Paul Daveine n'a pas de chance, dans la vie. Déjà, avec ses initiales, il s'est fait charrier dès l'école primaire. Pourquoi ses parents l'ont-ils affublé de ce prénom !? Il croit piger qu'ils avaient une dette envers un autre Paul de la famille, décédé jeune...
Autre guigne : ce garçon de dix-sept ans kiffe les livres, les pages roses du dico, c'est un littéraire. Il rêve de poursuivre dans cette voie une fois son Bac L en poche, il se voit bien en 'Lettres classiques, option latin-grec grand débutant'. 😉
Mais ses parents n'accepteront jamais un truc pareil. Dans la famille, on est tous scientifiques, ou... ou rien ?
Alors Paul est mal dans sa peau, il traîne son mal-être entre « bahut, bibli, insomnies, angoisse du bac », habité par une « trouille qui lui [noue] les tripes, la gorge, et qui parfois, lui [souffle] l'envie d'échouer. »
Drôle de livre à l'ambiance pesante. J'ai d'abord été touchée par Paul et sa tante (sorte de bonne fée, devinant ses besoins comme une marraine de conte), je me suis souvent indignée du comportement parental, j'ai été déroutée par les échanges mystérieux de mails, et surtout par les textes de Paul - je reste souvent hermétique à la poésie. Le dénouement m'a surprise, je veux bien croire que c'est possible, mais... une telle ingérence parentale semble dingue, inadmissible, on se demande donc ce qui a pu arriver à l'autre Paul pour que la mère se comporte ainsi. Mais ce fantôme dont l'absence semble autant peser dans cette famille est à peine évoqué, de même que la tante Hilda, et c'est bien dommage.
Quoi qu'il en soit, je m'étais trop éloignée de l'histoire et des protagonistes pour m'émouvoir vraiment...
Ce qui m'a plu, ce qui a fait écho à mon passé de lycéenne, au présent de ma fille, ce que j'ai envie de retenir de ce roman : l'angoisse du grand saut, les semaines précédant le Bac et les inquiétudes sur l'orientation.
« Bac, un mot qui claquait en couperet de guillotine. Schlak ! Un mot définitif qui vous zigouillait, qui vous précipitait, de gré ou de force, de l'autre côté de votre monde, en pays miné. Chez les adultes. »
De cette auteur, j'avais aimé 'Les garçons se cachent pour pleurer'.
On y retrouve cette idée de laisser s'exprimer la sensibilité masculine.
• Merci à Babelio et aux éditions du Mercredi.
Commenter  J’apprécie         390
Les thèmes abordés dans ce court roman sont intéressants : la recherche de soi, là difficulté pour les adolescents à passer à l'âge adulte ou à faire face à l'incompréhension des parents, là douleur de se sentir rejeter par les autres ou de ne pas être "conforme" à certaines normes imposées par la société. le mal-être de ce jeune homme est palpable et plutôt bien décrit, nous rappelant nos années lycées et certaines de nos peurs.
J'ai trouvé le style de l'auteure assez simple, je sais que le but d'Elisabeth Brami était de donner sa voix (ou sa plume) à un jeune de dix-sept ans, mais j'ai trouvé qu'il manquait un petit quelque chose de ce côté là.
Pour terminer, je voudrais juste évoquer un petit passage du livre qui m'a mise mal à l'aise : oui il faut se tartiner de crème solaire et la mère du personnage principal a raison de l'obliger à le faire, parce qu'un mélanome est une chose très grave et il ne faut pas prendre le sujet à la légère. Il n'y a pas assez de sensibilisation faite pour prévenir et informer de ce cancer de la peau agressif.
Commenter  J’apprécie         10
Le roman a au moins le mérite de donner envie de (re)lire Duras et Baudelaire. En résumé, nous avons affaire à un thème intéressant, mais une manière de l’aborder problématique sur certains aspects.
Lire la critique sur le site : Ricochet
Un de ces carnets secrets à cadenas dont il se souvenait parce qu'il avait surpris sa mère reprochant à [tante] Hilda de n'offrir à son neveu chéri que des cadeaux pour filles, à quoi celle-ci avait rétorqué en riant : « C'est pas à toi, Maryse, que je vais apprendre que ce qu'il y a de meilleur dans l'homme, c'est la femme ! »
Longtemps, cette phrase l'avait perturbé.
(p. 46)
Sa vie lui semblait vide et sans intérêt. Bahut, bibli, insomnie. Il cherchait de son mieux à rassurer sa mère qui se faisait toujours des cheveux pour lui. Alors il était passé maître en bobards, il bluffait pour la bonne cause et aussi pour être peinard, pour que sa mère puisse dormir sur ses deux oreilles et qu'elle le lâche un peu. [...] C'était plus fort qu'elle, les idées noires. C'était sa spécialité. Malheureusement, il en avait hérité.
(p. 13-14)
Coincé, lui ? Non, il ne pensait pas. Il revendiquait juste le droit au romantisme, au romanesque. Le droit d'être puceau. Il détestait ce mot, mais 'vierge' le ramenait à trop de féminité. Alors puceau... presque pourceau : un mot répugnant qui, comme certaines pensées vulgaires, était capable de le souiller.
C'était bien connu, dans les bonnes familles une merde en cachait souvent une autre. On appelait ça un cadavre dans le placard. Un secret de famille, quoi... et ça finissait toujours par puer.
(p. 11-12)
Etre seul, rêver, attendre, écrire : c'était tout ce qu'il demandait. Tout ce que son entourage lui interdisait implicitement depuis des années de peur qu'il ne devînt pas l'être standard qu'on exigeait de lui.
Qu'ils aillent tous se débrouiller avec leur vie à eux ! Bientôt, il se débrouillerait tant bien que mal avec la sienne.
Désormais, c'était entre lui et lui.
(p. 49)
« N’attendez pas qu’il soit trop tard, vous m’entendez ? Il vous reste beaucoup à vivre. On ne sait quoi ni comment, mais beaucoup. J’en suis sûre. »
En ce mois de juillet parisien, Pierre, veuf et ancien libraire du quartier Mouffetard, doute de sa capacité à redonner du sens à sa vie.
Mais, c’est compter sans les irrépressibles dérives de la mémoire, les élans du cœur, le hasard des rencontres et surtout sans Léa, sa fantasque belle-mère. C’est compter sans l’amour.
Il lui faudra remonter aux sources obscures de son enfance, exhumer des blessures inavouées pour se libérer de ses entraves.
Pour vivre, enfin.
Élisabeth Brami a publié chez divers éditeurs une centaine d’ouvrages en littérature jeunesse, primés et traduits dans différents pays. Après Je vous écris comme je vous aime ( Calmann-Lévy, 2006), lauréat du Festival du premier roman de Chambéry, et Mon cher amour ( Éditions du Rocher, 2009), Les Heures secrètes est son troisième roman.
+ Lire la suite