Il aura fallu que je me rende en pèlerinage à Lourmarin, ou plus exactement à son cimetière, où est enterré le Nobel et géant
Albert Camus, pour me rendre compte qu'un autre grand classique y est enterré également :
Henri Bosco (1888-1976) ! Un écrivain que je ne connaissais pas, en dépit de tous les prix littéraires dont il a été honoré, comme le Prix
Louis Barthou de l'Académie française, 2 ans après le Prix Renaudot, en 1945, pour son "
Le Mas Théotime", en 1953 le Grand Prix national des Lettres et , 15 ans plus tard, le Grand Prix de littérature par l'Académie française pour l'ensemble de son oeuvre. Bref, un palmarès impressionnant !
Heureusement qu'il existe de nos jours Babelio et ses adhérents pour combler des trous dans sa culture. C'est en effet, Oran/Michèle d'Avignon, qui a attiré mon attention sur
Henri Bosco, initiative pour laquelle je la remercie en passant.
Mon premier Bosco est son "Sanglier" de 1932, qui selon l'admirable préface de
Christian Morzewski, constitue une espèce de préfiguration de "tout le matériau romanesque des grandes oeuvres à venir..." Parmi lequel il convient assurément de mentionner "
L'enfant et la rivière ", "L'âne Culotte" et "
Malicroix ".
Le Sanglier démarre sur une belle touche humoristique à propos de l'aide ménagère du héros principal, Monsieur René, la vieille Titoune, "... une excellente femme qui...aimait assez son prochain pour en parler, et il n'y a que trois moyens de le faire : le louer d'abord, ensuite le plaindre et finalement le blâmer." (p. 26 de l'édition folio) Cette citation en dit long, à mon avis, du talent observateur de l'auteur, ainsi que de son art de formuler ses observations.
C'est dommage que je ne puisse résumer l'histoire, par respect pour des futurs lecteurs, car elle est bonne et elle m'a plu. Il s'agit d'une intrigue située dans ce coin sauvage mais splendide du Luberon, parmi des gens très simples et qui capte l'attention du lecteur dès le début.
La confrontation de Monsieur René avec
le sanglier est d'une beauté littéraire rare. Pas étonnant que Folio en a reproduit un large extrait en 4ème page de couverture. J'ai été saisi par la richesse du vocabulaire de l'écrivain et sa force d'évocation.
La situation géographique spécifique et la beauté du Luron, telle qu'est décrite avec maestria par
Henri Bosco, donnent envie de prendre son rucksack, une paire de godasses solides et d'y partir en explorateur.
Comme le note, à juste titre, l'éditeur, l'opus d'
Henri Bosco est "un troublant récit d'une terrible initiation au coeur du Luberon noir".
Il est surprenant qu'il ait fallu quasi trois quarts de siècle avant qu'une réédition de cette oeuvre remarquable voie le jour. Mais soyons content que c'est chose faite !