Franc-comtois, bien que né à Dijon, j'avais reçu en cadeau cet ouvrage à sa sortie. Depuis lors, il trônait fièrement dans mon immense et infinie PAL. Après presque quatorze ans de purgatoire je l'en ai sorti début août afin de voir ce qu'il avait dans le ventre. Parce que de mémoire, je ne voyais pas quelles pouvaient être ces "grandes affaires criminelles". Hormis la tuerie de Luxiol, les crimes qui me venaient en tête s'étaient déroulés après 2010, la date de parution de l'ouvrage : l'affaire Narumi à Besançon et l'affaire de notre neuneu local Jonathann Daval (et quand je dis local, j'habite à moins de dix kilomètres).
Hé bien, en fait, c'est du mauvais Bellemare ! Vingt-huit chapitres de huit à dix pages chacuns relatant à peu près tous le même type d'affaire.
Nous sommes entre 1850 et 1950, dans un village, et un type (ouvrier agricole, commis de boucher ou de boulanger) décide de tuer son patron ou un voisin pour lui voler son argent. L'arme du crime va du rondin de bois à la hachette en passant par la massue ou le marteau. Si l'épouse ou des enfants sont présents, ils y passent aussi : une fois qu'on a tué une personne, deux ou trois de plus dans la foulée ne changent pas grand chose à l'affaire ! Vient ensuite la fouille de la maison/ferme à la recherche de l'hypothétique magot (on se méfiait des banques et on gardait ses sous cachés chez soi), puis la fuite car les cris des victimes alertaient les voisins qui ameutaient vite fait la maréchaussée. le meurtrier est très vite appréhendé et passe aux aveux. Son procès, qui se déroule à Dole, Besançon, Belfort ou Vesoul, aboutit à sa condamnation à mort et il est guillotiné en place publique.
Quelquefois il y a des variantes et on a affaire à des meurtres intra-familiaux de parricides (un enfant en a assez d'être battu et tue son père) ou de féminicides (le mari tue sa femme à force de la battre).
Il en ressort une impression très négative des francs-comtois de l'époque (mi XIXe siècle - mi XXe siècle) qui étaient, certes, très ruraux mais également alcooliques, brutaux, frustres, incultes, amoraux...
Quant à la forme, je le répète c'est du sous-Bellemare. Ce sont des affaires toutes plus sordides les unes que les autres, mais elles ne sont pas enrobées, enjolivées par le talent d'un conteur comme pouvait l'être
Pierre Bellemare.
Le seul chapitre réellement intéressant est le dernier qui relate la tuerie de Luxiol, même si les auteurs ont décidé d'anonymiser le tueur et ses victimes.