Encore un livre de cet auteur que j'ai dévoré...à travers une figure historique qui a réellement existé, Dadoun tisse une histoire complètement onirique et fabuleuse...on a l'impression d'entrer dans un rêve de mousquetaire ou de pirate...une fois le livre fermé, on a l'impression d'avoir encore à l'esprit l'odeur de la jungle et le bruit des rivières de Louisiane ...une autre vision de la Guerre de Secession ! je recommande !
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La caisse exhiba des lingots d'or, des dizaines de lingots d'or qui étincelèrent comme la dentition d'une énorme bouche. Le trésor électrifia les soldats, fit briller leurs yeux d'une avidité malsaine : on le sait, l'argent défigure l'humanité. Face au trésor, ils devinrent des loups, animaux des solitudes plongés dans la nuit des temps.
Les hommes brandirent donc leurs armes tous en même temps et se menacèrent les uns les autres en diagonales dangereuses, recroquevillés tels des cafards dans une cachette de ragondin. Tout ça parce qu'ils avaient vu dans l'or la démesure d'une liberté.
P 191
On peine souvent à décrire un fleuve ou une rivière quand ils sont plongés dans la nuit, à peindre la pluie quand elle tombe dans l'obscurité, à exprimer l'océan quand il s'éteint à l'horizon dans l'encre du soir. Ce qui fait la difficulté et rend la tâche ardue, c'est qu'on se retrouve confronté au mariage de deux invisibilités : celle de l'eau et celle de la nuit. Ainsi, comment évoquer les remous des courants et ceux des marées quand ils sont ensevelis dans le noir, la douce caresse des vagues qui reprennent les vagues précédentes tel un métier à tisser, alors que tout est éteint, que la lumière s'est échappée avec les fantômes du crépuscule ? Comment parler de la transparence du verre à travers celle de l'eau, du drapeau noir des pirates dans la nuit ? De quelle manière formuler ce qu'on ne voit pas et qui est là pourtant, devant nos yeux ?
P143
Les cadavres flottaient sur la rivière, portés par des courants capricieux qui les faisaient vriller comme des bobines de laine. On aurait dit de la volaille embrochée. Les remous exhibaient des ventres gonflés d'eau, des dos lacérés, des visages de cire fixant le ciel d'un œil moite, des cheveux qui se prenaient pour des mottes de terre.
(Incipit)
Rencontre avec Emanuel Dadoun autour de son ouvrage "La machine" aux Éditions la Manufacture de livres.
Retrouvez le livre : https://www.mollat.com/livres/2335103/emmanuel-dadoun-la-machine
Notes de Musique : Bibliothèque Audio Youtube
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