Ce tome fait suite à Jessica Jones : Alias, tome 1 : Secrets et mensonges (épisodes 1 à 15) qu'il faut avoir lu avant. Il contient les épisodes 16 à 28, soit la fin de la série.
Épisodes 16 à 21 - En allant faire ses courses dans l'épicerie du coin, Jessica Jones doit intervenir alors qu'une petite frappe réclame la caisse au gérant. de retour chez elle, elle se trouve nez à nez avec Mattie Franklin, une jeune femme portant un costume de Spider-Man et disposant de superpouvoirs. Cette dernière se sauve par la fenêtre. Suite à une entrevue difficile et houleuse avec J. Jonah Jameson, Jessica doit retrouver Mattie Franklin. Elle poursuit difficilement sa relation avec Scott Lang. Elle rencontre également Jessica Drew (la première Spider-Woman). Mais la pire des épreuves reste à venir : elle doit s'habiller en jupe courte et petit haut découvrant le nombril.
Épisodes 22 & 23 - L'histoire effectue un retour en arrière pour révéler comment Jessica Jones à acquis ses pouvoirs, quelle a été sa carrière de superhéroïne en tant que Jewel, et les événements qui l'ont conduite à renoncer à son identité secrète.
Épisodes 24 à 28 - Après avoir refusé une offre d'emploi de Lord Kevin Plunder (Ka-Zar), Jessica est contactée par des familles dont un de leurs proches a été victime de Zebediah Killgrave (Purple Man), pour qu'elle enquête sur leur mort. Cette demande l'angoisse au plus haut point, sans qu'elle n'arrive à en parler à Scott Lang (Ant-Man), et en se fâchant avec Carol Danvers qui a suggéré aux familles de la contacter.
Avec ce deuxième recueil, le lecteur constate la familiarité qu'il a acquise avec le personnage de Jessica Jones et le plaisir qu'il prend à retrouver cette femme entière (un peu mal embouchée, enfin avec toujours autant de grossièreté à la bouche) et visiblement souffrant d'un terrible manque d'estime de soi. Passé cette agréable impression de retrouver une amie, le lecteur voit que Bendis intègre de plus en plus d'individus de l'univers Marvel de référence (numéroté 616), tout en leur donnant un comportement plus adulte, et un langage moins châtié. Ça commence par Mattie Franklin, ça continue avec Cassandra Webb (Madame Web), et d'autres noms s'ajoutent petit à petit au fil des épisodes.
Ce renforcement des liens avec l'univers Marvel n'ayant pas d'incidence sur la tonalité du récit, son ambiance particulière est conservée intacte. La première histoire permet de peaufiner le portrait psychologique de Jessica, d'aborder la dépendance à la drogue sous un autre jour et de mettre face à face les 2 Jessica (Jones et Drew). Ce dernier point est assez amusant quand on sait que Bendis avait au départ envisagé de faire de Jessica Drew le personnage principal de la série. À un autre niveau de lecture, Bendis se fait plaisir avec cette blague auto-référencée, mais la narration étant bien menée, le lecteur peut oublier cet instant d'auto-complaisance. Heureusement d'ailleurs, parce qu'il faut qu'il avale encore 2 ou 3 moments de ce genre (Bendis s'amusant à montrer combien il est habile à jouer d'n second degré, assez primaire et lourdaud quand même) pendant l'origine de Jessica Jones. Malgré ces blagues un peu faciles (et déjà utilisées par
Kevin Eastman et
Peter Laird pour la création de Teenage Mutant Ninja Turtles), cette histoire est satisfaisante et l'émotion qui s'en dégage attendrit le lecteur, sans verser dans le pathos grandiloquent. Avec la dernière partie, Bendis boucle ce qu'il avait à dire sur le personnage de manière efficace, et encore une fois touchante, sans verser dans le tragique larmoyant. Il réussit de très belles pages, entre Jessica Jones et Luke Cage, palpitante d'une émotion non frelatée et subtile.
Tous les épisodes sont illustrés par
Michael Gaydos, à l'exception de quelques séquences dans le passé qui sont dessinées par
Mark Bagley (horrible dessin comics de base),
Art Thibert (nettement mieux), et
Rick Mays (très bien). Gaydos poursuit son travail avec le même style : assez réaliste avec un encrage soutenu qui mange les visages ou les décors, leur donnant ainsi une consistance à la fois plus épaisse et plus ambiguë. Il sait insister sur les décors détaillés pour installer les personnages dans un lieu clairement défini, avec une petite tendance aux têtes parlantes sans décors quand le dialogue s'allonge sur une longue séquence. Malgré tout ce défaut reste maîtrisé et il ne nuit pas à l'immersion. Il a gagné en nuances pour les expressions des visages, et dans les quelques plans fixes, les évolutions des expressions constituent à elles seules un spectacle digne d'intérêt. Cette sensation à la lecture est renforcée par une raréfaction des photocopies de cases qui restent à un strict minimum. Lorsqu'il inclut tous les décors et qu'il ne photocopie rien, sa mise en scène des dialogues devient palpitante, tel le face à face entre les 2 Jessica et le couple des Jameson : une intensité à couper au couteau. La rencontre entre les 2 Jessica constitue également un moment d'anthologie. Au fur et à mesure des pages, Gaydos sait nous emmener dans le quotidien et l'intimité de Jessica Jones, sans transformer le lecteur en voyeur ; il est aux cotés de l'héroïne dans cette ville agréable à parcourir, dans quelques lieux insolites sans en devenir impossibles, aux cotés de ces personnages plausibles sans être fades.
Cette deuxième moitié des aventures de Jessica Jones réserve plusieurs passages très agréables, voire intenses (et pas forcément en action). Mais à mesure que la fin approche, le lecteur se demande si c'est vraiment tout. le voyage était intéressant, à plusieurs reprises palpitant, et la fin semble vraiment arriver trop vite malgré la conclusion claire qu'elle procure. Les instants passés avec Jessica Jones avaient une saveur unique, une intensité vive, mais pris dans son ensemble cette série manque un peu de fond. Il est difficile d'avaler le fait que Jessica ait réussi à retrouver un début d'estime de soi simplement de cette manière trop stéréotypée dans les comics. Sous des dehors plus adultes que les histoires de superhéros de base, la trame et le fond restent identique, laissant un peu goût de superficiel.