Critique en demi-teinte ou alors si j'osais en clair-obscur
Que sait-on de Caravage ? Très peu.
Une date de naissance incertaine: 1573 ou 1571.
Un acte de baptême disparu
Un lieu de naissance qui n'est même pas n'est pas sûr. Caravaggio ? Seule certitude c'était le village de sa famille. Où il a passé son enfance ?
En 1592 il arrive à
Rome mais avant : Où a-t-il vécu ? Qu'a-t-il fait ?
De treize à dix-sept ans, il est en apprentissage à Milan..
De dix-sept à vingt et un ans, on perd sa trace : A-t-il voyagé ? Où est-il allé ?
Dès son arrivée à
Rome, il montre une maîtrise étonnante. Sans avoir fréquenté aucun grand peintre, ni été élève d'une quelconque académie, il peint des tableaux merveilleux, qui ne ressemblent à rien de ce qui a été fait avant. Il casse les codes de l'époque
Où a-t-il appris son métier ? On ne possède aucun dessin de lui, cas unique pour un peintre italien. Sans doute ne savait-il pas dessiner. Il appliquait directement les couleurs sur la toile, en partant du fond et en la remplissant peu à peu de personnages.
Il n'est l'auteur que d'une seule et modeste fresque (Jupiter, Neptune et Pluton à la villa Aurora de
Rome) , pourtant un genre où les peintres de son époque excellaient.
Quant à sa vie privée, elle est encore plus mystérieuse. Il n'a rien écrit, n'a laissé aucun journal, aucune lettre, aucun document de quelque sorte que ce soit. Sa peinture révèle un tempérament passionné, mais on n'a aucune certitude sur l'identité ni même sur le sexe des personnes qu'il a aimées.
Ses tableaux : une source sûre, généralement, pour nous en apprendre plus sur son exécutant. Dans le cas du Caravage il y a les contrats, documents, qui nous renseignent sur le sujet commandé, le nom du commanditaire, la somme payée, l'évolution de sa notoriété.
Ses oeuvres ou Ces oeuvres il suffit de les regarder, de les lire, de les déchiffrer, pour surprendre des secrets que ne nous révéleront jamais les archives. de les prendre dans leur globalité pour mieux appréhender la vie du peintre.
Les refus qu'il a pu essuyer, les innovations iconographiques, le caractère humain et réaliste qu'il met en place dans ses tableaux religieux, la puissance de ses clairs-obscurs au service d'une réalité profane ou sacrée.
Et une oeuvre tombée dans l'oubli pendant presque 3 siècles, jusqu'au début du XXeme siècle. Il devait forcément devenir personnage de roman v Gilda Persanti,
Francesco Fioretti, Andrea Camilieri,...
Bref un personnage Romanesque qui a donné son nom au style Caravagesque.
Pour en revenir à l'ouvrage de
Peter Dempf
Pour ce qui est du clair : cet ouvrage est d'une lecture agréable et on se laisse prendre facilement dans l'intrigue dont les ressorts ont déjà été éprouvés dans d'autres ouvrages similaires qui ont pour toile de fond l'art.
Le choix de placer l'intrigue sur les 5 dernières années de la vie du Caravage est bon choix, quoique... C'est un peu un choix de "facilité" car ce sont les années les plus propices à apporter de matière à un roman.
Mais à mon humble avis il manque ce souffle Romanesque
Pour ce qui est de l'obscur :
Les tableaux sont là, mais il manque dans l'écriture à mon sens ce qui fait la peinture du Caravage à savoir un travail très pointu d'accentuation des modelés du corps par l'ombre et la lumière auquel le peintre a ajouté la mise en relief de la réalité psychologique de ses sujets, faisant de lui un peintre visionnaire. Je trouve l'écriture de ce roman très consensuelle, peut-être trop lisse.
Mais à mon humble avis il manque cette fibre Caravagesque.
Un dernier point de cette critique, parmi les auteurs qui ont publié sur Caravage, je n'ai pas abordé
Dominique Fernandez, mais comme le dit l'adage : gardons le meilleur pour la fin. Si il y a bien un roman, ou biographie romanesque, c'est le sien :
la course à l'abîme.
Tout y est la touche caravagesque et le souffle romanesque.
Faites un test avec son livre, prenez le et ouvrez le à n'importe quelle page et vous serez happé par son écriture, et vous plongerez aussitôt dans la vie de Caravage. D'ailleurs, je me suis replongé dans son ouvrage.