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EAN : 9782362790010
166 pages
Alma Editeur (15/09/2011)
3.65/5   10 notes
Résumé :
«À l'enfant au berceau le premier chuchote : Tu existes. À l'aimé qui s'y abandonne, le baiser murmure : Tu es désiré». Sensuel, délicat, coquin, le baiser est ici examiné et interprété avec talent par un jeu de dialogues subtils, et de parcours dans les oeuvres littéraires, picturales, photographiques ou cinématographiques. Du plaisir procuré aux sensations éprouvées, le baiser, amoureux, amical, affectueux trouve, selon la façon dont il se réalise, les lieux où il... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
Si un vrai fond théorique et philosophique préside à l'écriture de ce livre sur le baiser, Belinda Cannone nous transporte bien vite loin de l'exposé universitaire sur cette manifestation du désir, pour privilégier une approche plus immédiatement sensible. Dès le départ, l'auteur nous prévient: le baiser, comme le bouquet de fleurs, fait, partie de ces choses dont on ne peut qu'échouer à « restituer la beauté » (p. 19), de ces choses qui nous donnent à faire « l'expérience de ce qui, dans le réel, résiste à l'expression», parce que « hors du moment où je l'éprouve, il est énigme, et son effacement me laisse doublement démunie car dans l'intermittence je perds jusqu'à son souvenir : comme avec une odeur aimée, rien en lui n'est assez substantiel – ou assez simple – pour que je puisse en convoquer l'impression à loisir, et il me faut le revivre pour le re-connaître vraiment » (p. 21).
Dès lors, loin de toute raison raisonnante, il va s'agir pour Belinda Cannone de tenter d'en faire ressurgir toute la puissance en l'essayant. Ce sont à la fois ces « travaux pratiques » (p. 17) auxquels propose malicieusement de se livrer le fiancé de la narratrice et ces réminiscences, artistiques ou d'expériences, qui surgissent dans l'esprit des personnages réfléchissant à cet acte qui occupent tout l'espace du texte. Plein de « sauts et gambades » (Montaigne), ce livre délicieux – j'utilise à dessein cet adjectif qui s'appliquerait si bien au baiser lui-même – ancre alors le propos dans l'expérience vécue : ce qui compte n'est autre que la confrontation aux baisers, de quelque type qu'elle soit, qu'elle soit immédiate et sensorielle ou qu'elle se fasse par mediums interposés. Des souvenirs personnels des trois personnages – la narratrice, son fiancé et Belinda – aux souvenirs nombreux de lectures, de films ou d'oeuvres d'art où le baiser trouve place, il s'agit toujours de revivre une scène, pour nous ramener à ce qui fait l'essence même de celui-ci : le fait d'être une « perception, intime », une « sensation-sentiment » (p. 45) qui relève ou de Philia ou d'Eros, selon qu'il soit l'expression d'une affection, d'une tendresse particulière ou d'un désir amoureux. Si le baiser peut alors être chaste ou érotique selon l'endroit du corps où il se trouve déposé, il ne laisse surtout jamais indifférent. Ainsi, si Belinda Cannone donne une chose à penser, c'est bien que « le baiser est une des choses bonnes, tout à fait bonnes, de notre monde. Un sanctuaire de la joliesse. Il ne se pense presque pas, comme le bouquet il n'a besoin d'aucun mot, il existe dans le pur éclat de sa douceur. » (p. 153). Il est de ces choses dont il faut jouir et que l'on ne peut certainement que regretter dès lors que l'on n'en a plus la jouissance : « Mourant, je regretterai, je crois, l'éclat du soleil matinal sur les haies, certains rires féminins sonnant comme grelots de cristal, la splendeur des fleurs épanouies, une phrase de Schubert où le sens s'énonce sans mots et se dérobe sans cesse au moment où l'on croyait s'en saisir, le calme de la nature quand le ventre frais de la nuit se pose doucement sur les champs, et le baiser peut-être » (p. 159), avoue ainsi la narratrice à l'issue de ce livre, que nous ne pouvons plus que refermer sur l'envie de nous livrer à notre tour à ce plaisir des sens, et à nous laisser porter par lui. Mais un baiser ne se demande pas, il faut attendre de le recevoir par amour. Nous voilà prévenus !
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Pour commencer, voici les circonstances plutôt inattendues de la rédaction de ce livre :
« Dans La Tête d'Obsidienne d'André Malraux, Pablo Picasso affirme que les thèmes fondamentaux de l'art sont et seront toujours : "la naissance, la grossesse, la souffrance, le meurtre, le couple, la mort, la révolte et peut-être le baiser". Il les appelle emblèmes. le Baiser peut-être est le premier titre de la collection "Pabloïd". Celle-ci donne carte blanche à des écrivains pour composer un texte à partir de l'un de ces huit thèmes. »

À noter la délicatesse exquise de l'inaugurer par l'emblème hypothétique, accompagné de la précaution du « peut-être » insérée dans le titre...
L'auteure nous convie, dans une série ininterrompue de digressions à deux voix et demi – entre la narratrice à la première personne, sa confidente Belinda, et le fiancé (comptant pour le demi) – à quelque chose de descriptif, parfois dialogique et souvent intime sur les baisers, et, un peu, sur l'amour. Après les habituelles précisions de définition, les baisers littéraires ont la part belle, naturellement, avec une certaine prédilection pour les classiques et, de manière pour moi surprenante, pour les auteurs du XVIe siècle – « serait-ce le siècle des baisers ? » – et nommément : Louise Labé, Montaigne et Ronsard (bien sûr), mais aussi tels Francesco Patrizi [c. 1560] et Jean Second [1539]. Une place à part est dévolue à Paolo et Francesca de l'Enfer de Dante. Logique. Et à l'Antiquité. Pas très grande celle-ci, néanmoins.
Un certain nombre d'oeuvres picturales et plastiques et quelques références cinématographiques et photographiques assez célèbres sont aussi de la partie.
Cependant, de l'aveu même de l'auteure, tout souci encyclopédique est absent ; il n'y a là aucune prétention à l'exhaustivité mais sans doute un désir de faire se retrouver le lecteur dans l'expérience sensorielle ô combien partagée : « Mais n'est-ce pas aussi que la lecture nous procure un plaisir de nature musicale quand on peut fredonner en même temps que le texte la mélodie qu'on y anticipe ? » (p. 157).
Et cette préoccupation musicale me semble être une invariante sous la plume de Belinda Cannone. Je me plais à l'imaginer femme élégante. Exactement autant que l'est sa culture, sa pensée et sa prose, avec cette coquetterie qu'est le verbe « sourdre », si anti-musical de prime abord... Par conséquent, surtout à certains moments (où mes lectures parallèles sont particulièrement arides ou rudes), je suis prêt à pardonner beaucoup à cette élégance : même la frivolité...
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Un petit essai consacré au baiser ! C'est léger, c'est doux, agréable à lire et c'est un pur moment de poésie. A mettre en toutes les mains. de multiples citations émaillent ce texte mais ce n'est nullement lourd. Pourquoi théoriser sur le baiser qui, comme une fleur, se laisse facilement cueillir ? Dans notre époque si dure, il est bon de se plonger dans les poèmes de Louise Labé :
"Baise m'encor, rebaise moy et baise :
Donne m'en un de tes plus savoureus,
Donne m'en un de tes plus amoureus :
Je t'en rendray quatre plus chaus que braise." (sonnet XVIII)

Qui d'autre qu'un bel italien pour écrire une théorie sur le baiser. Au 16ème siècle, Francesco Patrizi fut un maître parmi tous les théoriciens du baiser.

Belinda Cannone a su nous dire l'ineffable sur la question qui nous brûle tous les lèvres : qu'est-ce qu'un baiser ?
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Des interrogations autour du baiser, du plaisir, du désir, nous voici dans l'ambiance Bélinda Cannone. J'ai apprécié la légèreté qui n'est pas coutumière de l'auteure. Cependant, je regrette sa pudeur incessante. En se cachant derrière un personnage, Mme Cannone ne prend pas de risque. Cette retenue de l'expression de la sensibilité m'étonne et me dérange. Traduit-elle une peur, une éducation, une fermeture, une image ?
Allons, l'écriture est moins froide dans cet ouvrage et je peux tout de même affirmer que Mme Cannone attise ma curiosité.
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Le baiser a de nombreuses significations. Belinda Cannone nous emmène pour une promenade sensuelle où se mêle de la fiction, des anecdotes, de l'humour, mais aussi au travers de l'hitoire de l'art... le baiser y est décrit avec délice, coquinerie et suffisamment de finesse pour le détailler avec autant de charme et de nuances.
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Citations et extraits (5) Ajouter une citation
On ne m'a jamais assez embrassée sur la nuque. On ne m'a presque jamais embrassée sur la nuque. Les très rares fois où on l'a fait, j'en ai ressenti un plaisir indescriptible. Tout le corps se rendait au baiser dans un abandon exquis. Quand vient le temps d'un regret, il est bon de se demander si l'on aurait pas pu le prévenir. Je réfléchis. Ne devais-je pas réclamer des baisers sur la nuque ? Mais voilà : on ne réclame pas un baiser. Il naît d'un élan, spontané. Quand on dit "Embrasse-moi", on demande à l'autre de se laisser emporter par le mouvement qu'on le sait ressentir, on ne spécifie pas, on ne dit pas "Embrasse-moi ici ou là". Si le baiser sur ma nuque a si peu fait envie à mes embrasseurs, tant pis pour moi. Tant pis de l'aimer tant. Parfois je me dis que dans l'amour nous sommes aussi conformistes que dans les autres dimensions de notre existence, aussi peu inventifs, aussi peu curieux. Moi comme les autres
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Grâce aux bouquets se renouvelle en moi périodiquement l’expérience de ce qui, dans le réel, résiste à l’expression. Le bouquet est exemplaire parce qu’il est simple et que les fleurs sont des objets communs, à portée de main (pour nuancer cette idée de banalité cependant : ne pas négliger qu’elles sont éclats du monde vivant, de cette nature dans laquelle nous-mêmes sommes contenus – connivence ; ce qui explique sans doute qu’elles éveillent le sentiment de la grâce : elles nous rappellent silencieusement notre chance inouïe que le monde naturel dans lequel nous vivons soit si parfaitement adapté à notre esprit – et vice-versa -, c’est-à-dire si beau).
(page 20)
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« Je t’embrasse comme je t’aime (Philia ).»
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« A qui déplairait une philosophie dont le germe est un premier baiser ? »
Novalis Le monde doit être romantisé
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« Le seul vrai langage au monde est un baiser. » Poème Idylle – Musset
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Videos de Belinda Cannone (31) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Belinda Cannone
Une conversation présentée par Raphael Zagury-Orly Avec Isabelle Alfandary, auteure et professeure Belinda Cannone, auteure Serge Hefez, psychiatre
Le «un» n'est jamais le chiffre de la vie. Certes, il y a les organismes unicellulaires, bactéries, levures, plancton et autre protozoaires… Mais eux aussi on besoin de quelque chose d'autre, d'un milieu.. A la base de toute molécule organique, outre la durée temporelle et les sources d'énergie, se trouvent des multiplicités, des altérités, des combinaisons d'éléments, carbone, oxygène, hydrogène, eau, azote, dioxyde de carbone, diazote… Bien sûr, cela fait la vie sur Terre, la vie des vivants, mais ne dit rien sur la façon dont les êtres humains, eux, choisissent de la porter, cette vie, c'est-à-dire d'exister. de là aussi l'unicité est exclue: on vient au monde «plein des autres», le monde ne vient à l'enfant que par les autres, et il n'y tient que si d'autres d'abord le tiennent et tiennent à lui. Né d'une union qu'il n'a pas choisie, il lui appartiendra ensuite de s'unir volontairement à qui il voudra, par affinité, par intérêt même, par amitié, par amour, et de constituer des couples, des clans, des groupes, des familles, des communautés, des sociétés… Il se peut dès lors que des personnes, pour supporter le faix de la vie, choisissent de la porter à deux, de faire de leur cohabitation une convivance, et de leur existence une coexistence, le plus souvent solidifiée par le ciment de l'amour. La «vie à deux» devient dès lors une vie rêvée que les partages quotidiens rendent réelle. Mais est-ce si sûr? Combien coûte le sacrifice du «un», de la libre et insouciante existence solitaire, qui n'a de comptes à rendre à personne? Combien coûte le sacrifice du trois, ou du quatre, d'union plurielles où la diversité fait loi, où les plaisirs varient et s'égaient de ne point devoir s'abreuver à une seule source? Est-il possible qu'une «vie à deux», soudée par le plus bel amour, résiste aux soudaines envies d'autonomie, demeure imperméable aux petites disputes, aux grosses scènes de ménage, aux soupçons, aux jalousies, aux perfidies, aux humeurs insupportables, aux messages indus sur le portables, aux désirs d'être seule(e), de partir seul(e), de dormir seul(e)? On ne sait pas. On ne sait pas si la «vie à deux» est le paradis de l'amour ou l'enfer de la liberté.
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