Simone Veil, dans son autobiographie
Une Vie, ne tarissait pas d'éloges sur ce livre merveilleux qui a suscité en elle de nombreuses émotions. de nombreux lecteurs de Babelio éprouvent le même engouement. Je me suis donc lancée dans cette lecture en espérant ressentir la même chose. Malheureusement, ce ne fut pas le cas et, au bout d'un moment, je me suis même ennuyée.
L'écriture poétique est remarquable, le style très beau mais, sur mille cent dix pages, il devient lourd voire ampoulé. L'histoire d'amour entre
Solal, diplomate juif, sous-secrétaire général à la Société des Nations, et Ariane, mariée sans amour à Adrien Deume qui l'a recueillie après une tentative de suicide au Ritz, sur fond de montée du nazisme et des persécutions antisémites, ne m'a guère passionnée, malgré la finesse de l'analyse psychologique. Les deux amoureux craignent que l'ennui, la monotonie, la bassesse du quotidien ne gagnent leur couple, ne le détruisent, que leur passion ne soit pas éternelle. L'inévitable se produit : les amoureux en fuite finissent par se lasser de leur routine solitaire, par s'ennuyer et, je le regrette, moi avec eux.
J'ai une nette préférence pour les
oeuvres qui abordent des problématiques sociales et politiques (Steinbeck,
Zola) voire philosophiques et métaphysiques (
Dostoïevski) ou alors pour les conteurs populaires, écrivains engagés comme
Charles Dickens ou
Victor Hugo. Ici, les protagonistes appartiennent à l'élite sociale et diplomatique et la montée du nazisme, l'antisémitisme ne servent que de lointaine toile de fond à l'histoire d'amour tourmentée entre deux rentiers. L'écriture sensible, poétique, même tragique parfois, d'
Albert Cohen, qui alterne avec des moments plus prosaïques et triviaux, ne m'a pas touchée, à la différence de celle de
Muriel Barbery dans L'Élégance du hérisson.
Certains critiques considèrent que ce roman est le chef-d'oeuvre du XXe siècle. En littérature française amoureuse peut-être… Pour moi, il ne saurait égaler l'oeuvre d'
Albert Camus ou, en littérature russe,
Vie et Destin de
Vassili Grossman, oeuvre majeure qui évoque à la fois les totalitarismes nazi et soviétique.