Zemmour et nous

Il paraît surprenant qu’un Juif adhère aux idées d’extrême droite. L’histoire des xixe et xxe siècles regorge pourtant de cas similaires. En 1930, le philosophe allemand Theodor Lessing retrace l’itinéraire idéologique de six d’entre eux dans son livre le plus connu : La Haine de soi. Le refus d’être juif. L’intellectuel tente d’expliquer leur hostilité à la communauté juive allemande ou autrichienne à travers la névrose générée par la détestation des origines, et commence son livre sur le mode de la confession. « L’auteur de ces lignes est lui aussi dans sa jeunesse passé momentanément par un abandon éperdu à la “germanité” et un rejet absolu du judaïsme. Où trouverait-on un jeune homme noble, épris de vérité, né dans cette double lumière et contraint de choisir entre deux peuples, qui n’eût à livrer un tel combat ? Il n’existe pas un seul homme juif où l’on ne décèlerait au moins les débuts de la haine juive de soi. »
Parmi les personnages étudiés dans ce livre, le plus hostile à l’égard du judaïsme est un docteur en psychologie né à Vienne en 1880 : Otto Weininger. Lessing ne lui reproche en rien sa conversion au christianisme mais dissèque ses diatribes antijuives corrélées à une misogynie outrancière.

L'objectif de ce livre est d'interroger la nature de cette candidature "identitaire", qu'elle aboutisse ou non, et d'analyser les raisons de l'opération de réhabilitation d'intellectuels et politiques du passé qui ont tenté de fossoyer le judaïsme français.
Durant cette campagne, Éric Zemmour définit sa France et la place dévolue aux religions, aux appartenances culturelles et aux minorités. Cette vision est inquiétante.
C'est pourquoi ce livre existe. (8)