J'ai beaucoup ri de l'histoire de ce cadre de chez Nestlé, coincé dans un avion détourné alors qu'il se rendait en Afrique, continent qu'il déteste depuis que sa femme s'y est envolée avec son amant, un coopérant qui répète à l'envi que "Nestlé tue les bébés" et dont on apprendra que son charity bussiness lui remplit les poches. L'écriture est alerte, les situations cocasses, le héros tellement peu attachant qu'on finit par avoir pour lui une certaine tendresse.
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Des pluies acides traversaient le regard du grand Noir. Il tapa du poing sur l'accoudoir. Le cendrier alla rejoindre le tapis couvert de détritus et attendit patiemment la suite des évènements. Mon terrible voisin devenait de plus en plus nerveux comme s'il regrettait son habit de grenades. C'était peut être leur poids qui lui manquait. Les types plein de muscles ont sans cesse besoin de les faire travailler. Jim Pète-sec, par exemple. Quand il voit en rue un type qui transporte des caisses, il faut qu'il se précipite pour l'aider. Assistance et exercice, telle est sa règle. L'âme et le corps, quoi. Avec cette philosophie, pas étonnant qu'il ait eu cette idée qui avait enthousiasmé Céline, d'organiser un jogging au profit des victimes de la faim. Un projet typique du bonhomme.
Je le vis trôner à des diners au cours desquels il expliquait, entre une viande juteuse et un dessert à la crème, combien de temps met le corps d'un petit Africain avant de se déshydrater. Tous les moyens étaient admis pour récolter de l'argent et répandre sa bonne parole.
« Le progrès social a au moins apporté un avantage aux salariés, celui de pouvoir dire non aux emmerdeurs quelle que soit leur fonction », m’expliqua-t-il la première fois que j’avais tenté de l’inviter.
Alain Berenboom nous parle de « Délires » d'André Baillon.
Lien vers le livre : https://www.espacenord.com/livre/delires/