Comme tout le monde, j’aime les premières fois. Même mes premiers cours d’informatique m’avaient plu. Pourtant, c’est pas glamour un cours d’informatique. J’aimais bien l’algorithmique, je voyais ça comme un petit jeu. La rédaction de quelques lignes de code à la grammaire lourde ne m’avait pas déplu. Je voudrais essayer plein de métiers. Ça me plairait de faire caissier, chauffeur de métro, ouvrier à la chaîne pendant quelques mois, on voit plein de choses. C’est de l’être toute sa vie qui rend fou.
Moi j’aime les filles mais je ne suis ni un séducteur ni un garçon facile. C’est rare qu’une fille m’intéresse. Je rêve d’une fille simple, libre, une fille qui me ferait vivre des émotions et des sentiments inconnus, une fille qui me rendrait meilleur et que je n’abîmerais pas. Heureusement, il y a la littérature et le cinéma. Sans eux, je crois que j’aurais pu tomber dans une vague médiocrité, vivre des petites histoires sans importance.
L’espoir tue aussi. Quand on aime une personne qui ne nous aime pas, on imagine qu’elle nous aurait sûrement aimé si on avait été un autre plus beau, plus intelligent, plus drôle. On oublie que, si on avait été cet autre, idéal, « charmant, jeune, traînant tous les cœurs après soi », on n’aurait sans doute pas aimé cette fille dont les mots qui nous paraîtront un jour si ordinaires nous ont atteint au cœur.
Il y a des années de rancœur dans tous les sens. À force de traîner là-dedans, des personnes sans méchanceté particulière se retrouvent à détester et à être détestées. On voit la douleur sur certains visages. Je ne comprends pas pourquoi ils prennent ça tant à cœur. Il y a plus grave dans la vie que ces petits textes auto-estampillés « recherche » que personne ne lit, pas même leurs amis. C’est à se demander pourquoi ils sont prêts à tout pour les faire publier. D’après ce que j’ai compris, ils se jugent les uns les autres à leur liste de publications, alors ils sont prêts à écrire n’importe quoi tant qu’une revue les accepte. C’est dommage d’ailleurs, parce que l’économie, ce serait intéressant si c’était bien fait.
J’aurais pu aimer être prof de lycée mais j’ai vu tant de profs fous dans les écoles où je suis passé, et c’était toujours ceux qui avaient plus de quarante ans, alors je crois que ce métier rend fou, que ces gens n’étaient pas si fous avant, en tout cas pas tellement plus que les autres, et je ne me sens pas assez fort pour résister à cette folie.