1 pays, 5 décennies, 3 femmes, 3 générations, 3 façons de faire face à la tradition : soumission, rébellion, équilibre. Et, comme un lien plus solide encore que les règles imposées ou que la volonté de s'en émanciper, un fil conducteur subtil traverse toute cette histoire : l'attachement entre mère et fille et entre grand-mère et petite-fille.
Cyril Bonin reconstitue le Japon de la première moitié du XXe siècle avec un dessin élégant et expressif. Personnages, vêtements, décors naturels et intérieurs, d'époque et de standing différents, sont rendus de manière précise et délicate. L'artiste a choisi une palette limitée, fondée majoritairement sur des nuances de verts et de rose, ce qui crée une unité et donc une communauté entre les générations qui se succèdent, en dépit de l'évolution des moeurs, des événements tragiques (guerres, tremblements de terre) ou encore des inévitables oppositions mère-fille quand viennent l'adolescence et les désirs de liberté et d'affirmation de soi. Ces tons peuvent aussi donner une impression de douceur, impression illusoire, puisque sur la durée de cette histoire, les épreuves ne sont évidemment pas absentes. Cette douceur visuelle est-elle une allégorie de la manière dont les Japonais parviennent à traverser lesdites épreuves, en estompant les marques qu'elles infligent grâce à la grande équanimité qu'on prête à ce peuple ?
Je ne connais pas
Sawako Ariyoshi, dont
Cyril Bonin adapte ici l'un des romans. La subtilité de l'histoire, la profondeur des personnages et la restitution de leur époque me donnent envie de découvrir l'écriture de cette autrice.