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EAN : 9782752913050
208 pages
Phébus (04/05/2023)
4.08/5   18 notes
Résumé :
Tu ne rencontrais personne d’autre que les personnages de tes romans. Aucune circonstance n’aurait pu venir perturber ta détermination à tourner la page, contrarier ta fuite frénétique au coeur de ton empire de papier.

Mamie Loulou passait son temps le nez dans les livres. Silencieuse, rêveuse, absente aux autres : une véritable forteresse de papier. À se demander si elle avait un jour vécu dans la vraie vie. Sa petite-fille se souvient de cette grand... >Voir plus
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La narratrice a perdu sa grand-mère lorsqu'elle était enfant. Devenue adulte, elle se pose des questions sur ce membre de sa famille proche tenu à distance, fantasmé, adulé... mystérieuse mamie le nez toujours dans les livres... Pendant qu'elle lui invente un passé, elle se prend à réfléchir à son existence profonde, à ce qui la constitue. Cela donne lieu à des réflexions approfondies sur la condition d'humain et surtout de femme depuis les années 1930 et de nos jours.
Avant de devenir "Mamie Loulou", lectrice compulsive et silencieuse, Louise a été jeune fille pendant la Deuxième Guerre Mondiale, puis jeune mère de famille - très - nombreuse dans les années 1950. Ce sont ces périodes que sa petite fille a choisi d'inventer...

Parmi les thèmes abordés, je retiens surtout le féminisme, la littérature et le temps qui passe et change - ou non - les êtres. Mamie Loulou est une féministe qui s'ignore, féministe par la force des choses et des événements... Et son immense bibliothèque donne autant d'occasion de citer des références littéraires (surtout des classiques parus avant les années 1990). Enfin, le temps qui passe est très prégnant dans ce monologue entre générations.

La narratrice s'adresse directement à sa grand mère et il est parfois incongru ou surprenant de lire "tu", comme si nous étions cette mamie mal connue, imaginée et recréée ; ou comme si elle nous prenait directement à partie... Aurélia Clément propose un genre nouveau : le "feel-good" historique très littéraire. En effet, ce roman allie réflexions sur la vie, changements d'horizons de l'héroïne, Histoire de France et écriture très travaillée. D'ailleurs, je l'ai parfois trouvée un peu trop travaillée... je ne m'attendais pas à autant de phrases longues et d'envolées lyriques. Pour autant, le style reste fluide, habile, intelligent et intelligible. L'autrice alterne les chapitres se déroulant de nos jours et ceux relatant le passé de Mamie Loulou, sans prévenir mais sans nous perdre pour autant ! Ce qui est caractéristique d'une narration et d'un rythme parfaitement maîtrisés.
Malheureusement, j'ai eu du mal à m'attacher aux héroïnes de façon pérenne... je dois avouer que je décrochais de temps en temps, sans savoir si cela était lié à la construction, au style, aux personnages ou à mon humeur du moment...
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Dévoreuse de livres, presque mutique, au regard comme enfermé dans la forteresse de son esprit, Louise (Mamie Loulou), a toujours été une énigme aux yeux de sa petite-fille, la narratrice de ce roman.
Pourtant, en dépit du mystère et de la bizarrerie de son aïeule, celle qui nous en brosse le portrait n'aurait échangé sa grand-mère pour rien au monde. Alors, lorsque la mort fauche Mamie Loulou, la narratrice, âgée de 9 ans à l'époque, part à la recherche du jardin intérieur de son aînée pour mieux connaître ses propres racines.

C'est avec une plume sensible et élégante qu'Aurélia Clément a écrit ce premier livre qui résonne comme une déclaration d'amour aux êtres aimés et regrettés.
Par le biais de cette histoire émouvante, elle engage un dialogue posthume avec Mamie Loulou, révélant les conditions sociales difficiles vécues par quatre générations de femmes de la famille au siècle dernier.

Un très beau témoignage du passé qui rappelle le dur combat que les femmes ont dû mener, au fil du temps, afin de pouvoir obtenir leur émancipation légitime. Grâce à leurs luttes d'hier, les générations de femmes d'aujourd'hui ont acquis une bien meilleure position sociale, le droit de penser librement, d'exister pleinement et à leur guise !
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Gros gros coup de coeur que ce livre!
Si vous pensez entrer dans la vie d'une mamie gâteaux, tricoteuse, passez votre chemin ! Cette mamie-là est unique, elle se fout des gens et du monde extérieur, pas par égoïsme ou par méchanceté mais parce qu'elle a renoncé au monde des vivants pour ne s'entourer que de livres. Au moins avec eux elle n'est pas déçue.

À travers cette mamie taiseuse, la narratrice et petite fille de cette drôle de bonne femme, raconte quatre générations de femmes du XXème siècle et espère rompre avec leur héritage maudit. Avec les vies de sa mère, sa grand-mère maternelle, mamie Loulou, et son arrière-grand-mère, elle met aussi en lumière l'histoire de mille autres femmes, soumises à la nécessité de leur condition de femmes qui enfantent, dépendent de leurs maris et s'en contentent parce que c'était comme ça. En vrai, elles ne s'en contentent pas mais subissent chacune à leur manière. La narratrice veut conjurer le sort de cette lignée en s'adressant à sa grand-mère défunte, qui l'obsède depuis sa mort, alors qu'elle avait 9 ans.

« Tout le jour, tu restais assise, sans rencontrer personne d'autre que les personnages de tes romans », « tu cultivais certes ton jardin intérieur, mais pour ce qui est du reste, ce n'était pas beau à voir » ... c'est ainsi que la narratrice se rappelle sa grand-mère maternelle, au milieu de ses piles de livres, ne disant rien sauf en cas d'extrême nécessité.

C'est ainsi que dans la deuxième partie de ce roman thérapie, notre narratrice trentenaire et parisienne écrit ou invente la vie de cette grand-mère mystère. Louise est née en 1925 de parents italiens, sa mère, consciente de sa condition de femme au foyer sans instruction et sans autre but que la maternité a réussi à esquiver les grossesses jusqu'à ce que celle-là s'accroche, malgré les interventions extérieures non légales... Louise s'élève sans amour maternelle, la lumière arrive dans sa neuvième année avec sa maîtresse d'école, madame Jelenska qui lui donne accès à la littérature, en lui confiant « Chacune de ces oeuvres est une étincelle qui fera de toi une femme éclairée, Louise, tu devras toujours réfléchir la lumière qu'elles te donnent ». C'est aussi indirectement d'elle que viendra la foudre, celle de son neveu Adam, jeune homme d'origine hongroise sympathisant avec les nazis, dont Louise tombe amoureuse pendant l'été 1939, et qui lui vole une nuit d'amour à deux pas de l'église Sainte Elisabeth de Hongrie (j'ai adoré ces clins d'oeil dans le texte) en avril 1944 avant de disparaitre au matin. le souvenir de cette unique nuit s'appellera Aude et naîtra fin décembre 1944. Pour remédier à ce déshonneur, on est à l'époque des courageuses tonsures de filles-mères à l'armistice, on choisit de substituer le père au fils : Louise passera sous la protection de Ferenc, francisé François, le père d'Adam. Ils se marient à Paris pour pouvoir s'expatrier à la campagne, dans l'Indre. Et voici le deuxième acte du drame familial : une deuxième femme devient dépendante d'un homme.
De cette union particulière naitront, en plus de l'enfant illégitime, six enfants, avant qu'un médecin moins arriéré que ses congénères n'accepte de mettre un terme à cette maternité débordante. Pas de contraception, ni interruption de grossesse dans ces années-là, la France a besoin d'être repeuplée.
Et puis c'est la routine, dans la misère, Louise bosse un temps dans un troquet, écoute les débilités misogynes des poivrots du coin, pendant qu'elle lit le Deuxième sexe de Simone de Beauvoir qu'elle imagine attablée aux Deux magots... deux salles, deux ambiances.
Jusqu'au jour où elle n'a plus envie de faire semblant, elle ramène des livres et des livres qu'elle lit et dans lesquels elle se réfugie... jusqu'à sa chute d'un escabeau, en essayant justement d'attraper un livre !

Dans ce roman les femmes se taisent, se murent dans les livres ou se suicident et les hommes remplissent l'espace par leurs paroles : Adam le beau-parleur, le père de la narratrice qui parle tout le temps pour palier au silence de sa femme et aussi amuser ses enfants, Ferenc-François le violoniste qui tente de palier au silence par la musique, Godo dont les paroles sont des envolées lyriques...
Enfin pas toutes, puisque la thérapie aura fonctionné et permis à la narratrice de trouver sa voie.

Je ne remercierai jamais assez Aurélia Clément, dont c'est le premier roman, d'avoir ouvert la bibliothèque de sa grand-mère dans ses pages et de nous offrir ce magnifique hommage à la littérature. On suit le chemin semé des cailloux-livres sur lesquels on sautille pour entrer dans la vie de mamie Loulou et de sa petite fille qui écrit pour combler le manque de parole de sa grand-mère et de sa mère. C'est toujours fait de façon intelligente, érudite mais pas trop, elle sème des avertissements et indices tout du long. Tous les fils du récit, biographiques, historiques mythologiques, légendaires et littéraires se répondent dans une parfaite harmonie.

Bref... j'ai vraiment adoré!

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« Mamie Loulou » est un roman hommage à toutes ces femmes que les guerres des hommes ont pétries, en les brisant, les annihilant, puis les reléguant au rang de sexe faible, de citoyens de seconde classe.

La narratrice se souvient de sa grand-mère maternelle assise dans un fauteuil et entourée de montagnes de livres mais ne sait rien de son passé, de l'histoire de cette femme qui, un jour, a décidé de ne plus vivre qu'à travers des histoires fictionnelles pour oublier la sienne et s'oublier. D'elle, elle n'aura entendu que quelques paroles, le son de sa voix se perdant dans les lignes que ses yeux parcouraient jour après jour.

Suite au décès de sa grand-mère et face au mutisme de sa mère qui s'agace à chacune de ses questions, elle décide alors de la faire vivre au travers de l'histoire qu'elle entreprend d'écrire, de réécrire même, en observant quelques clichés, se penchant sur ces mêmes mots lus et relus maintes fois par son aïeule et tentant de la lire entre les lignes. Elle lui invente une histoire ancrée dans les faits, ceux qui ont marqué toute une génération, puis la suivante, la Seconde Guerre Mondiale. Et c'est en s'accrochant au passé, au passé de son ancêtre, que la narratrice pousse la réflexion jusqu'à sa propre existence, cette vie qu'elle-même mène recluse : alors que Mamie Loulou vivait confinée dans les pages de ses bouquins, la narratrice vit, quant à elle, cloîtrée dans une minuscule chambre de bonne sous les toits, plus près du ciel et du fantôme de cette grand-mère mutique qui n'a jamais été aussi présente dans sa vie que depuis qu'elle est partie. Si l'une fuyait le monde réel lui préférant des mondes imaginaires, peuplés de personnages qui lui redonnaient goût à la vie, bien que figurative, l'autre se soustrait au monde qui l'entoure, tout en maintenant les autres à distance, pour se jeter, au fur et à mesure qu'elle jette des mots sur le papier, dans l'analyse de cet asservissement auquel toute une lignée de femmes semble avoir été victime, y compris elle.

La plume de l'autrice, sensible et empreinte de nostalgie, est aussi légère que les ailes d'un papillon et témoigne d'une énorme tendresse envers ces êtres désormais disparus et dont on retient aujourd'hui encore le même visage buriné et marqué, qui semblait ne jamais changer malgré les années.

Bref, une très belle lecture qui m'a donné envie de relire « Madame Bovary » de Gustave Flaubert.

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Mamie Loulou passé sa vie à lire. Toute sa maison est remplie de livres, plus de 2000 livres, une véritable forteresse de papier. Sa petite fille qui n'a jamais vraiment pu communiquer avec elle, qui était constamment plongée dans un ouvrage, tente d'en savoir plus sur son passé. Orpheline d'une grand-mère dont elle ne sait rien, va lui inventer un passé grâce aux indices trouvés dans les livres qu'elle a laissé derrière elle.
J'ai pas accroché.
La plume et très descriptive et nostalgique.
La petite fille s'adresse à une grand-mère décédée. Née entre les deux guerres dans une famille traditionnelle italienne, ce mode de vie ne lui convenait pas. La narratrice nous raconte l'amour de son aïeule pour Adam, sa maternité, la dépression dans laquelle elle est tombée et jamais vraiment sortie. Les livres ont été sa bouée pour ne pas sombrer.
La narratrice analyse par la même occasion sa propre histoire et parsème sa réflexion de plusieurs références littéraires.
Bien que je comprenne la démarche de la petite-fille et son besoin combler les blancs de son histoire et de son passé, je suis passée à côté de ce livre car je n'ai pas réussi à m'attacher aux personnages.
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Citations et extraits (2) Ajouter une citation
Mon père disait toujours : Ta grand-mère, c'est un monument ! Et cette phrase tourbillonnait dans ma tête, parce que je cherchais à quel monument tu pouvais bien ressembler. C'était fascinant, tu m'apparaissais aussi étrange et mystérieuse qu'un personnage du film L'Histoire sans fin et je n'aurais voulu t'échanger pour rien au monde, malgré ta bizarrerie, tes absences prolongées, ton désintérêt manifeste pour la vie telle qu'elle va, ta manie de projeter tout ce qui bouge au second plan de ton film muet. Il y a toutes sortes de murailles et de solitude en ce monde ; les tiennes étaient savamment élaborées, façonnées dans la pierre la plus dure qui soit.
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Je t'ai observée quelques instants : le flou de tes cheveux relevés en chignon, comme sur les photos, quelques mèches frisées ramassées sur le bas de ta nuque, ta robe à fleurs d'un autre âge et tes gros souliers qui, va savoir pourquoi, dans mon souvenir, contrastaient avec ton pantalon au motif pied-de-poule. A tes pieds se trouvait une pile de livres -peut-être six ou sept- dont la plupart paraissaient vieux et ennuyeux à mourir. Je me suis approchée de toi et t'ai tendu les mots croisés en te posant cette question :
- Ça va, mamie ?
Tu as décroché le regard du volume que tu maintenais ouvert sur tes genoux et tu m'as souri timidement.
- Bonne petite, m'as-tu répondu, et après ça c'était fini... Tu as pris le magazine en pinçant les lèvres, tu m'as considérée avec tes petits yeux noisette comme si c'était la dernière fois et, la tête légèrement de biais, tu t'es recroquevillée sur ton livre, close sur toi-même tel un animal protégeant son butin.
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