Damien est mort dans un accident de voiture, qui a tué également sa femme et l'enfant qu'elle portait. Quand un homme étrange lui propose huit années de vie supplémentaires auprès de sa famille, Damien y voit là l'occasion de changer certaines choses en lui. Il lui demande donc s'il lui est possible d'effacer toute sa colère, afin d'anéantir le monstre qui est en lui, l'homme violent qu'il est au quotidien... L'effacer non, ce n'est pas possible, mais la canaliser et la maintenir dans la parabox oui...
Dans la préface,
Justine Niogret dit : «
Demain la rage plaira, fort, ou ne plaira pas, tout aussi fort ». Et bien, comme je n'aime pas faire comme tout le monde, je me placerai entre les deux. C'est fort, cela ne fait aucun doute. C'est un voyage brutal dont on en ressort fracturé, malmené, et pour ma part, un voyage dans lequel je ne suis pas sûre d'avoir tout bien compris ou suivi et qui a nécessité une seconde lecture.
Un voyage psychédélique où passé, présent et futur se mélangent et où il est difficile de se situer dans le temps. L'intrigue a beau être compartimentée en sept parties, on ne sait plus trop où l'on se trouve dans l'histoire de Damien. Il m'a fallu la lire deux fois pour en comprendre tous les tenants et pour être sûre de n'avoir rien loupé.
Mais de ce voyage, on n'en ressort pas indemne, peu importe qu'on n'ait pas tout engrangé. C'est violent, brutal, non pas dans le sens de sanglant ou dégoûtant, non, plus dans le sens de furieux et intense. C'est toute la colère de Damien qui s'exprime, toute sa rage qu'il ne maîtrise pas/plus et qui se lâche.
Et pour ce faire, les graphismes ont leur importance et vous en bouchent un coin. En noir et blanc, avec beaucoup plus de noir que de blanc, ils vous écrasent, vous oppressent. Les traits fins et abrupts, tantôt hachurés, tantôt fragmentés, font clairement passer les messages escomptés. C'est parfois plein de détails, très minutieux, parfois plus aérés, ou plus fouillis, selon l'événement, le lieu, l'état d'âme ou le personnage dépeint. Les dessins en disent aussi long que les textes, si ce n'est plus puisque ces derniers ne sont pas très abondants. Abrupts donc, mais efficaces. Ils sont mêmes, à mon sens, le point fort de ce roman graphique. Et sans eux, je l'aurais sans doute moins bien noté.
C'est un retour plutôt mi-figue mi-raisin, mais plus figue que raisin (je préfère les figues aux raisins !) car je ne suis pas entièrement convaincue par l'intrigue, qui est pourtant percutante mais un peu trop méli-mélo. Je le suis, en revanche, totalement des dessins, qui savent transmettre toute la bestialité, la rage et la brutalité que dégage l'intrigue. Tout ne m'a pas plu mais il ne fait aucun doute que je ne l'oublierai pas de sitôt.
Reçu et lu dans le cadre de la Masse critique graphique, je remercie Nicolas de Babelio pour la sélection et les éditions Bubble pour l'envoi de cet ouvrage, qui marque à vif.