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Citations sur L'identité de l'Europe (24)

Ce n’est donc pas sa surpuissance qui rend problématique une intégration éventuelle à l’Europe et donc une extension des frontières de celle-ci, non pas jusqu’à l’Oural, qui n’a jamais été une frontière, mais jusqu’à la Chine et au pacifique. Mais c’est plutôt la volonté russe elle-même. Son régime est ce qu’il est, et les Russes sincèrement occidentalistes, car il y en a beaucoup, sont partagés entre le rire et les larmes quand la presse étrangère le décrit comme une « émergent democracy ». Quant à l’Église orthodoxe, elle est mise à profit par ce pouvoir pour nourrir le nationalisme le plus extrême et le plus hostile à tout rapprochement avec la latinité.
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Ma thèse est par conséquent la suivante : l’islam, que les Européens ont longtemps négligé et laissé pousser comme une mauvaise herbe dans un champ de blé, n’est pas au cœur de la crise identitaire européenne, il n’en est qu’un symptôme. La crise est beaucoup plus profonde et endogène. C’est la crise du politique dégénéré en impolitique. C’est la crise de l’ État-nation dénationalisé. C’est la crise d’une Europe déchristianisée. C’est la crise d’un christianisme désincarné. C’est la crise d’une laïcité dévoyée. C’est la crise d’une modernité désorientée. C’est la crise d’un humanisme déshumanisé et dépouillé de toute transcendance divine. C’est la crise d’un mondialisme hédoniste et autocentré. C’est la crise d’un consumérisme consumé. C’est la crise d’une civilisation épuisée. De cette constellation de crises, l’islam n’en est que le révélateur, n’est que la partie visible, et bien visible, de l’iceberg. De toutes ces crises intrinsèques à la modernité occidentale, l’islam n’est que l’élément catalyseur.

Mezri Haddad
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En historien, Alain Besançon rappelle la constitution des frontières européennes au haut Moyen Âge à partir de l’Empire carolingien, ce « massif central » de l’Europe. Il insiste sur la christianisation et le féodalisme comme principe constitutif, ainsi que sur les caractères propres à la civilisation de l’Europe : les innovations agricoles, les inventions techniques avec les progrès de l’outillage, les procédés de construction, le développement de la métallurgie, et, de façon plus visible, les ordres architecturaux comme l’art gothique qui se déploie de l’ouest à la Finlande, aux Pays Baltes, à la Pologne, la Hongrie, la Croatie et la Slovénie, ce qui délimite la frontière actuelle de l’Europe des Vingt-Cinq.
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On est en Europe, somme toute, là où se sont épanouis les grands styles architecturaux et artistiques de l’art roman à la Sécession, en passant par la Renaissance et le baroque, et où se sont propagés les courants intellectuels et spirituels de l’humanisme, de la Réforme et de l’époque des Lumières.
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L’Europe moderne, c’est, en large approximation, l’État de droit et la préférence pour les voies de droit, la démocratie, les libertés individuelles, l’idéal de pensée critique et de science, les libertés économiques, le respect de la vie privée, la compassion envers les victimes de la nature ou de la société, et aussi une perception de l’histoire comme orientée, c’est-à-dire capable d’engendrer un avenir différent et meilleur, ce qu’on appelle le progrès. Or, dans la genèse de chacune de ces valeurs, le christianisme a joué un rôle déterminant. Il l’a joué soit par lui-même, soit par l’effet heureux de la rencontre entre les conceptions chrétiennes et d’autres issues du monde gréco-romain.
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L’islam dont il s’agit dans ma communication n’est évidemment et malheureusement pas l’islam hautement spirituel et philosophique D’Avicenne ou d’Averroès. L’islam en question dans la problématique de la crise identitaire européenne est celui dont nous connaissons en Europe les expressions sociologiques, culturelles et politiques qui font régulièrement la une des journaux. C’est l’islam qui a juste titre, inquiète les Européens et dont les manifestations archaïques et fondamentalistes sont aux antipodes même des valeurs sur lesquelles l’Europe cherche à constituer sa propre identité.
Mezri Haddad
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Si j'ai cité longuement Derrida, c'est que je crains que les États européens ne souscrivent à cette auto-infection en supprimant les défenses immunitaires de leur propre culture. Ils échouent en effet à établir une unité politique qui ne se limiterait pas à un espace de libre-échange et, plus encore, à se reconnaître dans une culture qui est aujourd'hui aussi vide que le regard que la plupart des Européens portent sur leur héritage commun. Il leur effectivement devenu étranger. Pierre manent, Philippe Nemo et Alain Besançon ont dit tout ce qu'il fallait dire à ce sujet, par exemple à propos du refus de reconnaître les racines chrétiennes de l'Europe.
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Il faudrait que la conscience et la fierté d’être européens ne soient pas inexistantes, bref que l’Europe ait quelque chose qui fasse vibrer les cœurs.
Jacques Dewitte
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L’apport chrétien à la culture et à l’identité même de l’Europe ne fait donc pas le moindre doute. Il est vrai que, dans une société largement sécularisée, cette composante de notre culture n’est plus aussi explicite qu’elle l’était dans le passé. Elle tend à n’être présente dans la société européenne moderne que de façon cachée, comme le sel dans les aliments ou la sève dans la plante. Mais tout le monde sait que même quand on n’y sent pas le goût du sel en tant que tel, c’est sa présence dans l’aliment qui donne à celui-ci sa saveur ; et que, bien qu’on ne voie pas la sève, c’est elle qui nourrit la plante qu’on voit. On peut donc soutenir que, quand bien même le christianisme n’aurait plus aucune visibilité sociale, quand bien même il n’y aurait plus un seul chrétien en Europe – ce qui évidemment n’est pas le cas ; je ne fais cette hypothèse absurde que pour mettre en relief mon argument –, il resterait vrai qu’il y a une dimension intrinsèquement chrétienne de la culture européenne. C’est cela, et rien d’autre, que voulaient dire les rédacteurs de la première mouture du préambule de la Constitution.
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La question n’est donc pas tant celle des quelques minorités dont les crispations identitaires constituent à l’évidence un obstacle à l’intégration, ou de cultures exogènes qui risquent à long terme d’altérer la civilisation occidentale dans ce qu’elle a de plus précieux et de plus universel, mais celle d’une civilisation qui, après avoir nié ses propres fondements, est devenue perméable aux influences les plus pernicieuses. En d’autres termes, le problème est celui de « la société ouverte et de ses ennemis », qu’un éminent philosophe avait déjà magistralement étudié. Lorsqu’une civilisation ou un pays refuse d’être ce qu’il est, il finira par devenir ce qu’il ne veut pas être.

Mezri Haddad
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