa juste place et se retrouve attaqué et broyé par le boa
- la mort de Maram, propulsée par delà la porte du voyage sans retour sur l'île de Gorée, j'ai mis longtemps à comprendre qu'elle ne reviendrait pas, qu'Andanson en avait vraiment été séparé ainsi, et que son profond chagrin s'expliquait ainsi
- l'incendie de brousse, initié sur un pulsion de rage après avoir senti l'odeur d'écorce d'eucalyptus, qu'Adanson regarde brûler, et revoit se propager encore des décennies plus tard
- l'écoute de l'opéra d'Orphée et d'Eurydice, lors de la fête de le Joyand, et les larmes d'Adanson quand vient le passage où Eurydice disparaît, quand Orphée finit par la regarder
- la contemplation par Adanson du portrait de Madeleine, qui lui rappelle aussitôt Maram, qu'il avait essayé pourtant d'oublier
- le refus de Madeleine qui congédie Aglaé, et surtout son souvenir du vieil Orphée, Makou Lapoule, qui racontait sans cesse et sans le savoir, sa version, modifiée par son point de vue d'esclave, de sa rencontre avec Michel Adanson, alors qu'il était jeune enfant. Toute l'ironie désastreuse de ce dernier chapitre
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Un roman sublime, une écriture envoutante, des images fortes, un thème et une histoire qui prennent aux tripes. On ne peut qu'être bouleversé après la lecture de ce romain qu'on n'oubliera surement jamais. Je l'avais vraiment vu dans la deuxième sélection du Goncourt.
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Dans ces cahiers, Michel Adanson raconte ce qui lui est réellement arrivé au Sénégal, il n'avait que 23 ans, il souhaitait se faire un nom dans la botanique. Il a fait ce voyage pour découvrir des plantes il y a rencontré des hommes et des souffrances.
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Pas évident pour moi de mettre une note et une critique à ce livre, il m'a plu et ne m'a plu.
Pourquoi il m'a plu ? Pourquoi il ne m'a pas plu ? J'ai du mal à l'identifier.
Je crois que ce qui ne m'a pas plu, c'est que je m'attendais à quelque chose de plus soutenu sur l'esclavagisme et en fait non. D'un autre côté, ça l'aborde quand même mais plus discrètement que ce que je l'avais pensé, ce n'est peut-être pas plus mal. C'est peut-être le but. Parler de l'horreur sans être pesant. Et finalement c'est plaisant.
Je pensais également me trouver directement au Sénégal, et en fait non. L'histoire est un peu longue à venir. La quatrième de couverture est un peu trompeuse ...
Et ce qui m'a plu c'est de découvrir ce pays et cette culture. de prendre conscience de comment cela pouvait se passer, à cette époque. J'ai le plus aimé à partir du moment où Adanson part pour l'un des villages (je n'en dit pas plus pour ne pas dévoiler le roman) accompagné de son guide.

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Pour les avoir visitées et parcourues voici une quinzaine d'années, la porte du voyage sans retour ainsi que celle du non retour, cette histoire est le moyen inattendu de revisiter la seconde, avec l'émotion de mêler les personnages à des instants et des lieux toujours pas entièrement compris. Mais j'aurai dû lire l'histoire qui raconte la première en premier. Je le ferai. Remonter l'histoire, lui donner le corps de ces personnages bouleversants et aboutir à l'espérance. Cette dernière reste encore à gagner pour de bon. Mais un très bon moment de lecture.
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La plume de David Diop m'a séduit d'emblée. Je suis entré en toute confiance dans cette histoire où Aglaé s'installe dans cette somptueuse demeure léguée par son père, héros du roman librement inspiré de la vie du botaniste, Michel Adanson.
L'histoire prend une toute autre tournure lorsque notre jeune héroïne découvre dans le double-fond d'un petit meuble en acajou, un document où Adanson lui confie l'histoire de sa vie et de sa relation avec Maram, une jeune esclave noire qui avait franchi "La porte du voyage sans retour."
S'ensuit alors un véritable carnet de voyage comme ceux rapportés par Guy Deleury dans son anthologie des voyageurs français du 18e siècle. On y retrouve des détails fascinants sur les régions traversées, les rites et les coutumes de cette région du Sénégal.
Tout se gâte cependant avec l'arrivée en scène de Maram, cette jeune esclave sensée nous livrer par son cheminement, tout le drame de l'esclavage, nous dévoiler ce qui se passe au-delà de ces portes infernales. Or il n'en n'est rien. Maram est dépeinte ici comme une ensorceleuse et mystérieuse sorcière, fille spirituelle d'une shaman, dompteuse d'un boa tueur, voyante aux parfums envoûtants, évanescente, belle autant qu'irréelle, et passionnément aimée. Si Adanson ne parvient pas à savoir si cet amour lui est rendu, sinon par ce léger contact de la main alors que tous deux s'enfuient vers la mer, nous ne parvenons pas non plus, en tant que lecteur, à trouver tout comme lui cette fissure qui nous y donnerait accès.
Arrive à la fin un quatrième personnage, Madeleine, surgit de nulle part et dont le seul intérêt réside dans le fait qu'elle ressemble à notre héroïne. Puis, le roman va se perdre dans recherches plus ou moins scientifiques dont le but semble-t-il est de nous rappeler qu'au fond, Michel Adanson était avant tout un botaniste.
Diop, malgré un talent évident d'écrivain, ne parvient pas à unifier son histoire dans ce triptyque trop décalé, dans son personnage de Maram désincarné, d'Aglaé larguée dès l'ouverture de ce testament de vie.
Bref, déception d'un livre qui ne livre pas la marchandise et qui finalement passe la porte du voyage sans retour pour conclure sur quelque-chose de semblable à un simple trou dans la mer.
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Très bien écrit et intéressant.
Une plongée dans cette époque où l'esclavage est accepté par tous. En Europe en Afrique et surtout en Amérique.
On vit l'histoire d'un botaniste s travers son journal découvert par sa fille.
Une lecture à recommander chaudement...
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David Diop était un auteur qu'il me tardait de lire surtout après le fou succès de son roman #FrereDame qui a été #PrixGancourt et #PrixKourouma … mais en arrivant dans le rayon c'est la 4ème de couverture de celui-ci qui avait retenu mon attention.
Je plonge alors dans ce récit de voyage si bien conté par notre protagoniste Michel Adanson dont la narration est à la fois soutenue et fluide.
Certainement l'époque y est pour quelque chose. Ce XVIIIe siècle où le sujet la #TraiteNegriere est normalisée par une partie des personnages et fuit par une autre.
J'ai donc aimé faire les découvertes botaniques, culturelles et humaines menées par le curieux Michel sur les chemins qui vont le conduire à un amour aussi intense que furtif.
On aime lire ces pages relatant une passion qui marque au fer rouge et laisse malheureusement une mélancolie éternelle. Mais c'est bien le genre qui fait l'objet d'une prise de conscience du monde qui nous entoure… et pour Michel c'est la traite négrière qui a été pointé du doigt.

Ce livre est une belle leçon à laquelle je retiens que : L'amour est assurément ce qui démontre à toutes les races (si cette notion doit exister, sujet d'un autre genre de symposium) que nous sommes tous fait de sang rouge et que nos coeurs sont aveugles des préjugés raciaux.
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Roman court et plein de charme. Tirant vers le conte, l'auteur, de sa belle écriture, a réussi à me transporter dans l'Afrique du 18ème siècle avec une histoire très touchante et sans effet mélodramatique. Je conseille vraiment ce livre à ceux.elles qui aiment les belles histoires d'amour pas "gnan-gnan"et qui veulent être ailleurs le temps d'une lecture.
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