Les beaux livres déjà anciens de "L'univers des Formes", réédités dans un format plus maniable mais avec une iconographie intacte, présentent un autre avantage encore : non seulement ils sont plus accessibles et maniables, mais le texte traduit en 1970 qui commente les images, et la pensée esthétique qui le sous-tend, sont réédités tels quels, accompagnés d'une préface contemporaine (2010) qui nous rappelle le chemin parcouru par la recherche ou l'évolution des idées. Or si l'auteur, R.
Bianchi Bandinelli, historien marxiste de l'art qui forma sa pensée vers 1950, n'est pas n'importe qui, les présupposés historiques qui l'animent ont été nuancés depuis soixante ans : ainsi, la notion de "Bas-Empire", l'idée que les III° et IV° siècles sont des fins ("La fin de l'art antique"), en somme la décadence romaine, ont été sérieusement révisées depuis 1950 au profit d'une étude renouvelée de ce qu'on n'appelle plus décadence, mais "Antiquité tardive", voire "Nouvel Empire", en écho à l'histoire égyptienne. L'auteur reste cependant un magnifique commentateur de l'art romain provincial, qui connaît à ces époques un grand essor : autant pour la "décadence"! Enfin, le commentaire est daté à cause de la trop nette séparation que fait R.
Bianchi Bandinelli entre premier art chrétien et "fin" de l'art païen : pour qui a des yeux, il est évident que les oeuvres chrétiennes du IV°s continuent celles du passé païen. Pour laisser la parole à
Claire Sotinel, à la fin de sa préface : "Ce que 'La fin de l'art antique' perd en actualité, elle le gagne en profondeur, offrant au lecteur la double exploration des productions artistiques des derniers siècles de la Rome impériale et l'apogée d'une conception de l'histoire de l'art qui a marqué le XX°s. Elle reste une mine inépuisable d'oeuvres souvent surprenantes produites par une époque qui a su enfin attirer l'attention qu'elle mérite." (p. 13)