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sur 501 notes

Critiques filtrées sur 3 étoiles  
Un jour et une nuit à Ellis Island en 1910 : le temps pour les migrants juste débarqués de passer les contrôles, d'être acceptés ou rejetés. Pendant ce moment de flottement suspendu entre le monde d'avant et le monde d'après, plusieurs destins se croisent : Esther, l'Arménienne stigmatisée par le massacre des siens ; Gabor le gitan, qui fuit avec son clan la persécution en Europe ; Emilia et son père Donato, Italiens aisés qui ont choisi l'exil pour survivre à un deuil ; Andrew le photographe, Américain de la seconde génération à la recherche de ses racines ; Hazel la prostituée qui prépare obstinément son changement d'existence…


Tous ont en commun de se situer sur la brèche d'un nouveau départ, de trouver le courage de rompre avec le passé pour prendre leur destin en main et pour préserver ou redonner un sens à leur bien le plus précieux : la vie.


L'auteur a elle-même connu les affres de l'exil, son déchirement et son formidable espoir, autant d'émotions qu'elle restitue au fil d'une écriture sensible et poétique, toute en finesse et en profondeur, où chaque terme est soigneusement choisi, chaque questionnement intensément réfléchi. L'expression se fait passionnée, et se retrouve exaltée bien au-delà des mots, de manière très charnelle au travers de la passion amoureuse, ou de façon artistique par le biais de la photographie, de la peinture et de la musique.


Vibrant hommage à ceux qui partent, ou qui ont la force d'affronter les risques du changement et de la liberté pour vivre pleinement leur vie, quitte à tout perdre pour mieux se retrouver, ce roman d'une beauté indéniable est aussi d'une actualité brûlante : il nous rappelle les valeurs fondamentales qui font notre humanité, et que les préoccupations matérielles et le souci de sécurité nous font souvent perdre de vue.


Pourtant, ces qualités n'ont pas suffi à me séduire totalement : il ne se passe factuellement pas grand-chose dans ce récit avant tout introspectif, centré sur les combats intérieurs des protagonistes. Le poids de la réflexion a fini chez moi par nuire à la puissance de l'histoire, par ailleurs contrecarrée par un certain trop-plein d'exaltation autant intellectuelle que charnelle.


Ceux qui partent m'ont finalement plus ou moins laissée à quai, presque aussi déchirée qu'eux : avec l'envie d'aimer ce livre admirable de grande facture, mais que j'ai trouvé par moments un peu ennuyeux.

Lien : https://leslecturesdecanneti..
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Ceux qui partent. Que de promesses avec ce titre d'une actualité malheureusement chaque jour un peu plus brûlante.
Nous sommes en 1910, New York, Ellis Island camp de rétention où débarquent des flots de migrants venus du vieux continent. Un père et sa fille ayant quitté l'Italie débarquent d'un des nombreux paquebots. Un photographe saisi l'instant, le point zéro de leur nouvelle vie. Un instantané qui capte tous les espoirs, toutes les craintes, toutes les questions et déjà toute la nostalgie de ces gens ayant tout quitté dans l'espérance de jours meilleurs.
Jeanne Benameur va nous faire vivre leur première journée et leur première nuit d'attente dans ce centre où l'on délivre le droit de vivre ou le devoir de retourner crever chez soi.
Nous suivrons également les premiers pas de cette femme ayant échappé au génocide Arménien ou encore de gens du voyage en route pour l'Argentine.

Une première journée qui sur les 200 premières pages valaient bien les 5 étoiles même si j'ai regretté rapidement que ce fragment de famille Italienne soit aisé, ne manquant de rien, qu'elle ait voyagé sur le pont supérieur et que l'exil soit choisi par la fille qui rêvait d'une liberté dont ne jouissaient pas les femmes au début du 20e siècle. Elle ne se voyait pas finir en mama et on peut la comprendre. Peu importe après tout puisqu'il y a presque autant de raisons de tout quitter que de migrants. Page après page, les 5 étoiles s'imposaient naturellement tant je trouve l'écriture de l'auteure toujours aussi belle, puissante, d'une douceur voir d'une tendresse qui contraste avec les situations. Cette écriture qui fait que j'étais migrant comme j'ai été danseuse (si si) dans « Laver les Ombres » par exemple.
Et puis et puis… et puis vint la nuit et c'est là que tout a commencé à merder pour moi.
Aux premiers pas de la lune sont venus se greffer les parents du photographe dont le père et la grand-mère sont des exilés d'Islande. Et puis une fiancée choisie par eux pour leur chère tête blonde et puis et puis… et puis on tombe dans le hors sujet dans ce dernier tiers du livre. On se retrouve en pleine collection Harlequin tout un monde d'évasion. X est raide dingue de Y et c'est réciproque mais Y tenant à sa liberté blablabla. Pendant ce temps W est aussi raide dingue de Y mais Y ne le voit pas (snif snif). W va passer son spleen avec Z, dame de petite vertu et amoureuse de M ami de W. Si on ajoute N folle de X, jalouse à en mourir et les parents de W qui ont la libido tenace sans parler du père de Y qui se dit aussi que depuis le temps qu'il est fidèle au souvenir de sa défunte épouse, il irait bien se soulager d'un poids coté en bourses, oh Jeanne, c'est quoi ce bordel????
Alors oui, encore une fois c'est très bien écrit mais quel rapport avec « Ceux qui partent » ? Ce sont les histoires de coeur et de cul de tout le monde que tu nous racontes là. Ceux qui restent connaissent aussi les déboires amoureux, les passions torrides, les corps à corps enflammés. C'est comme ça depuis la nuit des temps et peu importe les frontières, les religions ou le débat fromage ou pas dans le gratin Dauphinois. Tu me diras que c'est ton livre et que tu lui donnes le sens que tu veux et je ne dirai pas le contraire mais pour moi il se termine vers la page 180. Après c'était une autre histoire que je n'aurais pas acheté.
De 5 étoiles j'hésitais entre 4 et 3,5 (car, je me répète, j'adore ton écriture) et puis et puis… et puis le dernier chapitre a mit tout le monde d'accord entre mon envie de mettre une bonne note malgré tout et mon hésitation à laisser parler ma déception. On se croirait à la fin d'un mauvais téléfilm Américain (pléonasme je sais) où au générique de fin on a le droit à quelques lignes pour nous dire que machin a été condamné à 250 ans de travaux forcés ou que machine vit maintenant dans l'Ohio au sein d'une communauté Mormon. Ils se marièrent et eurent beaucoup d'enfants, j'ai jamais été fan alors quelle frustration que cette fin.
J'ai adoré les deux premiers tiers du livre, j'ai détesté le dernier.
3 étoiles parce que comme on dit, qui aime bien châtie bien.
Vivement le prochain madame Benameur parce que je serai encore de vos lecteurs sans aucune hésitation.
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« Ceux qui partent » pour refaire leur vie sur un nouveau continent, ceux qui meurent, ceux qui nous quittent... Partir peut être libérateur, et l'on peut voir dans chaque départ non-pas une fin, mais un (re)commencement. Donato et sa fille Emilia, par exemple, ont volontairement quitté l'Italie, où plus rien ni personne ne les retenait et où leurs souvenirs les étouffaient, pour démarrer une nouvelle vie plus libre à New-York. Dans le bateau avec eux, des gens du voyages que les guerres ont chassés, forcés pour leur part de quitter les routes pour rejoindre Ellis Island via l'océan. Parmi eux Gabor, qui se demandera en rencontrant Emilia s'il a trouvé son coeur d'attache, ou s'il doit partir, encore, suivre les siens. A l'arrivée, un photographe amateur s'imprègne de cette ambiance d'exil pour retrouver un peu de l'histoire de sa propre famille, elle-même immigrée, dont il ne connaît pas tous les secrets et dont les silences le hantent. Enfin son meilleur ami, Matthew, est quant à lui parti ailleurs tenter de trouver l'oubli d'un chagrin d'amour… Naviguant d'un personnage à l'autre, Jeanne Benameur nous fait certes toucher du doigt les conditions d'arrivée de ces immigrés, et les réactions qu'elles provoquent en chacun d'eux ; Mais plus encore, elle sondent les coeurs de Ceux qui partent.


Si ce roman aborde les raisons qui peuvent nous pousser à tout quitter, ainsi que les conditions matérielles et morales de cet exil, il montre surtout la difficulté psychologique du déracinement, même lorsqu'il est volontaire. le moment où, arrivant en terre inconnue, on se rend compte qu'on est plus ici qu'un étranger, qu'on ne connaît personne, qu'on ne connaît peut-être pas la langue qui permettrait de comprendre, et de se faire comprendre parmi des gens qui, parfois, ne veulent pas de nous. Heureusement alors, il existe le langage du coeur. Aussi ce roman raconte plus encore ce qui peut faire renaître et, plus important peut-être, ce qui peut donner envie de renaître, à soi et aux autres, de s'ouvrir, de refaire ses propres racines dans un nouvel endroit, avec de nouvelles personnes. Ce moteur, ce sont souvent les gens, leur humanité qui nous touche, nous inspire. Des inconnus la plupart du temps, du moins au départ. Des personnes vers qui la vie nous pousse, chez qui l'on reconnaît la petite étincelle qui nous manque et celle, complémentaire, reconnaissante, qu'on pourrait offrir. L'humanité en somme, qui n'est en réalité rien moins que l'amour de l'autre, l'amour à des degrés différents. Ce qui transcende la barrière de la langue ici, c'est le langage du coeur et des corps.


Avec la sensibilité à fleur de peau qui la caractérise, l'auteure se coule avec aisance dans les sentiments de ses personnages, hommes ou femmes, qui nous guident dans ce voyage éprouvant et lointain. Si l'histoire ne m'a pas immédiatement séduite et touchée comme l'avait fait Otages intimes, ce roman a fini par me faire entendre la mélodie attachante des mots et pensées des personnages. En nous approchant au plus près d'eux, Jeanne Benameur nous fait ressentir qu'ils ne sont pas des numéros parqués dans l'attente, mais des coeurs qui battent, des corps qui vivent. Ils sont comme nous, avec leurs décisions, leurs obligations, leurs émotions. Plus que nous montrer l'inhumanité de certaines arrivées, elle choisit de nous montrer l'humanité de ceux qui partent. Plutôt que d'insister sur nos différences, elle met en valeur ce qui nous lie. Je dois admettre que ce n'est pas le thème qui m'a emballée mais la plume, qui demeure l'une de mes favorites car capable de me faire approcher toutes les situations avec sensibilité. C'est pour ça que je continuerai à lire Jeanne Benameur même si, cette fois, je n'ai pas été passionnée par l'histoire ni, malheureusement, ses personnages.


« Les émigrants ne cherchent pas à conquérir de nouveaux territoires. Ils cherchent à conquérir le plus profond d'eux-mêmes parce qu'il n'y a pas d'autre façon de continuer à vivre lorsqu'on quitte tout. 
Ils dérangeront le monde où ils posent le pied par cette quête même.
Oui, ils dérangeront le monde comme le font les poètes quand leur vie même devient poème.
Ils dérangeront le monde parce qu'ils rappelleront à chacun, par leur arrachement consenti et leur quête, que chaque vie est un poème après tout et qu'il faut connaître la manque pour que le poème sonne juste.
Ce sera leur épreuve de toute une vie car lorsqu'on dérange le monde, il est difficile d'y trouver une place. »


« Rien n'appartient à personne sur cette terre, sauf la vie. »
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J'aime l'écriture de Jeanne Benameur, son phrasé appliqué, mais elle m'a un peu perdue dans ce dernier opus, trop grandiloquent à mon goût (j'ai vraiment adhéré à l'histoire qu'au bout de 80 pages). le sujet est intéressant puisqu'il s'agit de l'arrivée à New York, au début du 20ème siècle d'une poignée de migrants, dont les vies vont s'entremêler. Émilia et son père, notables italiens à la recherche d'une autre vie, Esther qui fuit la guerre, Gabor le gitan violoniste, Andrew le photographe américain à la recherche de son passé, vont se rencontrer à Ellis Island le temps d'une journée qui va bouleverser leur destinée et les obliger à faire des choix. C'est un roman choral, avec une poignée de personnages qui se dévoilent, et dont la chair est le thème central. C'est un récit mélancolique, un texte très romanesque, qui en ravira sûrement certains mais qui ne m'a pas pleinement convaincue.
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Le temps d'une nuit, de quelques respirations sur Ellis Island, l'auteure raconte, s'inspirant des tragédies antiques, le jeune photographe Andrew fasciné par ces émigrés qui débarquent et par le sourire énigmatique de l'artiste peintre Emilia, qui elle n'a d'yeux que pour le bohémien Gabor avec son violon, au grand dam de la sauvage Marucca alors que la mère d'Andrew ne rève que de le marier à la belle Lucile...

Ca sent bon l'amour, et plus fort que l'amour, la liberté!

Je me suis laissé difficilement bercer, hypnotiser par la magnifique prose de Benameur. Endormir à la limite.
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C''est une île « entre le ciel et l'eau » où une jeune italienne époustouflante qui n'a pas froid aux yeux (ni au reste) et son comédien de père, un gitan ténébreux, une arménienne dépressive, un jeune photographe, fils de famille d'immigrés islandais « qui a réussi », une grecque, prostituée au grand coeur, vont se croiser, se frôler, se caresser, se parler avec les moyens du bord, les yeux, les mains (et le reste) et prendre leur destin en main, en l'espace de 24 heures.
Tout y est : les souvenirs qu'on fuit, le traumatisme du deuil, de la traque, de la misère, de la faim, du froid, de la séparation, de la mise au ban social, puis du voyage éreintant, de « l'examen de passage » en Amérique….
J'ai du mal à cerner l'impression que m'a laissée cette histoire peu crédible... trop de clichés, d'invraisemblances, de romantisme et... de sexe. Et ça finit, évidemment, en happy end, digne des pires sitcoms....américaines...brrrr !
Alors que j'imagine l'état moral et physique de ces migrants épuisés après X semaines de voyages, désargentés pour la plupart, cherchant le sommeil de l'oubli, tenaillés par la peur du rejet et l'incertitude du lendemain, parqués dans des dortoirs sans confort écoutant Donato déclamer Virgile dans une langue inconnue tandis que sa jeune vierge de fille à l'insu de tous (?) « fait l'amour » toute la nuit dans la réserve à bagages dont la serrure a été crochetée par Gabor le gitan qui tombe le jour d'avant sous le charme de la belle au premier regard et d'ailleurs n'hésitera pas une seconde à abandonner son clan…
Ouf ! C'est trop pour moi....
Bon oui, c'est un roman par moment poétique, malgré ce que j'appelle les « tourne en boucle » et des répétitions qui finissent par, (oserais-je le dire) lasser le lecteur..
Je m'attendais sans doute (sûrement) à autre chose.
Je vais essayer L'Ellis Island de Georges Perec ou de Gaëlle Josse...et si vous avez d'autres références, merci de partager ?

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Pour un challenge j'ai lu ce livre qui m'a un peu déçu.
J'ai trouvé qu'il ne se passait pas grand chose.
Par contre j'ai été sous le charme de la description de ces amours naissants la dureté de la vie d'émigrants a été adoucit par le ton très poétique de ce roman.
Je me suis laissé embarquée par la description des paysages.
Je vais retenter la lecture de Benameur
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Premier livre que je lis de Jeanne Benameur. Découverte d'une plume fluide, poétique qui nous entraîne pour une journée et une nuit parmi les exilés à leur arrivée en Amérique aux portes de New York, Ellis island à la merci d'un refus d'un rêve, d'espoirs.
Destins croisés avec en prédominance Emilia, une italienne fougueuse, venant d'une famille aisée. Elle a convaincu son père de partir pour vivre plus libre après la mort de sa mère. Au contraire des autres qui ont fuit la misère, les persécutions, la guerre. Esther avec sa fragilité suite au massacre de son village arménien. Gabor le gitan qui se laisse envoûter par la belle Emilia. Andrew lui aussi mais fils aisé d'un islandais ayant fui la misère et d'une descendante du Mayflower, il cherche à retrouver son passé en côtoyant ces migrants, capturant par son objectif des fragments de vie, les espoirs, les peurs, la volonté de garder aussi leur identité, leur langue.
Un livre tout en introspection, peu d'action, on reste dans tous les questionnements auxquels seuls ceux résignés à l'exil ont pu être confrontés . Un roman assez poétique, on se laisse prendre par cette plume mais le manque d'action, l'introspection pourraient rebuter certains.
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Un roman dont l'action se situe sur un jour et une nuit, au débarquement d'emigrants à Ellis Island. Un beau portrait de personnages, leurs attentes, leurs craintes, leurs espoirs, leur force.

Ce livre, c'est surtout un véritable poème. En dehors du fait qu'il n'y a ni strophes, ni rimes, le reste y est. Une très belle écriture donc.
Je craignais de rester sur ma faim quand j'ai vu qu'il ne me restait que 5 pages et qu'il restait vraiment des zones d'ombre. Mais non, le dernier chapitre balaie rapidement ce que les personnages deviendront après cette journée.

Une belle lecture poétique donc. Mais je ne mets que 3 étoiles car j'avoue m'être parfois un peu ennuyée...Il m'a manqué quelque chose.

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Très bien écrit mais assez mélodramatique.
La sexualité comprise comme le creuset des grandes decisions, le catalyseur de nos vies...c est un point de vue
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