Celui qui veut garder les instants n’est-il pas toujours aussi celui qui ne sait pas les vivre ?
Mais le regret faisait partie du jeu, en équilibre entre le risque et le désir;
(à propos de Vuillard)
Il savait seulement peindre, c’est-à-dire se détacher des choses au moment précis où on les fait exister.
Elle ne pouvait s'empêcher de penser que c'était l'accumulation de ces tensions, de ces réticences, de ces drames sous-entendus qui l'avaient conduite vers l'écriture d'abord, puis vers l'écriture de "Granité café", la création d'un monde encerclé dans le présent. Cette intensité des sensations qu'on reconnaissait à son livre était moins celle de son enfance que d'un pouvoir d'enfance recréé, libéré sous l'étreinte du passé. Le besoin sourd venait de loin. La paix conquise avait son poids de nostalgie.
Cerner les métaphores secètes d'une oeuvre, non pour l'expliquer, mais pour ouvrir des pistes de lecture, des rencontres possibles avec les questionnements les plus intimes des spectateurs, qu'on voit toujours de dos.
Dans la lumière voilée, on apercevait au loin les contreforts des Alpes. La monotonie du paysage un peu plat était sans cesse rompue par l'horizon d'un campanile, d'un château ruiné en haut d'une colline.
...le principe même de la promotion d'un livre. Aller vendre sa soupe. ... Ne plus écrire, mais devenir une espèce de commis voyageur de son écriture. Justifier un texte déjà ancien, au lieu de s'immerger dans un nouveau projet.
Il la revoyait sur le trottoir de la rue Commines où il s’était décidé à l’aborder. Elle l’avait regardé sans surprise excessive, le laissant patauger dans le baratin stupide où il avait le sentiment de s’enliser.
... sur les manques secrets qui peuvent pousser quelqu'un à devenir créateur, l'équilibre entre un pouvoir et une insuffisance.