Quand la vie peut tenir à un fil ...
Simple hasard ou destinée déjà écrite dans les méandres du mystère de l'univers ?
Si le mal existe, quel est la définition du bien ?
Jusqu'où peut-on pousser un être humain dans ses retranchements ?
Je vous invite pour une sortie livresque dans les tréfonds de l'âme du mal, ce mal qui peut revêtir différentes formes n'a pas terminé de progresser et de nous surprendre toujours un peu plus, insidieusement, toujours plus loin jusqu'à ce qu'il soit trop tard avant de sortir la tête de l'eau !
Lire peut se révéler une excellente thérapie quand vous avez l'esprit chamboulé et déçu par les affres de l'existence, ne dit-on pas que le meilleur remède pour lutter contre est d'utiliser les mêmes armes ?
Soigner le mal par ... le mal.
En suivant le parcours de Marc Kasowski, capitaine de police dans la ville lumière (comprenez Lyon), le lecteur est encore loin d'imaginer combien le mot flottement entre deux mondes peut prendre des dimensions nouvelles, le grand écart qui se réduit comme peau de chagrin, à sonder fébrilement dans une enfance pour le moins douloureuse et nébuleuse afin de survivre, une mission de routine va le percuter de plein fouet et le règlement des comptes avec son passé peut alors continuer ...
Sans dévoiler la construction d'un thriller implacable dans la progression, l'auteur nous facilite la tâche pour démêler le réel et les souvenirs en attribuant une narration à la première personne quand l'alternance se situe dans le présent.
Qui aime bien châtie bien ...
Cette plongée vertigineuse dans l'horreur absolue, vous en aurez assez rapidement la primeur de ce qui s'est tramé un certain jour de juillet 1989, après avoir découvert la plume de
Gilles Caillot avec son formidable cycle du Mal (
L'ange du mal,
Réminiscence,
Immondanités et
Les ailes arrachées des anges, actuellement ces livres sont épuisées et en espérant, un jour, une reédition ...) puis
L'apparence de la chair,
La couleur des âmes mortes et
Lignes de sang, il n'est pas inutile de prendre une profonde inspiration puis une non moins expiration avant de commencer chaque lecture de ce maître ès thrillers !
Souriez, vous êtes filmés ! Clic ...
Je te hais ne fait pas exception à la règle, si le gore ou la violence paroxystique entrevues dans ses précédents ouvrages s'est quelque peu atténué au bénéfice d'une plus grande psychologie tant au niveau des personnages que pour l'intrigue, celle-ci prend un malin plaisir à vous retourner la tête, au fil des pages, plus d'une fois.
Rien n'est jamais figé, tout est dans la noirceur du tableau, ambiance oppressante, rythme infernal, des personnages retors et déphasés aux prises avec leurs vieux démons, le diable qui s'est déguisé en croquemitaine n'attend que vous à la première occasion.
... Clac !
Une lecture addictive pour colmater ce qui peut être sauver, la triste réalité nous prouve qu'il existe des monstres sous des dehors respectables, s'il s'agit bien d'une fiction ici, l'auteur n'hésite pas à faire des piqûres de rappel, sans compromission et sans concession, le constat est sombre, tout n'est pas ni tout blanc ni tout noir, le récit haletant aidé d'une plume incisive vous prend à la gorge et de bonnes raisons de vous faire passer juste un excellent moment de lecture, c'est justement de ne pas s'arrêter en si bon chemin, si le plus facile est passé, que le plus dur à vivre commence ...
La folie humaine n'a pas de limite ...
Appliquant le concept de la navigation en eaux troubles, entre passé et présent, entre
réminiscences et le réel, la manipulation mentale n'est pas nouvelle pour semer le doute et l'ambivalence de son personnage principale, la force de ce suspense terrifiant n'est pas tant de verser dans la violence insoutenable que l'on peut imaginer, pour les lecteur aguerris, mais d'être prêt à puiser dans ses ressources mentales afin de flirter avec la folie meurtrière en gestation, qui se cache derrière la vitre sans tain dévoilera alors ses incisives qui pourraient lui faire perdre le nord, dégringoler en bas de l'escalier pour se laisser happer par les crocs du dévoreur d'âmes, il n'en faut pas plus pour se laisser griffer puis se vider viscéralement, repus et sans voix.
Laisser la porte ouverte est à double tranchant, l'envie d'en découdre avec les limites propres de l'humanité, la tension dégoupillée dans le prologue ne cesse de grimper dans les lignes dangereuses, trahir son entourage c'est comme de demander si la prairie est toujours verte, connaît-on assez ses proches pour oser donner son coeur ? le vécu de chacun influera sur les choix, le poids des mots rompt avec les codes du thriller, l'enquête n'est que le fil indéterminé d'une double affaire de kidnapping d'enfant parce que
Je te hais peut alors, enfin, prendre une nouvelle tournure que personne, pas même les plus chevronnés et assidus de thrillers, ne verra venir, la plume de
Gilles Caillot peut alors décliner une danse de la joie, une créature venue des enfers vous salue !
Bienvenue dans la folie ...
Cette suspension entre deux chaises, le personnage principal n'est pas au bout de ses surprises, rien ne sera épargné pour le lecteur qui ne pourra y trouver son deuxième souffle, dans un dénouement à la hauteur de l'ensemble d'une construction infaillible, quand bien même la confusion mentale et le cul entre deux chaises pourraient vous contraindre à emprunter des chemins détournés, à croiser les doigts pour enfin réconcilier les tenants et aboutissants, l'angoisse de certaines séquences n'est pas étranger à canaliser une énergie bouillonnante, chérir la vie par les deux bouts de la chandelle n'est pas sans conséquence, Marc Kasowski est le seul qui détient le secret et si vous avez le coeur bien accroché jusque là, peut-être pourrez-vous alors participer en sa compagnie à une de ces valses endiablées, à vos risques et périls.
Ame folle cherche désespérément rencard et plus si affinités ...
Si le but de ce thriller est de vous faire aussi éprouver la morsure du métal ou de ressentir l'odeur si particulière des entrailles de l'enfer, vous avez maintenant la réponse, lisez-le et vous m'en direz des nouvelles, si vous n'êtes pas satisfait, puissiez-vous demander au SAV de l'enfer si le diable acceptera de vous recevoir ... rien n'est moins sûr car les apparences sont pernicieuses, attention aux ressorts des boites de Pandore qui peut sauter et dévoiler vos peurs les plus profondes, à tout instant !
Une lecture thrillesque vécue en transe, hypnothique voire orgasmique du plus bel effet pour des synapses rodées, pour les aficionados mais toujours avides de nouvelles sensations, autant le dire haut et fort,
Gilles Caillot revient en force pour nous faire embrasser un peu plus le goût âcre de l'infâmie humaine, la lie de l"humanité a encore des secrets inavouables à percer.
Reste à vous munir de toutes les facultés mentales au moment d'entamer ce terrifiant voyage au bout de l'enfer, vous n'en sortiez pas indemne, vous voilà prévenus !
Je te hais de
Gilles Caillot est édité chez Editions Terra Nova, disponible dans toutes les bonnes librairies.
Un amour de thriller pour tous les fans et pas que, quand un auteur a déjà fait ses preuves par le passé, l'accoutumance au genre devient encore plus prégnante pour chaque sortie et prévisions,
Je te hais confirme la place de
Gilles Caillot dans le haut du gratin des meilleures plumes actuelles de thrillers !
❤️