"Une étoile dans le noir" de Lucia TUMIATI et illustré par
Joanna CONCEJO est un livre jeunesse sans en être un. Il en a le format, presque les illustrations (encore que) mais le texte est dense, profond et les mots ont une sagesse.
Le narrateur, un jeune berger s'occupant des chèvres de la famille, nous parle de sa rencontre avec un autre enfant. Un garçon solitaire, avec des frères, vivant dans le même coin mais laissant perplexe, déstabilisant. Mais au fond, c'est un garçon comme lui, non?! Et bien non! Cet enfant semble un peu sot, plus lent, plus "distrait" à moins que ce soit dû à des préoccupations, une gravité d'adulte dans un corps d'enfant.
A travers le quotidien du narrateur et ses discussions avec l'autre, un décalage devient flagrant. Les gestes du quotidien n'ont plus cette spontanéité du présent mais semblent juste une étape.
L'injustice de l'enfance, l'obéissance dû aux parents, le rôle parental sont ici sortis de leur résonance singulière pour prendre une autre plus universelle. La temporalité ne semble plus la même. Les actes n'ont plus les mêmes conséquences.
Le narrateur est juif, heureux de l'être, de fêter, de suivre les enseignements des rabbins. Il aimerait tout de même un décloisonnement mais son ami, lui, remet même en question l'oeuvre de Dieu, parle de la loi juive, la respecte, mais semble vouloir la comprendre et évaluer ses erreurs, ses lacunes, les manquements de l'éducateur religieux.
La rencontre des deux enfants est un choc, une prise de conscience mutuelle.
Le narrateur est insouciant, juste dans l'instant et ces fragilités, situations ou frustrations. L'autre garçon semble responsable de plus que de lui, il est soucieux, sérieux. Il réfléchit à la justice, à la culpabilité, aux victimes et aux autres, au don, à l'amour exempt de souffrance, à l'obéissance attendu des enfants, au cycle de la vie, aux multiples vérités et au chemin guidé par les étoiles.
En observant la vie d'un enfant, l'autre garçon avance dans sa réflexion. le narrateur lui semble être ici comme un garde fou, il est le témoin du désespoir de son ami et arrive, tant bien que mal, juste une fois à le faire devenir un enfant, juste un enfant, le temps d'un déguisement.
Le narrateur est témoin des fulgurances que son ami a sur l'avenir, d'une certaine omniscience mais aussi de ses premières paroles de sagesse voire même de ses premiers "miracles". Il entrevoit aussi le sacrifice, de Marie sa mère épouvantée, désespérée devant cet acte attendu du père, de ce fils, conscient de la souffrance et du sacrifice qu'il endurera plus tard...
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Bien-sûr il s'agit d'une enfance particulière, celle d'un homme destiné à être l'étoile dans le noir de beaucoup d'autres, vous l'aurez compris.
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