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EAN : 9782809846485
450 pages
L'Archipel (05/01/2023)
4.04/5   47 notes
Résumé :

Issu d’une famille de médecins qui ont révolutionné́ la chirurgie esthétique en inventant une peau synthétique qui ne vieillit plus, un enfant très laid grandit dans un Paris détruit par une guerre dont personne n’a le droit de parler, mais qui a été reconstruite en plus beau.
Le destin lui offre une beauté luciférienne.

Que va-t-il en faire ?

À l’âge de 33 ans, il est enfermé dans un hôpital psychiatrique dans une a... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (39) Voir plus Ajouter une critique
4,04

sur 47 notes
« Les Premières funérailles » est un vrai tour de force.

Le roman mélange dystopie, critique sociale, quête intimiste et existentielle, le tout écrit sous la forme d'un faux roman d'apprentissage : comme si l'Holden Caulfield de l'Attrape-coeurs de Salinger se débattait dans un univers à la Philip K. Dick.
Toutes mythologies du capitalisme contemporain : « beauté, travail, famille, patrie, religion » sont déconstruites dans ce qu'elles ont de plus aliénant, voir fascisant – cette dictature d'extrême droite appelée "Ministère du Vivre-Ensemble" est assez glaçante par son réalisme - jusqu'à un dénouement final apocalyptique qui recolle avec l'histoire en cours.

Ce roman « Les Premières Funérailles » est rempli de bonheurs… manqués – le sort s'acharne sur le héros.
Même la promesse de la beauté se transforme en cauchemar.
C'est luciférien.
Ou Chrétien.
Impossible de trancher, car l'auteur, Alexandre Delas, ne le fait pas.
Reste le style, qui a du corps et du souffle.
Des dialogues très « nouvelle vague », des personnages féminins qu'on aurait aimés plus développés, même si leur évanescence serve le propos – en particulier la superstar adolescente, Babystarr, suivie en permanence par une horde d'adeptes, ou L., l'incarnation de l'amour impossible.

La critique de l'époque est parfois un peu trop dialectique, mais souvent originale sur la forme.
Les considérations sur l'addiction – sous toutes ses formes – est particulièrement bien rendue.
De la déconstruction, de la société du spectacle, de l'évènement, de la reproduction, de l'hérédité morbide jusqu'à l'anomie et le suicide.
L'ensemble est déroutant.
En tout cas, original, et solide pour un premier roman.
Si vous aimez le romantisme noir d'un film comme Leaving Las Vegas, l'adolescence des sentiments de « l'Attrape-coeurs », le style tranchant d'un Murakami, le tragique étrange de « la Peau de Chagrin » De Balzac et le moralisme par le contre-exemple du « portrait de Dorian Gray », vous l'aimerez.
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En ce début d'année, une découverte… qui allie une plume originale, maîtrisée, et trempée dans la radicalité d'une société qui exacerbe le monde actuel.
Où le soma du meilleur des mondes est devenue réalité.
Un itinéraire, une quête existentielle qui interpelle.
Où le monde du travail y est traité de façon saisissante.
Sans pitié.
Le héros trouvera-t-il une issue ?
Le roman initiatique d'un jeune homme qui fait réfléchir.
Qui dérange, et qui ne laisse donc pas indifférent.
Une fin qui ouvre sur…,comme je les aime !!!


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Ce livre« Les Premières Funérailles » ne peut pas être raconté, il se lit!

Le narrateur condense 33 ans de sa vie, à travers 14 étapes clés de son éducation sentimentale et le développement de sa conscience politique.

La France est enfermée sur elle-même par une dictature technologique d'extrême droite appelée « le Ministère du Vivre-Ensemble », où il y a des référendums tous les dimanches et où l'on paye en francs grâce à la paume de sa main.

Le héros sent naître en-lui un profond désir de rébellion – son caractère se développe au fur et à mesure de l'intrigue.
Sa quête d'idéal et d'engagement se heurte au cynisme de son univers (le nôtre ?) et à un système aliénant particulièrement pervers.

La description de l'enfance est particulièrement réussie – les adultes sont des « dieux », et la « désobéissance » est nécessaire pour exprimer le besoin inhérent de l'être humain à la liberté et la construction d'un soi propre.

« Grandir, c'est apprendre à désobéir »

Dans la partie « adolescente », il y a une certaine esthétisation de la décadence, mais la grande originalité de ce passage est d'être une dénonciation brillante des ravages de la drogue sur la psyché de l'adolescent mal dans sa peau.

On est loin du Bret Easton Ellis de « Moins que zéro » et d'une certaine littérature à la mode de la fin des 90s, ici la perdition n'est pas glamour.
Plus subversif, Alexandre Delas met en parallèle la manipulation de l'intime, le contrôle de l'humeur des êtres par la technologie et la société de consommation.

Le volet politique est original dans sa provocation, et cette « dictature de la réussite » nous est très familière – certains dialogues m'ont fait penser à la thèse centrale de « Cosmopolis » de DeLillo.
L'ironie est sous-jacente dans la description du monde des start-ups et du capitalisme globalisé en action – en particulier lors des « aventures » du héros en Chine- une ironie intelligente.

La plume est tendue, belle, forte et sensible.
Les scènes avec leurs fulgurances, émouvantes.

Si je devais résumer ce que j'ai perçu de la pensée de l'auteur, je penserais à cette citation de Zweig : « On peut se sacrifier pour ses propres idées, mais pas pour la folie des autres. »
Ce roman est exigeant, mais le plaisir est au rendez-vous avec la découverte de ce beau texte… explosif !
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La forme de ce roman « Les Premières funérailles » est étrange, écrit un peu comme un conte, dans un futur proche.

Sous la forme d'un monologue où le héros masculin, sans intermédiaire, nous livre ses observations de la société, au fil des péripéties de sa vie de l'enfance à l'âge adulte, qui vont le mener… à son enfermement !
Avec son adolescence, avec ses moments violents et crus et la découverte de la sexualité qui m'ont rappelé la série Euphoria – mais sans vulgarité ; son identité morale et sexuelle qui se construit, et ses difficultés pour jouer le jeu.

Ses réactions, face à la dictature qui s'est instaurée, et son angoisse face aux dérives sont vives. Les larmes sont érotiques, la peau, cette ultime limite entre le soi et les autres, peut être changée, la drogue largement distribuée ne tue plus, la violence est un divertissement de plus, le sexe devient ennuyeux et l'acte lui-même, est vidé de toute substance érotique par la pornographie.
Les individus deviennent des consommateurs sans aucun idéal, prisonniers de leur image et du regard des autres, qui sont autant de reflets d'eux-mêmes, et infantilisés : « On nous maintenait dans un état d'enfance capricieuse... »
Les figures féminines sont esquissées, et restent mystérieuses. Elles veulent résister, elles, et sont, comme le héros, en quête d'une « rédemption ».

Le style est imagé, avec un rythme lent qui s'accélère vers le dernier tiers, le plus intéressant pour moi, pour mieux laisser le final dévoiler le sens de l'intrigue, livrant une autre vision de l'histoire dans sa globalité.
A-t-il réellement vécu ce qu'il raconte ? Est-il en proie avec la folie ?

Un conte ? Je dirais plutôt une fable pour mieux dénoncer les pièges d'une époque, proche de notre présent.
C'est un premier roman, ambitieux, qui vise l'universel.
Intéressant, sensible, et… lucide désespérément.

Une lucidité qui m'a rappelé le ton du monologue de « la Chute » d'Albert Camus.Teintée d'un certain nihilisme, avec la noirceur d'un Murakami, mais avec de l'émotion.
Et qui s'adresse aux lecteurs et lectrices qui aiment les introspections, et les interrogations sur notre société…
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« Les premières funérailles » c'est aussi le titre d'une belle sculpture de L-E Barrias d'un groupe de trois personnages qui représentent Adam, Eve et leur fils Abel, tué par son frère. Un retour à la terre, le premier, qui suit un drame familial.

En écho à cette référence personnelle, je perçois dans ce roman une déchirure violente, d'origine familiale elle aussi, qui résonne en moi.
Le narrateur, un héros solitaire sans nom, un enfant que l'on va voir grandir, ne se sent pas à sa place. Il ne remplacera pas sa soeur disparue, il ne sauvera pas sa mère, il n'est pas certain de l'amour de son père.
Sa beauté soudaine fascine et va lui ouvrir les portes.
Il cherchera sa voie dans la société, mais il ne la trouvera pas. Les tentations seront là, puissance dix, encouragées par le système en place qu'il va détester.
L'amour lui apparaît alors comme le seul remède, alors il le cherchera aussi.
Mais où le chercher ?
Et quand il le trouvera enfin, cela va prendre une tournure inattendue.
Qui est L. ? Existe-t-elle vraiment ? Ailleurs que dans son imagination ?

Le héros cherchera à « faire quelque chose de bien », dans une tentative de rédemption, il s'acharnera jusqu'à la fin, que l'on sait d'emblée tragique, dès le début du roman.
La fin de l'histoire laisse d'ailleurs la porte ouverte à plusieurs interprétations possibles.
Le choix du nom des chapitres appelés stations surprend : c'est un chemin de croix.

Les critiques publiées sur ce roman sont tranchées, je comprends qu'il puisse choquer, voire rebuter, par sa noirceur.
On n'est pas sûr que tout cela soit réel.
J'ai refermé ce livre avec dans la tête des images, fortes, et des interrogations.
Sur ce qui peut advenir si…
« Les premières funérailles » m'ont touchée.
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Citations et extraits (90) Voir plus Ajouter une citation
La ville ressemblait de plus en plus à ma vie:une série d'espaces et de quartiers bien délimités. le quartier des start-up, le quartier des bourgeois bohèmes, les zones populaires, les espaces verts, les espaces de détente, les endroits branchés, les zones de déconnexion, les territoires du deal, les friches industrielles transformées en fermes de culture en circuits courts pour nous nourrir et les veines des réseaux de transport sécurisés pour se déplacer de l'un à l'autre.
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-et aimer quelqu'un, t'as déjà essayé?
Elle avait soupiré comme si cette question n'avait pas de sens. Elle parlait surtout d'elle, elle me posait parfois des questions, mais elle écoutait rarement mes réponses. J'avais essayé de la rassurer du mieux que je pouvais, sans vraiment la connaître, sans projeter mes fantasmes sur une vie qui m'était étrangère, j'évitais toute fausse familiarité. Je me trouvais maladroit, mais je savais que je la faisais rire, parfois sans le faire exprès, elle me le disait, j'adorais son rire enregistré et je l'ai réécouté souvent.
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Elle ne parlait jamais de ses histoires de guerre. Tout ce que je savais, c’est que lorsqu’elle avait fui la Pologne, son grand-père et son frère avaient rejoint l’armée anglaise pour continuer à se battre. Une seule fois, où elle avait pris ses médicaments avec de la vodka, elle m’avait raconté l’histoire de sa cousine qui avait survécu à la libération du camp. C’était l’hiver, il y avait de la neige. Quand les Russes les avaient laissés sortir, et qu’ils avaient tous tellement faim, ils s’étaient dispersés dans les bois alentour à la recherche de nourriture. Sa cousine avait survécu au pire, et elle était morte après avoir mangé des champignons empoisonnés.
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Les gens finissaient par croire qu'ils ressemblaient à leurs photos de profil,on téléchargeait en masse l'application "A quelle célébrité ressemblez-vous" car on avait peur de ressembler à soi-même. Il nous fallait des miroirs, même virtuels,d'ailleurs à choisir, plus virtuels que réels, car avec eux on pouvait toujours tricher;on organisait le culte de soi-même.
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Après sa mort, les autres ont arrêté de vouloir me faire du mal, car une nouvelle directive officielle voulait prévenir la violence à l'école, des caméras ont été installées partout. Des gardiens en treillis militaire nous surveillaient tous.
Et moi, je suis redevenu invisible.
J'avais l'impression d'être déjà mort, et de flotter parmi les vivants, enfermé dans une coquille de chair vide. Je n'avais plus de monde intérieur où me réfugier. Car je n'y trouvais plus que des visions de cauchemars: la violence, toujours.
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