La Nature des Choses est une lecture plaisante, sans grande prétention, mais qui ne me laissera pas un souvenir indélébile.
J'ai été sensible au caractère de la petite Gaby, neuf ans, qui traverse une période charnière de sa vie, pendant l'été 1982, lorsque sa mère l'embarque une nuit, sans explication, hors de l'appartement qu'elles partagent avec son père. Elles s'installent non loin de là, chez son oncle qui est concierge d'un immeuble situé près des abattoirs. Gaby y fait la connaissance d'une galerie de personnages, et tout particulièrement de Jonas, un vieil homme qui vit simplement, avec sa femme Solange qui est malade et dont il s'occupe de son mieux et avec tendresse. Gaby essaie de comprendre les adultes, les observe avec pertinence, n'hésitant pas à les juger durement quand les circonstances le justifient.
La plume de Marianne Brun est sensible, précise sans être complexe (notre narratrice n'a que neuf ans, rappelons-le). le texte est joli, fluide, jamais ennuyeux. J'ai trouvé Gaby attachante et certains des adultes qu'elle côtoie plutôt détestables, mais pas inintéressants.
J'ai lu ce livre sans difficulté, mais je n'ai pas été vraiment absorbée par l'histoire. Je n'ai pas ressenti le besoin compulsif de tourner les pages, ni l'envie de le dévorer dans les transports en commun. Sans doute davantage parce que le genre réaliste n'est pas celui qui m'enthousiasme le plus que parce que le livre n'est pas à la hauteur. Au contraire, je pense qu'il peut trouver son public parmi ceux qui affectionnent les histoires humaines, simples mais profondes et les récits initiatiques.
Je remercie en tout cas les Editions l'Âge d'Homme pour leur envoi dans le cadre de l'opération Masse Critique et souhaite à ce livre une belle route.
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Un grand merci à l'opération Masse Critique et aux Editions L'Âge d'Homme qui m'ont permis de découvrir ce roman !
C'est au début de l'été 82 que l'univers de Gabrielle, la narratrice, bascule dans la confusion et l'opacité de l'inconnu. Elle doit suivre sa mère qui quitte le domicile familial pour aller s'installer provisoirement chez l'oncle Riton, dans le quartier des abattoirs. Gaby vit la séparation des ses parents comme un arrachement auquel elle seule peut remédier. Et elle s'y emploie sans relâche en inventant des plans maladroits pour retrouver son père et raccommoder les déchirures qu'elle pressent sans pour autant les considérer comme irréversibles. Sa rencontre avec Jonas et Solange, vieux couple voisin de l'oncle, lui laisse entrevoir un chemin de traverse qui amortira le choc de la réalité.
L'air de rien, avec ce récit plein d'énergie et de tendresse, Marianne Brun décrit les prémices de la prise de conscience du temps, de ce qu'il apporte, de ce qu'il efface, par une petite fille de "9 ans presque et demi". le ton mêle espièglerie et gravité pour évoquer les diverses formes que peut prendre l'amour et les métamorphoses qu'implique le passage du temps sur les choses, les êtres et les relations. En quête de "la nature profonde des choses" et du "sens de la vie", Gabrielle tente avec les moyens de son âge de mettre de l'ordre dans le chaos soudain que provoque la rupture d'une cellule familiale et la découverte de ce qui fait l'âge adulte : mensonges, compromissions, culpabilité... Entre sourire et larmes on l'accompagne dans son appréhension (au double sens du mot) du monde tel qu'il est en cet été 1982 où les évènements de l'actualité entrent en résonance avec ce qu'elle vit. Ce joli roman initiatique met délicatement, subtilement, en évidence le douloureux apprentissage de "l'irrémédiable" et de la signification du "jamais plus". La mélancolie affleure sous l'énergie vitale de l'écriture et des personnages, souvent désarmés face aux méandres de l'existence. Un roman juste dont la simplicité gracieuse cache une réelle profondeur.
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