Bâtiments insalubres, commodités défectueuses et cours en ruine ; la
résidence Saha est loin du Camping Paradis. Situé en bordure extérieure d'une ville-usine-état devenue la propriété d'un grand groupe industriel, cet havre de précarité abrite une population pauvre corvéable à merci. Une masse laborieuse à laquelle ce système offre aucune perspective d'évolution sociale, se garantissant une réserve de salariés non qualifiés à portée de main. C'est donc depuis l'intérieur de cette prison à ciel ouvert que l'auteure coréenne
Cho Nam-joo déroule son récit.
Vendu comme un thriller par sa quatrième de couverture et son premier chapitre,
Résidence Saha se révèle finalement être un polyptyque dont chaque volet, porté par un personnage différent, compose le portrait de cette société dystopique. La structure chorale comme moyen d'embrasser l'ensemble des facettes d'un environnement social est un choix qui, sur le papier, est extrêmement pertinent et particulièrement intéressant pour peu que l'auteur se donne les moyens de ses ambitions. Hélas,
Cho Nam-joo échoue totalement à en tirer profit, traçant des embryons d'intrigues sans grand intérêt – quand elles ne sont pas absurdes - et auxquelles aucune conclusion satisfaisante n'est apportée. Un choix qui, par conséquent, atrophie l'intrigue « principale » (le meurtre d'une pédiatre et les pseudo recherches menées par la soeur du principal suspect) au point de la rendre insignifiante. Dès lors, il devient difficile pour le lecteur de se sentir intimement concerné par la fin du roman et son "twist".
A l'issue de la lecture, la sensation d'un travail bâclé domine, que renforce une écriture maladroite et lourde. Mais peut-être est-ce la qualité de la traduction qui est à mettre ici en cause…
Bref, une perte de temps.