"Si mes dessins sont meilleurs que les autres, c'est qu'ils vont jusqu'au bout : ils détruisent tout. Mais ils vont jusqu'au bout parce que j'y vais moi-même, et que je me détruis aussi" (Chaval, 1965). Cette citation peut éclairer l'oeuvre de Chaval.
Chaval s'est détruit lui-même, mais son oeuvre ne détruit pas tout. Si ridicules, si lamentables, si absurdes que soient les fantoches qu'il a créés, ils restent souvent pitoyables. Oiseaux à l'oeil rond, ahuris, perdus, solitaires, paumés; pharmaciens fuyant d'impitoyables orages; petits bonhommes étriqués et méticuleux, figés dans une gigantesque médiocrité : l'implacable précision du trait les délimite avec cruauté. Pourquoi faut-il qu'ils nous apparaissent fraternels, cependant ? Nous ressemblent-ils au fond? Est-ce la raison de notre indulgence? (
Maurice Duverger)