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Françoise Laye (Traducteur)
EAN : 9782367322216
297 pages
Editions Chandeigne (22/03/2023)
2.62/5   4 notes
Résumé :
Publié en 1917, Humus est un des chefs-d'œuvre de la littérature portugaise. Le postulat est simple : dans une petite ville réunissez quelques vieilles femmes mesquines jouant une sempiternelle partie de cartes ; dressez le décor d'une vie étriquée au milieu des montagnes du nord du Portugal et à partir de là, retrouvez l'univers entier, bâtissez l'éternité, démontrez que l'avarice, l'égoïsme, la cruauté sont en fait le masque tragique et grandiose de forces inconnu... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Il n'est pas facile d'être objectif face à un texte pareil, âpre, sombre, désespéré. C'est un long monologue existentiel, un cri, une éructation qui voue aux gémonies la terre entière, et le passage misérable sur cette terre que nous impose l'existence sans autre issue que la mort. Il n'est pas interdit de citer Les carnets du sous-sol de Dostoievski même si le fond est différent : le narrateur chez Dostoievski crache son fiel venimeux sur les autres alors que celui de Brandao souffre explicitement de la distance qui sépare les rêves de la réalité, et ne trouve pas d'issue ailleurs que dans une médiocrité et une insignifiance assumée. Mais dans les 2 cas, on a l'illusion d'un isolement, d'un repli sur un monde fermé et minuscule pour éviter d'affronter la vie et son pendant la mort.
Le texte (je ne sais pourquoi, j'ai du mal à parler d'un « livre ») n'évite pas de nombreuses redites et on a très fort la sensation d'une écriture qui jaillit et tourne à l'obsession. Mais si l'on ressent un tant soit peu une connivence avec l'absurde de notre passage sur terre, je pense qu'on peut rejoindre Stendhal dans sa maxime célèbre : To the happy few !
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Une bien trop longue et ennuyeuse litanie. Les champs lexicaux de la rancoeur et de la bassesse d'âme usés jusqu'à la corde pour ne dire que l'évidence. Ce livre de 300 pages tourne en rond. On ne s'attache à rien, à aucune de ces vieilles qui ne sont que des archétypes.
Je me suis fait avoir par un quatrième de couverture qui m'a vendu une pièce autour d'une partie de cartes pleine de relations complexes, mais je n'ai lu que des relations de surface. Quant à convoquer Pessoa et Kafka, quelle arnaque !

« - Ma fille, se marier, c'est filer, accoucher et pleurer.
La vie est une chose sérieuse, et c'est pourquoi elles parlent peu. Elles gardent pour elles le morceau le plus amer, la tâche la plus dure. Si elles pleurent, c'est tout bas pour que personne ne les entende, entre leurs quatre murs de pierre où on les a conduites par la main, parmi les objets familiers, le four, la chemi-née, les marmites, le lit misérable... Ce lit où sa mère est morte, où sont nés aussi ses enfants. »
Tout est à l'avenant. L'auteur se complait à brouillonner la misère encore et encore. Tous les personnages sont au mieux des figurants sans épaisseur, de sorte qu'on les confond. On ne s'y attache pas une seconde.
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critiques presse (1)
Liberation
07 août 2023
Les considérations du diariste fouettent le sang, la langue est d’une beauté morbide.
Lire la critique sur le site : Liberation
Citations et extraits (5) Ajouter une citation
J'entends sans fin le même bruit de mort, qui ronge lentement...

Une petite ville décrépite, avec ses rues désertes, ses cours où seule la poussée de l'herbe soulève les dalles, son château-fort avec des pans entiers de murailles intactes, qui ne mènent nulle part. Un escalier qui s'accroche aux trous dans le mur, et débouche sur le vide. Seul un figuier sauvage a réussi à pénétrer les interstices entre les pierres, à en tirer le suc et la vie. Le donjon, le portail de la cathédrale et les saints dans leur niche, la place avec ses arbres rectilignes, son kiosque à musique en zinc. Sur tout cela un ton brunâtre et uniforme : l'humidité a imprégné la terre, le soleil s'est imprégné d'humidité. Dans les couloirs, les araignées tissent leurs toiles immuables, d'ennui et de silence, et une cendre invisible, faite de manies, de règles et d'habitudes, enterre peu à peu toute chose.

(Incipit)
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Seule l'insignifiance nous permet de vivre. Sans elle, le fou qui clame au fond de nous aurait pris le monde d'assaut depuis longtemps. L'insignifiance réprime une force démesurée.
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Et je suis seul avec la nuit; derrière ce mur, le ciel infini. Pour ne pas mourir d'angoisse, pour supporter tout celà, et ne pas rester seul avec le fou, j'ai du inventer des choses réellement insignifiantes, des mots tels que l'honneur et le devoir, la conscience et l'enfer.
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Pour le Gueux, toutes ces choses impalpables sont parfaitement visibles. Il voit, aussi distinctement que je te vois, la passion, la haine ou l'amour, les grands fluides échevelés de la pitié et du génie. Certaines nuits, je ne peux résister : je m'enferme avec lui à double tour pour l'écouter. Il a gaché ma vie. C'est le fou qui clame au fond de nous et nous laisse hébétés.
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Avec la force de l'habitude, j'ai réussi à le maintenir à sa place mais je n'ai jamais pu le supprimer, et plus je me rapproche de la mort, plus il me manque, ce pauvre Gueux qui a gâché ma vie entière.
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Imagine la nuit d'un puits - imagine là dedans la peur. Et je ne sais quelle lueur vivante, je ne sais quelle douleur contenue, je ne sais quoi d'humble qui veut vivre quand même, malgré sa souffrance. Je ne sais quoi de vivant, et une patte énorme qui écrase et qui réduit en miettes... Tout est nuit et or.
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Elles crient parcequ'elles ne supportent pas de se regarder. Parceque le réel et le rêve atteignent désormais des proportions beaucoup trop grandes pour leurs âmes étriquées. Elles crient parcequ'elles n'en voient pas le fond. Dona Penaricia a retiré sa perruque et l'a jetée par terre. Puis elle l'a fixée des yeux, l'a contemplée comme si elle symbolisait l'univers entier : - Je ne peux pas m'en défaire ! Je ne peux pas ! Je ne suis pas que ça, pourtant ; et il faudrait que je passe ma vie entière à étouffer, à te supporter pour ne pas mourir de faim ! Il faudrait que je me voie, que je te voie ma vie entière, et que je dise : - Jeu !
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Qu'est-ce que tu attends donc, puisqu'il n'y a rien à attendre, pas même de la mort ? - Et cet effort pour avoir une âme, ça ne compte pas ? Cet effort pour ne pas ramper sur le sol comme un serpent ? Pour vivre avec ceci ou celà ? Avec cette amertume, ce fiel, et puis avec Dieu ?
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