Un grand merci à Babelio, j'ai reçu ce livre suite à un de leurs concours. Ce livre, édité aux PUL (presses universitaires de Lyon) est une étude concernant les villes au travers d'oeuvres littéraires et artistiques. J'avoue, je me suis lancée dans cette lecture avec beaucoup d'appréhension et au fil des chapitres, cet ouvrage m'a interpelée, interrogée et intéressée. Cet ouvrage s'adresse aux chercheurs sensibles à la problématique de la ville, mais aussi aux personnes curieuses (un peu comme moi), qui s'interrogent sur la compréhension des noeuds complexes qui sont à l'origine de l'espace urbain. l'ouvrage se divise en 3 parties : Les replis de l'histoire, Cartographie de rencontre et entrelacs de voix et de regards.
Les replis de l'histoire: "Fleur de toutes les cités" ou monstre difforme ? Les d'ambiguïtés de Londres au XVI et XVII siècles: Belle description, dans le détail du fonctionnement de Londres au XVI siècle: Circonscriptions formées de quartiers, 2 pôles importants (la cité de Londres et Wesminster), l'importance des corporations de métiers, l'attraction de la ville à l'origine des faubourgs et de la banlieue au sud de Londres. J'ai apprécié ce chapitre très concret qui explique l'évolution de la cité médiévale vers la cité moderne.
Les replis de l'histoire: La ville-des cicatrices qui cartographie mon corps: L'espace urbain dans l'oeuvre de
Luiz Ruffato: histoire de l'évolution des grandes villes du Brésil, en particulier Sao Paulo depuis 1950. Exode rurale, le mirage d'une vie meilleure mais au final aussi violente, la désillusion de ceux qui sont partis. On comprend comment on en est arrivé à une violence extrême dans les grandes villes du Brésil. Cette partie m'a donnée envie de lire les oeuvres de
Luiz Ruffato.
Cartographie de rencontre: Place Bellecour à Lyon au XIX siècle: Résumé historique de la place bellecour, 6 hectares où il est interdit de construire depuis une ordonnance de
Henry IV en 1658. Cette place si bien fréquentée le jour l'est bien moins la nuit. On suit son évolution dans le temps, l'affectation des bâtiments, qui la fréquente, qui la traverse. Radiographie de la population, bourgeoise et ouvrière. J'ai adoré ce chapitre, très instructif.
Cartographie de rencontre: Rencontres, passages et tissages dans Ohnehin de
Doron Rabinovici: différence entre les romans sacralisant les villages autrichiens et les romans de ville. le personnage principal, par ses déplacements incarne la place du marché de la ville (Vienne), est comparé à la place du village où tout se passe. En conclusion, force est de constater que l'Autriche/ Vienne/village n'est pas prête à accepter l'étranger.
Cartographie de rencontre: Berlin sous la république de Weimar: en 1920, Berlin (plus Slave qu'Allemande) est mal acceptée comme nouvelle capitale. Les auteurs et visiteurs de Berlin n'apprécient pas cette capitale qu'ils trouvent non représentative de l'Allemagne. J'ai découvert un Berlin décrié, mal aimé, décrit comme grotesque et ignoble.
Cartographie de rencontre: Déplacement et narration dans
Berlin Alexanderplatz d'
Alfred Döblin: réflexion sur la structure de la littérature moderne. Description du flux de la masse anonyme de passants qui est contrôlé par l'agent de police sur l'Alexanderplatz. j'ai eu beaucoup de mal avec ce chapitre, je m'y suis un peu perdue. j'ai eu du mal à comprendre la relation entre les deux (roman et déplacement sur la place).
Entrelacs des voix et des regards: Regards croisés sur la ville de Mexico: rappelle l'histoire de cette ville et son évolution entre 1992 et 2011 (récits de voyages factuels de 5 auteurs): pollution, surpopulation, insécurité, violence, inégalité, disparition du centre ville. La folie de la mégapole, la ville extrême. Mexico, si on s'y attarde, on fini par oublié sa densité et on fini par l'aimer. J'ai particulièrement aimé ce passage, ayant fait un petit séjour à Mexico en 1992.
Entrelacs des voix et des regards: le dialogue des artistes Zhou Jirong et Zen Hao avec la ville chinoise: Deux artistes peintres, représentations différentes de la ville chinoise. Les villes chinoises se transforment rapidement: les quartiers anciens disparaissent pour laisser la place à des immeubles. Zhou Jirong représente le passé et le présent en opposition, alors que Zen Hao exprime l'individualisme et le matérialisme actuel en chine. Au travers des peintures, on ressent le mal être de la perte du passé commun. j'ai bien aimé ce passage, agrémenté par des photos des peintures.
Entrelacs des voix et des regards: le Paris d'
Aragon: le Paris entre deux guerres,. l'idée est de faire des espaces parisiens un matériau littéraire brut. La lecture des différentes atmosphères d'une ville permet de dessiner des noeuds complexes qui se coupent et se recoupent. J'ai été un peu déstabilisé par ce passage, car l'approche est principalement poétique.
Entrelacs des voix et des regards: La ville tissée au fil de la voix: Retour à Londres avec
Graham Swift pour qui la ville est une source d'inspiration ainsi que l'être (l'humain). le personnage principal qui prend en charge le récit devient le lieu de passage, un lieu de transit et son récit devient le lieu d'inscriptions des multiples vies qui s'y entrelacent. Ce dernier chapitre a été aussi difficile pour moi, pas assez concret.
En résumé (vous êtes toujours là?): ce livre est un outil de travail, mais il peut être lu et relu comme un documentaire, dans l'ordre ou pas, de temps en temps. Certains chapitres sont peut être plus faciles d'accès mais les auteurs nous donnent les clés pour bien comprendre. J'ai apprécié l'introduction, qui avant de lire l'ouvrage, donne la définition d'entrelacs et présente les différentes parties de l'ouvrage. j'ai tout aussi apprécié la conclusion: les auteurs décryptent pour nous l'évolution des différentes villes de l'ouvrage.