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Critiques filtrées sur 1 étoiles  
Poussée par un ami qui connaît mon amour de la littérature et l'importance que j'accorde à la langue, je m'empresse d'acheter le dernier livre de François Cheng.
Je lis peu de poésie mais je côtoie l'oeuvre de Rilke depuis longtemps et je connais bien Baudelaire. Je n'ai jamais lu François Cheng et ne connais pas la civilisation chinoise.
Mais quelle déception dès la première phrase : « Au cours de ma vie, longue, j'ai eu à lire maints textes ayant trait à mes ouvrages : des études, des thèses, des actes de colloques, des articles de revues. » Je m'attendais au parcours humble d'un homme effacé, je découvre le ton hautain et pédant d'un auteur qui se met au centre du monde, qui n'évoque les autres que pour s'accroître lui-même et venter à nos yeux – et aux siens – son mérite et son indéfectible talent. « Ces deux essais une fois publiés et reçus par un large public en appelleront un troisième, nécessaire pour dire ce qui permet à chaque être de faire face aux défis de la beauté et de la mort » (p. 203). Vaste programme ! Il n'y a visiblement pas de limite, ici, au contentement de soi.

La langue française à laquelle il prétend faire honneur, il n'a de cesse de la malmener. Quelle douleur de cheminer sur cette trop « longue route » et d'aller de fausses notes en imperfections, de dissonances en redondances ! Que de lourdeurs et combien de mots pour dire simplement les choses !
Pourquoi, s'agissant du fleuve et de la lune, « mettre en évidence des liens pertinents entre les éléments selon leurs rapports d'opposition et de corrélation » (p. 102) alors qu'il suffisait de les...‘relier'. le français a de si jolis mots, sobres, élégants, concis, délicats, pour qui aime habiter poétiquement le monde.

Sur Baudelaire, quelle torture de déchiffrer cette phrase incompréhensible qui semble sortie tout droit d'une mauvaise dissertation de fin d'étude : « Dans ce gouffre, on constate peu à peu qu'à la descente aux enfers du poète se mêle sporadiquement le mouvement de ses sursauts et élans. Ses sentiments dominés par le spleen et la révolte n'excluent pas le regret, le remords : ainsi, à côté de ‘L'irrémédiable' et de ‘L'irréparable' on trouve l'inattendu (sic) ‘Réversibilité' » (p. 135).

Quant à Rilke, on peut se demander ce que François Cheng, avide de « s'unir au chant français », est allé puiser dans les Élégies, recueil conçu, s'il en est, par et dans et pour et grâce à la langue allemande. Ne parlons pas de Lacan que l'on prie « de ne plus agir ainsi », oh le vilain à « la voix traînante, entrecoupées de soupirs » qui a osé interrompre « le silence nocturne » du poète (p. 108) !!!

C'est même tout le structuralisme qui est balayé en une ligne mais sans la sémiotique qui convient mieux à notre poète. Je m'arrête là, tout est de la même eau.

« Une sorte de simplicité sans prétention » (p. 201), dites-vous à propos de vous, Monsieur Cheng lorsque vous recevez de l'Académie le Grand prix de la francophonie  et que vous vous apprêtez à pénétrer dans « la noble communion des humains par le langage » (ibid.) ?

Non, décidément Monsieur François Cheng de l'Académie française, ce n'est pas sérieux.
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