Il s'agit du premier roman de Bellow et, pour moi, du premier contact avec cet auteur récompensé par le prix Nobel.
Le roman se présente comme un journal qui nous fait entrer dans le quotidien plutôt pauvre et morne de Joseph, à Chicago, durant l'hiver 1942-43. Il attend son intégration dans l'armée, intégration retardée du fait de sa naissance canadienne. C'est le journal d'une attente débilitante où se révèlent ses tendances paranoïaques. On assiste à la dégradation progressive de ses relations avec son entourage, où lui-même a du mal à se reconnaître dans ses comportements excessifs, du mal à faire l'unité entre ce qu'il est et ce qu'il croyait être…
Le personnage est très crédible (d'où l'impression d'inspiration autobiographique) mais je n'ai pas réussi à m'y attacher et l'ennui s'est vite installé. Je suis néanmoins allée au bout de ma lecture dont j'attendais sans doute trop à cause de l'étiquette Nobel, label de garantie d'un auteur hors pair. Il me faudra revenir à cet auteur pour me faire une meilleure idée de ce qui lui a valu cette reconnaissance…
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En suspens sans l'attente de son incorporation dans l'armée américaine, Joseph ne se rattache à rien, càd à moins en moins de choses : on dirait l'histoire d'une dérive où il s'enfonce au fil du journal qu'il a entamé pour parler de ses difficultés dans un monde où il faut "faire face en se débattant seul et en silence", et où "il faut étrangler sa sensibilité". Fidèle à un mirage d'authenticité ou de fidélité à lui-même, Joseph passe en revue ce qui est mensonge, faux-semblant, illusion dans la comédie sociale. Il s'enfonce au fil de rencontres avec "ceux d'avant" (amis, famille, collègues...) qu'il ne peut s'empêcher de "scanner". Leurs motivations, leurs attitudes, leur adhésion au monde : ils lui sont de plus en plus lisibles et il leur est de plus en plus étranger.
Plus Joseph attend, plus il décroche. Son journal devient un compte-rendu de journées de plus en plus vides et ratées, de contacts de plus en plus tendus avec le monde. Joseph accentue son intolérance au monde et à lui-même en même temps qu'il devient insupportable.
L'acuité, l'intelligence et l'intransigeance de ce gars en crise existentielle rendent le roman plutôt attachant et intrigant, mais l'intérêt se dilue peu à peu dans la succession des anecdotes déprimantes : on a hâte qu'il s'en sorte, "délivré de (s)es propres déterminations, débarrassé de (s)a liberté ".
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Les ennuis, comme la souffrance physique, nous maintiennent conscients de notre existence ; et, lorsque, dans la vie que nous menons, il y a peu de choses qui nous retiennent, nous tirent et nous excitent, nous les cherchons et les chérissons, préférant les embarras ou la douleur à l'indifférence.
Les Égyptiens avaient raison de faire du chat un de leurs dieux. Ces idolâtres savaient que seul l'oeil d'un chat pouvait voir dans la nuit de leur âme.
Dans "Les Nétanyahou", l'écrivain américain Joshua Cohen revient sur un épisode anecdotique de l'enfance de "Bibi" Netanyahou : le recrutement du père dans une université américaine. Une anecdote métaphorique questionnant le sionisme et l'identité juive-américaine avec humour.
Dans ce nouvel ouvrage inspiré de faits réels, l'héritier de la tradition littéraire juive-américaine de Saul Bellow et Philip Roth recouvre la réalité d'un voile de fiction. le critique littéraire Harold Bloom — dont les souvenirs inspirent le roman — devient Ruben Blum, un historien américaniste spécialiste de la taxation. Avec son épouse Edith et leur fille Judith, les Blum forment une famille américaine moyenne d'origine juive mais ayant délaissé le traditionalisme religieux pour l'académisme et la modernité. Exit les fêtes religieuses passées au temple, place à la télévision en couleurs et au réfrigérateur. Une famille presque parfaitement assimilée.
Or le livre s'ouvre sur le rappel désagréable qu'ils ne le sont pas tout à fait. Ruben Blum devra accueillir un aspirant-professeur venu d'Israël, un certain Ben-Zion Netanyahou, au seul prétexte qu'il est le seul Juif de son université. le plongeon dans les recherches de Ben-Zion Netanyahou est un moyen pour Joshua Cohen d'évoquer l'histoire du sionisme et ses courants variés. Notamment le "sionisme révisionniste" de Ben-Zion qui, plus tard, inspira la politique d'un certain Benyamin Netanyahou, aux commandes d'Israël pendant douze ans.
Puis, dans la deuxième moitié du livre, la rencontre entre les Blum et les "Yahou" donne à voir un choc des cultures entre les Juifs d'Israël et les Juifs de la diaspora américaine — une occasion de plus pour sonder l'identité particulière des juifs-américains.
A mi-chemin entre le roman de campus et le roman historique, Joshua Cohen creuse sa page d'une encre humoristique corrosive et terriblement actuelle. Et ce alors que "Bibi" Netanyahou ne quittait le poste de premier ministre qu'en juin 2021, après un règne ayant porté le sionisme révisionniste à son apogée.
Olivia Gesbert invite à sa table l'auteur Joshua Cohen pour présenter son dernier livre.
#JoshuaCohen #Netanyahou #Littérature
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