Il découvrait, comme dans un jeu de rôle improvisé à l'issue inattendue et cruelle, que Life et Time étaient comme le reste des Etats-Unis : on envoyait des femmes guerrières au front et on leur réservait, à leur retour, une place debout aux fourneaux, derrières des landaus, des bureaux ou des caisses enregistreuses. (p205)
A quoi ça sert d'avoir cinq paires de coeurs si tu ne peux même pas soupirer.
(....) il serrait entre ses doigts, sans s'en rendre compte, le volume qui l'accompagnait partout depuis des semaines. Il l'avait lu en une nuit, avait souligné des passages, copié des phrases qui semblaient s'adresser à lui et à aucun autre lecteur. Il ne suffit pas de lire des mots, il faut les comprendre, les sentir pour de vrai. Ce livre était devenu sa vie. (p165)
Je ne suis pas faite pour la vie : cette vie ici, celle du monde - tout entier - me broie le coeur.
Tu m’aimes parce que je suis belle . Mais à l’intérieur , tu penses que je suis un monstre, n’est ce pas ?
Comment aurais-je pu ignorer que l’unique dimension à laquelle je me sentais appartenir, c’etait celle de la solitude ? A qui et avec quels mots aurais- je pu transmettre l’incomparable réconfort du détachement ?
Tu es seul, que tu aies une famille ou non. Comment peux tu lutter contre la solitude ?
La connaissance que l'on a de soi repose sur ce que les autres ignorent de nous.
On veut tous empêcher les morts de mourir.
La vraie vie ne peut se réduire à quelques paroles rapportées ou écrites, personne n'y arrive jamais. Mais les images, c'est différent. Elles ne sont pas l'histoire, qui peut se permettre d'être indulgente envers elle-même. Ni l'information, qui ne cesse de se contredire. Les images que nous imprimons dans notre mémoire sont les fragments avec lesquels nous étayons nos ruines tout au long de la vie (p160).