La famille Snout, la mère et les jumeaux Tara et Eddy, attendent Hervé Snout dont c'est l'anniversaire, pour passer à table. Mais de père et de mari, il n'y aura pas.
Non seulement Hervé Snout a disparu, mais rien, pas un indice pour comprendre ce qui s'est passé.
A travers le regard des différents protagonistes, on assiste à la description précises des événements et pensées de chacun. Et on s'aperçoit que, sous des airs de bonheur bourgeois, cette famille est plutôt dysfonctionnelle. Que cache donc Odile Snout, la jolie épouse délaissée par son mari pas si gentil que ça ?
« Pourquoi aurait-il écrit une lettre ? Il fut un temps oui, où Hervé dessinait des coeurs sur des Post-it, où il avait effectivement ce genre de petites attentions, ù des gestes de tendresse émaillaient le quotidien, mais cela – Odile n'en dit mot- est terminé depuis longtemps. »
Hervé Snout est le directeur d'un abattoir et, là aussi, on se demande où a pu passer le patron.
En revenant quelques jours avant la disparition, l'auteur détaille chaque évènement au sein de de l'entreprise. Là aussi, comme au sein de la famille, les apparences sont fausses. Si Hervé Snout a réussi, à la force du poignet, à se hisser à ce poste de directeur dans cette petite ville de province, il se conduit en vrai dictateur et n'hésite pas à humilier le personnel.
Les conditions de travail sont extrêmement dures, tuer des bêtes en pataugeant dans les excréments et le sang, ce n'est pas un bouleau de tout repos. Alors, on est solidaire et on boit pour tenir le coup. Gabin a fait embaucher son presque frère, un garçon frêle et fragile, qu'il tente de protéger contre le sadisme du patron et des autres employés. Mais la tension monte inexorablement.
« Pour supporter ce qui se déroule dans ces murs épais, les tueurs, les désosseurs, les as de la scie circulaire boivent, fument, prennent des médicaments, de la coke et respirent par la bouche. Celui qui ne boit pas assez finit par démissionner. »
Pendant ce temps, Odile se pose des questions sur son couple qui part à vau l'eau. Et si son mari était parti refaire sa vie loin de sa famille ? C'est la piste que privilégient les gendarmes.
Par petites touches, passant d'un personnage à l'autre,
Olivier Bordaçarre construit sous nos yeux abasourdis le scénario qui a mené à
la disparition d'Hervé Snout. Il revient en arrière, nous balade dans le temps et d'un endroit à l'autre. Bref, il joue avec nos nerfs en virtuose et ça marche ! C'est glaçant, mais on en redemande. Un très bon roman noir qui ne lâche pas son lecteur.