Avec Gilbert Bordes, il ne suffit que des premières phrases pour nous faire basculer dans ce monde paysan qu'il affectionne particulièrement.
Un cheval sous la lune ne faillit pas à la tradition. Nous somme très vite entraînés en Corrèze, dans les années 60, pour accompagner Martin, jeune homme de 18 ans qui est placé par l'Aide Sociale auprès d'un vieux couple de fermiers pour y attendre sa majorité.
A son grand étonnement, Martin va y trouver un "nid" où se pelotonner les soirs d'hiver et à l'ombre du château qui surplombe Morterive, va connaître ses premiers émois aux côtés de Laure, la fille du comte.
L'enfance, et ici la fin de l'adolescence, a toujours eu une place de choix dans les oeuvres de Bordes. A travers cette tranche de vie douce amère, le lecteur plonge un demi-siècle en arrière, dans cette France profonde que le progrès n'a pas encore transformée. Ce qui, par moment, déroute car on ne sait plus trop à quelle époque se déroule le récit. Les écrits de Gilbert Bordes sont souvent tendres et teintés de mélancolie. Un cheval sous la lune n'échappe pas à la règle.
La plume de Bordes est toujours aussi aiguisée pour décrire simplement, mais parfaitement, l'atmosphère qui entoure ses personnages. le livre se lit très rapidement, et malgré les thèmes parfois graves qui y sont abordés, voire effleurés, il laisse une impression de légèreté une fois la dernière page tournée.
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Simple et rafraîchissant. Ambiance campagnarde pour le récit de vies simples. le temps s'écoule, les relations naissent et prennent le temps d'éclore. L'amour, la sensibilité font de cet ouvrage un très beau roman, tout simplement.
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Le soir, tandis qu’il fermait la fenêtre de sa chambre, il entendit un bruit curieux, comme le pas d’un cheval. Cela ne venait pas du château, mais du sentier qui conduisait à la Noiselle. Intrigué, il sortit sans bruit. La pleine lune éclairait les pentes d’une lumière bleutée. Le château semblait flotter dans une poudre fluorescente. D’une tour, une hulotte poussa son cri lugubre. Matin n’était pas rassuré. Il marchait dans l’ombre du taillis quand il vit un grand cheval qu’il reconnut tout de suite, attelé à une charrette, et qui descendait vers le chantier. L’homme qui le conduisait par la bride était grand et maigre et marchait en claudiquant. Ses cheveux blancs luisaient. Le comte retenait Rosette dans la descente. La charrette cahotait, Sam suivait…. La lune passa derrière un nuage et cacha la scène. Martin n’entendait plus que les pas du cheval et le bruit des roues ferrées. La lune sortit de nouveau. Le comte arrêta l’attelage au chantier. Rosette s’ébroua. L’homme se mit à charger du sable.
La dernière nuit de Pompéi - Gilbert Bordes