J’ai parfois l’impression que la vie nous punit de nos aveuglements et que nous forgeons notre destin sur ce que l’on manque de voir ou sur notre absence de compassion ; ce que tu ne remarques pas, ce que tu ne t'efforces pas de comprendre, c’est ce que tu seras obligé d’apprendre.
Apparemment, le succès vous éloigne de ce que vous connaissez, dit-il, tandis que l’échec vous y condamne.
Il était risqué de prétendre pouvoir réécrire son destin en changeant de décor ; quand certains en faisaient l’expérience malgré eux, la perte du monde qu’ils connaissaient - quelles qu’en soient les caractéristiques - était une catastrophe.
Le destin, dit-il, n’est que la vérité à l’état brut. Quand on s’en remet au destin, les choses peuvent traîner en longueur, mais il fera rigoureusement et inexorablement son œuvre. (Transit p. 405)
Mais pour espérer trouver quoi que ce soit, il faut rester exactement où l’on est, à l’endroit convenu. Après, il reste à savoir combien de temps vous pouvez tenir.
Nous inventons ces systèmes dans le but de garantir l’équité, dit-elle, mais la condition humaine est tellement complexe qu’elle échappe à toute tentative de l’embrasser. Pendant que nous combattons sur le front, c’est le chaos sur un autre, et beaucoup de régimes ont abouti à la conclusion que c’est l’individualité humaine qui est à l'origine de tous les problèmes. Si les gens étaient tous identiques et qu’ils partageaient un seul et même point de vue, il serait évidemment plus facile de les administrer. Et c’est là, dit-elle, que surgissent les vrais problèmes. (Kudos p.497)
On pourrait passer notre vie à retracer les évènements qui ont conduit à nos erreurs.
Il est intéressant de remarquer que les gens veulent toujours que vous fassiez ce qu’eux n’oseraient jamais, et avec quel enthousiasme ils vous poussent à votre propre destruction.
J’avais oublié, lui dis-je, à quel point le caractère anonyme de la vie urbaine pouvait être reposant. Les gens n’étaient pas constamment obligés d’expliquer qui ils étaient ici : une ville était une interface lisible, une sorte de lexique du comportement humain qui contribuait pour moitié à percer le mystère d’une personnalité, si bien qu’on pouvait communiquer de manière efficace en employant un genre de langage abrégé. Dans la région provinciale où j’avais vécu, chaque individu était l’unique, et souvent impénétrable, représentation de ses propres actes et ambitions. (Transit p. 217)
Malgré toutes les histoires que nous pourrons nous raconter sur nous-mêmes, nous ne serons jamais que le produit de la manière dont les autres nous ont traités. (Transit p. 210)