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sur 933 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Le Fond du Puits vit depuis la nuit des temps à l'ombre des "collines rondes comme des seins". On y naît, on y souffre, on y meurt dans un immuable cycle dont personne, jamais, ne cherche à remettre en cause l'inéluctabilité.
Parfois, on fait appel à l'étranger. Quand le feu brûle à l'intérieur des corps, seuls ceux qui maîtrisent la langue des choses cachées pénètrent pour quelques heures seulement le Fond du Puits avec pour mission d'apaiser les âmes.

L'étranger est le fils, celui de la mère, celle que tous connaissent au village et qu'on fait chercher lorsque ni Dieu ni Satan ne peuvent plus trancher. Celui que sa mère envoie à sa place, elle qui n'a plus la force de se déplacer, ce fils qui a appris à écouter le silence là où les Hommes ont caché leurs secret n'a qu'une seule mission : écouter le coeur et l'âme d'un garçon, l'enfant de l'homme aux épaules rouges, cloué sur son lit. Qu'il meurt ou qu'il vive, seul le fils peut décider. Véritable démiurge, il n'a qu'une seule contrainte, que sa mère n'a cessé de repérer avant son départ : ne s'occuper que de ce garçon. Résister à l'appel des autres villageois ...

Et pourtant. Ce fils qui apprend, qui ne maîtrise pas le langage des choses cachées comme sa mère et qui possède, malgré les injonctions maternelles, un libre arbitre va transgresser.

Rétablir les équilibres, réparer les fautes et les erreurs pour refaire humanité. Façonner les destins voilà sa transgression.

Et de celle-ci, qui lui semble n'etre que du bon sens, va découler une tempête qu'il ne maîtrisera plus.

En moins à 150 pages à la poésie et au lyrisme fou, convoquant un univers de conte rempli d'images, de sons et d'odeurs, Cecile Coulon réussit la prouesse de nous embarquer à la lisière d'un monde onirique. Avec des phrases ciselées comme rarement, elle déroule l'histoire du fils (petit clin d'oeil appuyé vers Marie Hélène Lafon), l'histoire d'une émancipation. Chaque phrase nous fait nous questionner sur la liberté, le destin, le libre arbitre.
Que se passe-t-il lorsqu'on fait ce pas de côté, lorsqu'on décide de ne plus suivre la règle ancestrale ?

La réponse est là, dans les silences des non-dits, dans les actes du fils, dans ce destin qui ne tient parfois qu'à un fil.
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Voilà que le fils reprend le flambeau de la mère. Il va par monts et par vaux pour parler la langue des choses cachées. Quelque part, on l'appelle. Alors il traverse les montagnes et toujours arrive là où on l'attend. Sorcier pour certains, guérisseur ou brûleur de feu pour d'autres, le voilà qui arrive dans ce village reculé appelé le Fond du Puits, là où « des sorciers insolents ont fait […] de grands feux pour attraper le soleil et le soleil les a punis : plus jamais il ne vient. » le fils est attendu, il doit aider un garçon. Son père est une brute épaisse, un violent. Un agresseur. Il prend, il arrache, il viole. Mais le fils est là pour venir en aide au garçon. Si frêle dans son lit. Ce garçon que son père veille et pleure. Et puis, la nuit venue, alors qu'il rentre se coucher au coeur du Fond du Puits, il est alpagué par un enfant qui le somme de le rejoindre. Et le fils le suit. Pourtant, il y a une règle à suivre, celle de ne jamais s'occuper de plus d'une âme à la fois…

Merveille de conte à la croisée des mondes fantastiques, gothiques et poétiques, "La langue des choses cachées" nous parle de la noirceur que nous portons en chacun de nous, de nos batailles et de nos forces. Entre ses lignes, il y a la force de la nature, la violence des hommes, les cris trop longtemps étouffés et le besoin de vengeance de celles incessamment muselées.

Et vous, oserez-vous parler la langue des choses cachées ?
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Le Fonds du Puits.
Lieu de cette sombre histoire.
Ou plutôt une représentation imaginaire du fond de l'âme humaine.
La plus obscure, la plus violente.
Ce que l'on tait de ce qu'il y a de plus sale en nous.

Pourtant, le FILS l'entend cette parcelle diabolique de tout être.
Là où le FILS passe, grâce à ce que la MÈRE lui a appris, il voit, il comprend, il entend ce qu'on ne voit pas, ce qu'on ne comprend pas et ce qu'on n'entend pas.

Ces traces de nos actes les plus répréhensibles, de leurs conséquences sur les autres, de la tristesse invisible qui perdure d'époque en époque, de ces souvenirs atroces que l'on croit cachés au tréfonds de notre esprit.
Le FILS lui les aperçoit, les maîtrise et les dompte.
Il a ce pouvoir d'atténuer les douleurs invisibles, ces maladies maudites.
Parce qu'il sait lire la langue des choses cachées, ces mots inaudibles mais criants leurs sourdes alertes.
Parce qu'il sait cette langue, il aide ce monde qu'il ne comprend par contre pas.
Il pourrait tout régler en un seul geste, tout rétablir, pour enterrer définitivement ce mal qui ronge les Hommes.

Mais il a promis de suivre les règles à la MÈRE. Il a promis... Pourtant...

J'ai rarement lu un texte aussi noir, aussi lugubre, aussi malaisant que ce conte sortant de l'imagination de CÉCILE COULON.

Dès le début du livre, on est percuté par le ton accusateur et dénigrant de l'auteur sur le comportement des Hommes.
La violence sera l'un des fils rouges du récit tant au niveau de l'écrit qu'au niveau de la trame.

Avec une écriture poétique, glauque et presque horrifique, l'auteure dépeint l'être humain comme cet animal qui ne cesse de se reproduire pour mieux se détruire, pour aimer de se violenter, pour jouir de se voir être détruit.

Le style peut paraître pesant au vu de l'ambiance crépusculaire de l'histoire, mais on ressent l'envie d'en savoir plus sur ce FILS et de ce qu'il adviendra de ses choix pour le destin des habitants du Fonds du Puits.
Les pages se tournent sans complexe et on est même surpris de terminer ce roman si rapidement. On est happé par ce conte dédié aux indicibles et silencieuses traces de nos actes.

Les personnages sont psychologiquement aboutis grâce une description de leur mental très complets.
On discerne les doutes du FILS sur ce que sa MÈRE lui a dit de ne pas faire.
On comprend qu'il vit ses premiers pas compliqués de guérisseur, qu'il doit assumer ce rôle ingrat que lui a transmis sa génitrice.

On ressent aussi une haine quasi viscérale par rapport à certains personnages du Puits.
Notre coeur respire aussi un peu d'espoir avec la lumière que d'autres protagonistes émanent de leurs comportements.

De ce conte mystérieux, à l'atmosphère sombre, presque cauchemardesque, j'en ressors pourtant émerveillé.
Admiratif du talent de poétesse et de maîtresse de justesse de mots qu'est CÉCILE COULON.

Avec peu de chapitres, peu de dialogues, elle réussit à imposer cette vision de malédiction de ce que les Hommes, depuis l'aube de leur avènement, peuvent projeter.
Elle arrive à nous éclairer sur le sens caché de ses non-dits, de ses traces du passé que l'on peut presque toucher en frôlant un regard, en entrant dans une maison ancienne ou en errant dans une forêt.

C'est aussi un récit sur la transmission, sur la capacité à reproduire des gestes ancestraux et de les utiliser sans enfreindre les préceptes de la discipline.
L'autrice nous fait saisir, avec ce texte noir et incisif, que la cruauté des Hommes sera perpétuelle.
Néanmoins, certains d'entre eux feront de leur mieux pour atténuer cette violence universelle et éternelle pour tenter de faire taire ces maux incompris et invisibles.
Mais pour y arriver, à nous de les entendre et d'apprivoiser la langue des choses cachées.
Un grand moment philosophique, poétique et littéraire.
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Une nuit, un jeune homme arrive dans un village qui ne voit jamais la lumière. Sa venue est attendue. Un enfant est à l'agonie, et il doit mettre à profit tous les enseignements de sa mère pour le soigner... C'est son rite de passage.

Ce livre, je l'ai lu en une soirée. Happée par l'atmosphère et les personnages. La langue des choses cachées, c'est celle de l'impalpable, du non-dit, de la densité des souvenirs qui rôdent. Dans ce village, chaque personnage est comme une ombre, chaque ombre creuse un fossé avec les autres. le garçon, qui semble être le seul vivant, est face à des choix terribles. La pudeur se mêle à la peur, les regrets à l'insoutenable, le secret au malheur...

Cécile Coulon est une poète, même sans ses romans aux allures de contes maudits.
Lien : https://www.instagram.com/p/..
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Un jeune homme, « le fils »,», part à pied pour le Fond du Puits, un lieu-dit plongé dans l'ombre et perdu entre deux basses collines.
C'est la première fois qu'il remplace « La mère » au chevet de ceux que la médecine ne peut guérir. Car de mère en fils, ces deux-là auscultent les âmes et les lieux pour guérir les corps. Mais ce qui l'attend sur place est plus une mission de justice et de rédemption que la consultation à laquelle il se préparait.

Cécile Coulon s'empare des codes du roman gothique pour sculpter un court récit entre conte et fable, qu'elle enlumine de son écriture poétique, fascinante, troublante, parfois extravagante. En effet, c'est l'écriture qui, avant tout, envoûte dans ce roman. Chaque mot est choisi pour décrire la noirceur de certains hommes qui s'acharnent à détruire le vivant et la beauté.

Un récit sombre et brillant, à lire d'une traite pour s'immerger dans cet univers rude et puissant. Impressionnant.

« Au milieu de la foule aveugle, titubante, certains comprennent les choses cachées. Ils portent en eux des décennies de douleur et de joie, ils connaissent le feu ».
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Cécile Coulon est vraiment une autrice impressionnante. Comment peut-on écrire des choses aussi sombres avec autant de poésie ?
Le personnage principal est un jeune homme, fils de guérisseuse, à qui sa mère a transmis tout son savoir. Elle est désormais trop âgée, il est temps de passer la main, c'est la première fois qu'il répond seul à un appel. Il se rend au chevet d'un enfant souffrant, dans un village à une journée de marche.
Il est uniquement désigné comme « le fils ». Il y a aussi « la mère », « l'homme d'Église »… aucun nom propre, sauf celui du village : Fond du Puits.
Le fils se sent si petit, si insignifiant et si ignorant, comparé à sa mère.
La mère est déjà venue dans ce village, bien des années auparavant. le fils le sait, et il sait aussi qu'il est là pour cet enfant malade, rien que pour lui, et que rien ne doit détourner ses pensées de ce qu'il est venu faire. Mais il est jeune, encore, et il se laisse distraire. Il rencontre des gens qui ont jadis connu sa mère, et il apprend que tous ne l'aiment pas. Que s'est-il passé autrefois ? Qu'a donc fait sa mère dans ce village loin de tout, où même la lumière du soleil ne parvient pas ?
Lui qui, grâce à l'enseignement de sa mère, entend les choses cachées, lui qui sait leur langue, va découvrir ce qu'elles ont à lui dire.
Un bouquin comme ça reste à la surface des émotions pendant longtemps.
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Je ne sais pas comment parler de ce livre. Je ne sais pas. Bon ok, je le sais. Commençons par : c'est mon gros coup de coeur de ce début d'année.

Le prologue est déjà une oeuvre d'art à lui tout seul et la suite est tout autant à la hauteur, conte macabre et allégorie sur l'absurdité de la mort. C'est tout ce que je soupçonnais l'auteur d'être capable d'écrire quand je lisais ses oeuvres précédentes avec leur poésie crue, macabre, subtile : le talent des mots pour raconter les affres de l'âme humaine. "La langue des choses cachées" est un tourbillon de pensées, d'émotions désespérées et d'actes tranchants. C'est un récit qu'on lit d'une traite, en apnée, le souffle coupé par la violence, la noirceur, la démence.
Cécile Coulon vous tire par la main dans ce Puits de douleur, ce village de Fond du Puits où le soleil ne pénètre jamais et où se rend le fils au chevet d'un enfant malade. Là, la violence sommeille, les cris assourdis continuent à hanter les vivants. Les drames se nouent et les vérités déchirent. Cécile Coulon est de ces auteurs qui ne se contentent pas d'écrire des histoires : elle nous fait ressentir les choses à un degré extrême. Elle nous inflige la douleur à coup de phrases courtes, concises, brutales, qui claquent et assomment. le style est admirable.

On déambule aux côtés du fils, personnage principal – soigneur ou guérisseur – venu dans ce village isolé pour exercer son art, car sa mère n'en est plus capable. On ne sait pas trop à quelle période on est. Tout ce qu'on sait, c'est qu'au fil d'une nuit terrible, une nuit de terreur et de vérités qui se dévoilent, le fils nous va nous ouvrir les portes de son monde et prendre une décision irraisonnée aux multiples conséquences.

Ne vous y trompez pas, c'est du Cécile Coulon et ce roman, c'est avant, comme les précédents, une histoire de femmes à travers les âges, une histoire de souffrance universelle provoquée par la violence des hommes qui prennent, qui souillent, qui mutilent et abandonnent; celle qui a existé de tout temps, qui bouleverse les vies, celle qui bâillonne et tue à petit feu. Et rarement, dans ma vie de lectrice, je n'avais plongé dans un texte possédant une telle force évocatrice.

De livre en livre, Cécile Coulon nous prouve qu'elle est plus qu'un auteur incontournable : elle détient les clés qui forgent les grands romans.
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« La langue des choses cachées » est un très beau livre, superbement écrit. Cécile Coulon mène parfaitement son intrigue pour captiver le lecteur et l'emmener découvrir cet univers si particulier, plein de mystères, de ceux qu'on nomme guérisseurs ou encore rebouteux. Bribes par bribes, le voile se lève sur les évènements qui ont marqué le village et force le fils à puiser au fond de lui pour faire face à la situation à laquelle il se retrouve confronté. Un livre profond et lumineux qui nous interroge sur la notion de justice et de transmission familiale. Une très belle expérience de lecture.
Lien : https://mangeursdelivres.fr
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Puisqu'on ne peut rien vous cacher,
je ne vous cache pas que Cécile Coulon m'a encore hypnotisée.
Je ne vous cache pas que j'ai tenté de faire durer ce court roman le plus longtemps possible.
Mais je ne vous cache pas non plus que je n'ai pas réussi,
encore une fois après la première page ouverte, j'ai été engloutie.
Par l'âpreté du décor.
Par la noirceur des personnages,
surtout de ceux qui pensent pouvoir cacher leur âme.
Par l'intensité de violences inouïes.
Et par la délectation de lire
la rage la colère la douleur
apaisées, enfin.

Sans mentir je suis de celles qui sautent sur les écrits de Cécile Coulon, c'est @lou_knoxx qui un jour m'a dit de la lire, et puis d'un coup d'un seul j'ai tout dévoré. Donc pour finir l'année, je n'ai pas dérogé à cette (presque vieille) habitude et j'ai lu 𝘓𝘢 𝘭𝘢𝘯𝘨𝘶𝘦 𝘥𝘦𝘴 𝘤𝘩𝘰𝘴𝘦𝘴 𝘤𝘢𝘤𝘩𝘦́𝘦𝘴 dès que je l'ai eu dans les mains.

En quelques mots : l'histoire d'un guérisseur, le fils de sa mère, guérisseuse elle aussi, qui va seul, pour la première fois, s'occuper d'un enfant malade dans le village du Fonds du Puits (ambiance). Mais il désobéit à l'une des principales règles en allant au chevet d'une autre malade, dans une autre maison...

Carton plein pour moi car 𝗷'𝘆 𝗮𝗶 𝗿𝗲𝘁𝗿𝗼𝘂𝘃𝗲́ 𝘁𝗼𝘂𝘁𝗲 𝗹𝗮 𝘀𝗮𝘃𝗲𝘂𝗿 𝗱𝗲 𝘁𝗼𝘂𝘁 𝗰𝗲 𝗾𝘂𝗲 𝗷𝗲 𝗽𝗿𝗲́𝗳𝗲̀𝗿𝗲 𝗱𝗮𝗻𝘀 𝗹'𝗲́𝗰𝗿𝗶𝘁𝘂𝗿𝗲 𝗱𝗲 𝗹'𝗮𝘂𝘁𝗿𝗶𝗰𝗲 : la lecture est hypnotique et on tourne les pages frénétiquement. Si vous êtes déjà adepte il vous plaira sans nul doute, sinon allez-y, franchement, surtout si vous aimez les ambiances sombres, de celles où l'on tente de garder des secrets bien enfouis pendant des années voire des siècles, mais spoiler alert : ça marche pas ça, non non non ! Il y aura toujours un être, une âme qui connaîtra la langue des choses cachées.
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Le fils a pris la route pour un village perdu dans les montagnes. Sa mère lui a dit qu'il était temps qu'il prenne le relais. Alors il marche et arrive dans ce village où un prêtre l'attend pour le conduire auprès d'un enfant malade. Les médecins ne peuvent rien faire mais le fils sait parler la langue des choses cachées et sait si l'enfant vivra ou pas. Il a ce don que sa mère avait et il aide ceux qui le font appeler.
Mais alors qu'il sait qu'il ne devrait pas, il va aller dans une autre maison du village et découvrir des secrets qui impliquaient sa mère.

Un court roman d'une grande force qui ne laisse pas insensible. On découvre ceux qui ont un don (guérisseur, marabout, sorcière…) et le rapport compliqué qu'ils peuvent avoir avec ceux qui les appellent.
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