Citations sur Veronika décide de mourir (288)
Maria connaissait bien la question ; avant que sa maladie ne la conduise à Villete, elle avait exercé pendant quarante ans la profession d'avocate. Dès le début de sa carrière, elle avait vite perdu sa vision ingénue de la justice, et elle avait compris que les lois n'avaient pas été conçues pour résoudre les problèmes, mais pour prolonger indéfiniment des querelles.
Les fous croient toujours que leur première impression est la bonne.
— Ton cœur a été irrémédiablement atteint. Et il va cesser de battre sous peu.
— Qu'est-ce que cela signifie ? demanda Veronika, effrayée.
— Le fait que le cœur cesse de battre signifie une seule chose : la mort physique. J'ignore quelles sont tes croyances religieuses, mais...
— Dans combien de temps ? s'écria-t-elle.
— Cinq jours, une semaine au maximum.
Veronika se rendit compte que, derrière son apparence et son comportement professionnels, derrière son air inquiet, ce garçon prenait un immense plaisir à ce qu'il disait. Comme si elle méritait ce châtiment, et servait d'exemple à tous les autres.
Paulo Coelho avait en commun avec Veronika d'avoir été interné dans un asile pour malades mentaux, «d'où il n'aurait jamais dû sortir», ainsi que l'avait déclaré un jour sa première femme.
Pourtant il en était sorti. Et en quittant définitivement la maison de santé du Dr Eiras, bien décidé à ne jamais y retourner, il avait fait deux promesses : il s'était juré d'écrire sur ce thème ; et d'attendre que ses parents soient morts avant d'aborder publiquement le sujet. Il ne voulait pas les blesser, car tous deux avaient passé des années à se culpabiliser pour ce qu'ils avaient fait.
Quand il songeait à cet événement - et, soit dit en passant, il y songeait rarement -, il attribuait la véritable folie au médecin qui avait accepté de le placer dans un hospice sans aucun motif concret. (Dans toutes les familles, on a toujours tendance à rejeter la faute sur autrui et à nier catégoriquement que les parents savaient ce qu'ils faisaient en prenant une décision aussi radicale.)
Sais- tu d'où vient le mot " asile " ? demanda Veronika. Du droit qu'avaient les gens, au Moyen Age, de chercher refuge dans les églises, lieux sacrés. Le droit d'asile, toute personne civilisée comprend cela ! Alors, comment mon père, directeur d'un asile, peut-il se comporter de cette manière avec quelqu'un ?
Parviendrait-elle à écouter jusqu'au bout la musique ? Ce serait un beau souvenir de cette existence : la tombée du jour, la mélodie qui évoquait les rêves de l'autre bout du monde, la chambre tiède et confortable, le beau passant plein de vie qui avait décidé de faire halte et maintenant la fixait.
Que les tabous et les superstitions aillent au diable ! Sa mère, très croyante, lui disait que Dieu connaît le passé, le présent et l'avenir. Dans ce cas, Il l'avait fait venir au monde avec la pleine conscience qu'elle se tuerait un jour, et Il ne serait pas choqué par son geste.
sois comme la source qui déborde, et non comme l'étang qui contient toujours la même eau.
(...) la grande folie dont sont capables l'homme et la femme est précisément l'amour.