L'entretien, publié en 2003, est une bonne synthèse des pensées du philosophe.
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Il ne suffit pas qu'elle soit [la Commission européenne] politiquement responsable, il faut aussi qu'elle doit administrativement capable. Je ne dis pas qu'elle est incapable : de bons experts travaillent à la Commission européenne mais, malheureusement, elle est souvent obligée de recourir à de la sous-traitance intellectuelle et ce n'est pas toujours de la meilleure qualité. // Que voulez-vous dire ? // Que certains de ceux avec qui l'on passe des contrats d'étude commettent des rapports qui sont parfois franchement mauvais. [...] Pour certains rapports dits "de très haute expertise", je ne mettrais pas la moyenne à un étudiant de deuxième année.
... rien n'empêcherait de concevoir un keynésianisme qui fonctionne à une échelle plus large, par exemple, continentale [...] Malheureusement, es agences économiques et monétaires comme le FMI, la Banque mondiale, le G7, l'OCDE et l'OMC ne sont pas davantage acquises à l'idée de relances concertées qu'au principe redistributif.
A la longue, les esprits ne voient plus clairs dans les différences entre les registres : registre constatif (faits et états de choses), évaluatif (interprétations et valeurs), prescriptif (normes et commandements). Ces différences "grammaticales" ou modales sont cependant essentielles à l'intelligece critique. Or, je crains que la dégénérescence syntaxique de nos cultures publiques ne devienne la maladie de notre époque, et qui vient affecter la liberté elle-même, sous nos latitude.
Plus de différence, non plus, entre les faits, leur interprétation et les conclusions pratiques que l'on en tire. Énoncer un fait déplaisant, inconvenant, entraîne une quasi-censure au nom du risque que l'on en tire des conclusions politiquement incorrectes. C'est cela la censure médiatico-démocratique, dont je disais qu'elle prépare un certain retour du délit d'opinion, retour dont on perçoit des prodromes dans la législation récente.
Dans nos pays, l'immigration d'aujourd'hui n'a pas une origine glorieuse : elle provient d'abord d'une pression exercée sur la classe politique par un certain patronat, qui n'est pas le plus moderne, pour qu'on lui fournisse de la chair à usine.