AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
4,01

sur 907 notes
5
40 avis
4
14 avis
3
9 avis
2
3 avis
1
0 avis
Camus décrit les mouvements de la vie comme je ne l'ai jamais lu, il décrit les opposés comme je ne l'ai jamais ressenti, il nous ramène brillamment aux origines, à la terre, à la mer et au sens profond et véridique de la vie.
Il m'a plongé dans la simplicité d'une vision algéroise d'une époque aujourd'hui très lointaine tout en contrastant la cohabitation des opposés de leurs caractères ...
C'était une lecture si poétique et si sublime mêlant la nature, oeuvre de Dieu, aux oeuvres des ancêtres... humains...
C'est une lecture qui accorde beaucoup d'importance aux détails les plus insoupçonnables... Il s'agit d'une lecture interminable...
Commenter  J’apprécie          111
" Ô récompense après une pensée
Qu'un long regard sur le calme des dieux !" (P. Valéry, le Cimetière marin)

D'une lecture plus exigeante que L'Envers et l'Endroit, Noces rassemble quatre méditations poétiques, les vanités érémitiques d'un écrivain naissant qui déchiffre "l'écriture du monde".

Dans le couvent de franciscains, à Fiesole, Camus note que les petites tables des moines étaient "garnies d'une tête de mort" : "Florence à leurs fenêtres et la mort sur leurs tables." Frêle épitome de ce recueil qui mêle les arômes sensuels d'une terre recuite aux effluves musqués du temps qui fuit.

Le premier essai, Noces à Tipasa, s'offre comme les dures grenades entr'ouvertes de Paul Valéry et "crève en gemmes rouges de jus". Charnel -j'allais oser orgiaque- le texte marche "à la rencontre du désir et de l'amour" et étale "l'heureuse lassitude d'un jour de noces avec le monde". D'une beauté bouleversante, cette ode à l'hédonisme s'élève comme une prière païenne confiée à la triade adorée : terre, mer et soleil.

Le Vent à Djémila, plus austère, se rapproche du recueillement : derrière la siccité des ruines de la cité romaine, la mort est à l'oeuvre. "De la mort et des couleurs, nous ne savons pas discuter" prévient le philosophe. Contempler sa fin lucidement c'est "diminuer la distance qui nous sépare du monde", il s'agit donc de jouir sans entraves.

Dans L'Été à Alger, les corps exultent ; chaque heure arrachée au temps est glorieuse, on prend "le droit d'aimer sans mesure". Camus chante l'homme nu, la vie sans résignation avant la bascule de l'été et trouve, ici encore, les accents de l'aède.

Enfin le chantre, dans l'astringent le Désert qui couronne le recueil, nous rappelle combien l'art complète la nature. Il s'y emploie avec moins de grâce mais "toute vérité porte en elle son amertume"...

"Ce n'est pas si facile de devenir ce qu'on est, de retrouver sa mesure profonde". Ce précieux bréviaire nous y aide. Superbe.
Lien : http://lavieerrante.over-blo..
Commenter  J’apprécie          81
« Noces » est un essai autobiographique de jeunesse d'Albert Camus - il a alors 25ans à sa publication en 1938 - constitué de quatre courtes nouvelles, « s'appuyant » sur son Algérie natale pour étendre le propos à l'état d'esprit du jeune homme qu'il était alors.
La première, la plus connue sans doute, « Les Noces à Tipasa » exalte la nature sous le soleil ; et la mer… : Tipasa avec ses ruines romaines, écrasées de soleil…la mer en contrebas, «célèbre les noces de l'homme avec le monde ».
Suit « le vent à Djémila » : les ruines de Djémila perchées sur un éperon rocheux. le soleil est toujours là, ardent, mais dans un « grand silence lourd » … et la présence obsédante du vent.
Vient « L'été à Alger » où la vie des algérois l'été, avec la mer et le soleil…
Enfin « le désert », un récit de voyage de Camus en Toscane.
Dans ces pages d'un lyrisme éclatant, Albert Camus fait preuve d'une puissance d'évocation sans pareille. Un texte d'une brûlante beauté … parsemé de fulgurances sur la condition humaine. Indispensabl
Commenter  J’apprécie          80
Quatre magnifiques nouvelles qui sont autant de réflexions philosophiques éclairant la fin si déroutante, parfois, de "L'Étranger". La "merveilleuse indifférence" du monde et notre perception sensuelle de ce monde, ce renoncement non-stoïcien à son indifférence, le nietzschéisme sous-jacent de son approche... c'est fort, très fort. Et très beau, en plus. Amoureux de l'été, c'est pour vous.
Lien : http://aufildesimages.canalb..
Commenter  J’apprécie          70

J'ai reçu l'édition Quarto Gallimard consacrée à Albert Camus en cadeau pour Noël dernier. Je l'ai ouverte cet été pour y découvrir deux textes de l'auteur que je n'avais encore jamais lus, Noces et l'été. Des textes qui questionnent l'existence, la beauté, qui nous livrent les descriptions magiques et poétiques des paysages que l'auteur parcourt au gré de ses voyages, de ses souvenirs comme ses observations sur la géographie et la culture de chaque endroit. Des textes empreints de nostalgie où l'auteur parle de son Algérie.
Deux très beaux textes qui s'apparentent davantage à des essais mais qui m'ont emmenée ailleurs.
Deux courtes lectures comme un souffle léger. Renouer avec un auteur au talent incroyable qui m'impressionne, m'intimide, me fascine, m'émerveille... et avoir envie à présent de lire et relire Albert Camus.
Commenter  J’apprécie          70
Bien loin du style incisif, acerbe et tranchant que nous lui connaissons dans son fameux triptyque de l'absurde - L'étranger (roman), Caligula (théâtre), le mythe de Sisyphe (essai) - dans Les Noces et l'été, Albert Camus se révèle compositeur lyrique, pour ne pas dire essayiste. Écrits en 1936 et 1937, alors qu'il n'a pas encore 25 ans, ce recueil de nouvelles est une invitation au voyage, en sa terre natale d'Algérie.

Nous découvrons donc un Camus lyrique, dont la plume n'est pas encore influencée par le système philosophique de l'absurde. Dès les premières lignes de Noces à Tipasa, le ton est donné : "Au printemps, Tipasa est habitée par les dieux et les dieux parlent dans le soleil et l'odeur des absinthes, la mer cuirassée d'argent, le ciel bleu écru, les ruines couvertes de fleurs et la lumière à gros bouillons dans les amas de pierres." L'auteur semble partager cette conception stoïcienne de la nature, où l'homme et le cosmos ne font qu'un. Ici, en l'occurrence, ils ne font qu'un dans le bonheur : "Bientôt, répandu aux quatre coins du monde, oublieux, oublié de moi-même, je suis ce vent et dans le vent, ces colonnes et cet arc, ces dalles qui sentent chaud et ces montagnes pâles autour de la ville déserte. Et jamais, je n'ai senti, si avant, à la fois mon détachement de moi-même et ma présence au monde."

Au-delà du lyrisme des descriptions, le recueil parvient à rendre compte de l'essence des villes décrites : Alger, Oran, Tipasa, Djémila... Dans l'été, c'est sur Oran que l'auteur s'attarde le plus. Il les évoque dans un phrasé court et avec nuance et simplicité : "Les cités dont je parle sont des villes sans passé. Ce sont donc des villes sans abandon, et sans attendrissement. Aux heures d'ennui qui sont celles de la sieste, la tristesse y est implacable et sans mélancolie. Dans la lumière des matins ou le luxe naturel des nuits, la joie est au contraire sans douceur. Ces villes n'offrent rien à la réflexion et tout la passion" (Petit guide pour des villes sans passé). L'architecture, les lieux de vie, l'animation des journées, les filles du port, les paysages alentours... Rien n'échappe à la plume d'Albert Camus, qui, multipliant les descriptions, parvient à partager l'émotion de ses souvenirs d'enfance et d'adolescence. On retrouve parfois la mélancolie des descriptions de son roman La Peste.

Et dans ces moments de poésie, au détour d'une phrase innocente, on semble percevoir les préfigurations stylistiques d'un futur Albert Camus, acerbe et tranchant. Certains passages s'extirpent ainsi du lyrisme autotélique pour résonner dans la sphère des idées : "Depuis vingt siècles, les hommes se sont attachés à rendre décentes l'insolence et la naïveté grecques, à diminuer la chair et compliquer l'habit. Aujourd'hui et par-dessus cette histoire, la course des jeunes gens sur les plages de la Méditerranée rejoint les gestes magnifiques des athlètes de Délos. Et à vivre ainsi près des corps et par le corps, on s'aperçoit qu'il a ses nuances, sa vie et, pour hasarder un non-sens, une psychologie, qui lui est propre. L'évolution des corps comme celle de l'esprit a son histoire, ses retours, ses progrès et son déficit. Cette nuance seulement : la couleur. Quand on va pendant l'été aux bains du port, on prend conscience d'un passage simultané de toutes les peaux du blanc au doré, puis au brun, et pour finir à une couleur tabac qui est à la limite extrême de l'effort de transformation dont le corps est capable." (l'été à Alger).

Certes, ce recueil d'essais n'a pas la puissance de L'étranger ou de la Peste, mais découvrir le lyrisme camusien, rare comme le parangon d'une pierre précieuse, qui plus est dans un écrit autobiographique, permet de mieux suivre l'évolution stylistique de l'auteur et de voir que même dans le lyrisme, ce dernier possédait d'ors et déjà une puissance évocatrice qui plus tard servira ses idées philosophiques.
Commenter  J’apprécie          60
Souvenir lointain d'un livre solaire qui m'a marqué durablement.
J'ai eu la chance de pouvoir aller à Tipasa dans les années 70 y retrouver les mots de Camus.
Commenter  J’apprécie          60
Avec "Noces" et "l'Eté", j'ai retrouvé la belle langue de Camus et toute sa poésie. J'ai préféré "l'Eté", plus riche en diverses réflexions philosophiques, artistiques, piqué de pointes d'ironie, plus universel peut-être ? "Noces" m'aurait demandé qu'une terre gorgée de soleil soit à la base de ma culture ; privée de cela, j'ai gardé mes distances.
Commenter  J’apprécie          62
J'aime tant ces 2 livres , réunis car similaires
La beauté de la langue , qui transcende les émotions, le ressenti et l'amour. Amour ressenti et donné par l'auteur qui sait transmettre sa passion et ses doutes
Une lecture puissante, poétique et émouvante
Dans l'été, les années passent et l'émotion est encore plus forte après guerre
A lire et à relire pour trouver aussi au fond de soi un « indicible été »
Commenter  J’apprécie          50
Noces est un recueil d'essais, contant la beauté de l'Algérie, un peu comme un grand voyage en son sein, de Tipasa en passant par Alger et Oran. Dans un premier temps, Camus nous fait donc admirer à la manière d'un guide touristique exalté les beautés des villes de son pays, avec nostalgie. Il oppose Oran et Alger, les stéréotypes, les expériences, nous donnant l'impression d'être pris dans un gigantesque tourbillon. Dans un second temps, on observe les choses philosophiques, Dieu, les écrivains, le totalitarisme, les hommes, les Grecs, la mythologie tout en somme, un jeté de pensé. Un récit énergitique, estivale, ensolléillé, éblouissant et d'une magnificence littéraire asphixiante.
Commenter  J’apprécie          40





Lecteurs (2753) Voir plus



Quiz Voir plus

Quiz sur l´Etranger par Albert Camus

L´Etranger s´ouvre sur cet incipit célèbre : "Aujourd´hui maman est morte...

Et je n´ai pas versé de larmes
Un testament sans héritage
Tant pis
Ou peut-être hier je ne sais pas

9 questions
4832 lecteurs ont répondu
Thème : L'étranger de Albert CamusCréer un quiz sur ce livre

{* *}