Les 20 meilleures nouvelles russes

Pourquoi chantait le Rossignol ?
Mihhaïl Zochtchenko

Surtout que le lecteur ne croie pas un seul instant que l’auteur se complaise dans la description de tous ces détails terre à terre. Non. Dans ces maigres souvenirs n’existe ni beauté, ni romantisme. Mais l’auteur connaît ces sortes d’intérieurs. Il y a vécu. Ce n’est pas folichon. Au contraire, cela vous donne envie de pleurer. En entrant dans la cuisine on se flanque fatalement le nez dans du linge mouillé. Et encore merci si c’est du linge convenable, quelque noble attribut de la toilette humaine, car le plus souvent ce n’est qu’une paire de vieilles chaussettes. Pouah ! Quelle saleté !

LES CHANTEURS, Ivan TOURGUÉNIEV

Il commença le chant russe plein de mélancolie :

Plus d’un sentier traverse la prairie…

Tous les assistants furent émus, et je partageai cette émotion, car jamais je n’avais entendu une voix plus touchante ; elle était à la fois pleine de langueur et passionnée. Iachka s’animait, sa voix ne tremblait plus ; la flamme de la passion la vivifiait, cette flamme qui gagne si facilement l’âme des auditeurs. Cette voix remuait en moi tout un monde de souvenirs.

-- Voyez-vous, observai-je aussitôt, mi badin, mi-énigmatique, je... je forme une partie de ce tout qui cherche à faire le mal, mais fait le bien...
Elle me jeta un regard rapide, où une forte curiosité se liait à beaucoup de puérilité :
-- Attendez... Qu'est-ce que c'est que cette pensée ? D'où vient-elle ? Je l'ai entendue quelque part.
-- Ne vous cassez pas la tête. C'est en ces termes que Méphistophélès se présente à Faust. Vous avez lu Faust ?
[...]

Douce. Dostoïevski