Noire est la couleur
Une remarque en introduction, qui pose peut-être le sujet : imaginerait-on un livre consacré à la "White Music" et qu'y trouverait-on ?
Ce qui est frappant à la lecture de cet ouvrage, c'est la découverte d'une sorte de monde parallèle, Si la Black Music a toujours inspiré la musique de ces 70 dernières années, l'inverse semble moins sûr. Elvis a repris les standards du Rock naissant, les Beatles se sont inspirés de la Pop de la Motown, les Stones, Cream, Led Zep... du répertoire Blues et Rythm & Blues, les Bee-Gees 2ème période ont pillé le Disco Sound...mais combien de musiciens noirs se sont lancés dans la Country, le Hard-rock, le Prog ou le Punk ? Seule la musique électronique semble avoir lancé une passerelle.
Bien sûr, la Pop ou le rock "blanc" n'ont pas laissé les artistes noirs indifférents (Aretha, Tina, Otis, Jackson ou Prince par exemple), mais si la musique n'a pas de couleur, elle a indiscutablement, des univers.
Cette déconnexion des mondes amène ainsi peut-être à relativiser des phénomènes tels que le Punk. A-t-il été une réponse politique à l'oppression libérale, un coup de pied salutaire à la dégénérescence du rock, ou plutôt un mouvement de mode lancé par McLaren, à destination des blancs, hétéros, tandis que la planète dansait avec George McRae, Kc & The Sunshine Band, Chic ou Gloria Gaynor...?
Pour en venir au livre en lui-même.
Il se présente sous un beau fourreau cartonné avec une découpe centrale laissant apparaître un beau visage avec une coiffure afro.
A l'intérieur, défilent 70 ans de black Music, les auteurs prenant soin de préciser que le Jazz n'était qu'effleuré car méritant un livre à part. de même, seule la musique des Etats-Unis est évoquée (pas de Reggae de Jamaïque donc).
Hervé Bourhis déjà responsable des "Petits livres" des Beatles, du Rock et de la Bande dessinée...et Brüno, le dessinateur des formidables Atar Gull et autres Tyler Cross...se sont unis pour proposer ce voyage qui évoque pour chaque année, les principaux artistes et disques avec la reproduction d'une pochette d'album.
C'est passionnant, en tous cas pour le non-spécialiste comme moi, même si j'avoue avoir un peu décroché à l'approche des années 90 avec certains groupes de Rap, de Hip-Hop, sans parler du R&B soupe, qui me fait fuir.
De quoi vous inciter à fouiller votre discothèque ou la compléter, pour retrouver Big Mamma Thornton, Sam Cooke, Otis, Flamingos, Temptations, Sam & Dave, al
Green,Funkadelic, Millie Jackson, Missy Elliott ou Erykah Badu...
Seul regret : Aretha Franklin n'a droit qu'à quelques lignes par ci, par là. Lady Soul aurait mérité tellement plus ....