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Citations sur Pauvre folle (129)

Plus le temps passait plus elle assimilait la vie de couple à un évier, un évier en inox, avec sa vieille éponge qu’il serait temps de changer, mais tout le monde a la flemme de passer au Franprix.
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Ça ne sert qu’à ça, se guérir de l’enfance, au fond, les histoires d’amour.
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Ce n'est pas la résilience qui tint Clotilde Debout, c'est l'orgueil, l'entêtement à se dire que sont père ne pouvait pas l'anéantir, que se trouver amputée de sa mère, dépecée par le deuil, ne l'empêcherait pas de vivre, quelle aurait toujours le dessus Peut-être faut-il préciser que son père la visa longuement avant de se faire sauter la tête. Ce temps d'hésitation demeure pour elle marqué, imprégné du pouvoir que son père avait sur elle. Qu'il l'ait épargnée lui paraît encore hautement suspect, une forme de punition, un châtiment pervers. (34)
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Clotilde déteste voir des enfants, ça l’accule à admettre que son père a gagné, à jamais bousillée, le trauma comme une plante qui pousse irréductible, aquatique et aqueuse, ses tiges flottantes véloces s’étalant monstrueuses, engluant la surface. Dans ces moments elle se sent tellement faible, fragile, cristal d’un trop vieux sablier qui assurément se fissure. Elle doit lutter contre les larmes pour donner le change en société. Dans son crâne elles sont alors cent, cent et une petite voix qui lui mordent le cerveau. Elles la harcèlent, l’insultent, la maltraitent en crécelles ; leurs échos laissent des traces luisantes écœurantes, de la bave d’escargot. Tout en elle crie rappelle qu’elle ne sait pas se reprendre qu’elle ne peut pas se reprendre, son destin lui échappe puisque déjà écrit avec des petits bouts de cervelle maternelle.
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Il a fallu attendre 2015 pour que Le Petit Robert dise :
" Féminicide. n. m. Meurtre d'une femme, d'une fille, en raison de son sexe."
Ce qui n'est pas nommé n'existe pas, aussi Clotilde crut longtemps être la seule à avoir assisté à l'acmé d'un cauchemar. Maintenant elle sait que tous les deux ou trois jours, une femme tombe et un homme charrie des orphelins.
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Elle se lève animée par l'esprit de vengeance et de réparation. Elle quitte son lit pour partir en guerre : cela fait plus de vingt ans qu'elle transforme en ouvrages le mal qu'on lui a fait ou que l'on vient de lui faire.
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Oui, la douleur se dompte sans jamais disparaître, vu que la résilience, il serait temps de l’admettre, c’est rien que des conneries. Le Petit Robert rappelle : « Résilience. n.f. Capacité à surmonter les chocs traumatiques. » Ça arrange bien tout le monde, cette histoire de résilience, on peut broyer les êtres puisqu’ils s’en remettent toujours. Le cerveau est plastique, l’esprit pâte à modeler. Le terme de résilience depuis quelques années relève de l’injonction. Résilience collective autant qu’individuelle. Résilience personnelle et dans le monde du travail. Une fois qu’on s’est relevé on est plus résistant, de fait plus efficace ; c’est dans les vieilles casseroles qu’on fait les meilleures soupes, les psychés fracassées recollées à la glu donnent des machines de guerre.
La faille ne se referme pas, quelle que soit la façon dont on la remplit de terre. La faille ne se referme pas, ne se referme jamais. Et ça, c’est inaudible, socialement irrecevable. On n’a pas le droit de souffrir, de souffrir psychiquement au-delà d’un certain temps, au-delà d’un certain seuil. Ce n’est pas acceptable, sous peine de remettre en cause toute l’organisation du système, de la fable, tant de légendes urbaines où l’on croise des victimes devenues héroïnes.
C’est pour fuir le mot victime que l’on court vers l’oubli et la transmutation. Changer la fange en or est une obligation pour ne pas échouer en hôpital de jour ou en clinique privée. Toutes les quarante minutes une personne se suicide au pays du fromage et des anxiolytiques. Et toutes les sept minutes, une femme est agressée sexuellement ou violée. Modifier ce réel demanderait un effort au niveau politique, mais « l’Etat ne peut pas tout », on connaît la chanson. C’est donc à ça qu’il sert, le concept de résilience, à continuer de marcher avec la faille au ventre, mains collées aux organes menaçant de se répandre, afin de rester dans le rang et ne pas perturber l’ordre qui est établi.
(pp.32-34)
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Clotilde mélisse est écrivaine et elle a l'habitude de transformer en livres ses épisodes et cycles existentiels.
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Carl Gustav Jung disait que l'amour est la rencontre de deux névroses.

p 101
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Accepter que le cerveau ne s'en sorte pas tout seul, bien sûr que c'est vexant. Mais Clotilde préfère une ingérence chimique plutôt que d'avoir tout le temps envie de mourir. Elle n'a jamais compris l vanité de ceux pour qui suivre un traitement relève de la faiblesse, qui voient comme une défaite l'apaisement de leurs souffrances. Si ce n'est qu'ils refusent de se regarder en face, s'emmitouflant de déni de crainte de voir leur reflet vêtu d'une camisole. La terreur est si grande face à l'idée de folie.
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