Il fallait que quelque chose se termine. En réalité, c'était peut-être la seule chose que nous partagions tous les quatre, l'envie d'en finir avec cette famille.
Mes parents n'ont rien vu. Mon père était trop occupé à commenter la télé à ma mère et ma mère était trop occupée à avoir peur de mon père
Quelque chose dans sa voix a transformé mon coeur en boule à neige. Elle l'a secouée et des milliers de particules scintillantes se sont agitées à l'intérieur de moi.
Je n'ai jamais ressenti grand chose pour ma mère, si ce n'est une profonde compassion. A la seconde où mes yeux ont déchiffré ces cinq lettres, cette compassion s'est instantanément dissoute dans une flaque de mépris noir et puant.
A la maison, il y avait quatre chambres.La mienne, celle de mon petit frère Gilles, celle de mes parents et celle des cadavres.
Des daguets, des sangliers,des cerfs. Et puis des têtes d'antilopes, de toutes les sortes et de toutes les tailles, springboks, impala,gnous, oryx, kobus...Quelques zèbres amputés du corps.Sur une estrade, un lion entier, les crocs serrés autour du cou d'une petite gazelle.
Et dans un coin, il y avait la hyène.
Son visage était si tendu
que pendant un instant
j'ai cru qu'il allait se fendre comme du bois sec.
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