Très intéressant pour les personnes intéressées par l'approche d'Éric Baret et Jean Klein du yoga du Cachemire. Ce n'est pas un manuel pratique de yoga. Il s'agit de conversations sur cette pratique et cette philosophie.
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La sexualité n’existe pas. Pour la plupart des gens, c’est uniquement une compensation, une monnaie de marchandage. Cela permet d’attacher ou de sécuriser quelqu’un. Du point de vue de la tranquillité, il n’y a pas vraiment de sexualité. Vous pouvez éventuellement rencontrer quelqu’un avec qui vous sentez une profonde intimité et vous la célébrez par le regard, par le toucher. Vous célébrez aussi en écoutant ensemble, un concert, en faisant un voyage. A ce moment-là il ne s’agit plus de sexualité mais d’une expression de la tranquillité, il n’y a plus de besoin. L’accent est mis sur l’intensité et non sur la décoration. C’est très différent. Quand vous êtes avec quelqu’un qui a vraiment un sentiment d’autonomie, même la formulation de l’acte sexuel a complètement changé. Vous ne pouvez pas, quand vous avez un corps sensible et que vous vivez le pressentiment, faire l’amour a huit heures le matin, puis à midi puis à quatre heures de l’après-midi. Quand vous vivez une rencontre, vous en portez le parfum longtemps encore en vous. Vous n’avez pas besoin de recommencer deux heures plus tard. La fréquence des rapports diminue puisque l’élément substantiel est complètement différent. Cela ne part plus du manque. Tout vient du plein. Une véritable rencontre se fait du point de vue de ce non-désir. Sinon c’est une activité comme une autre, comme aller au cinéma. Et cela va très peu loin. Dans une rencontre véritable, le toucher, le regard, l’odorat, l’écoute sont stimulés. Vous pensez à la personne avant de la voir et vous ressentez encore sa présence après l’avoir vue. Il y a toute une fête des sens qui entre en action. Vous quittez complètement l’élément objectif de la sexualité. L’objet disparaît complètement. Il ne reste qu’écoute, que globalité.
Ce qui est formulé ici pourra souvent être contredit à d'autres niveaux ; la résonance profonde de cette vision restera toujours réservée à l'enseignement direct, vécu dans l'instant. Il s'agit d'harmoniser son organisme avec les courants profonds de l'existence. Grâce à cette attention non dirigée, dépersonnalisée, notre structure redevient ce qu'elle a toujours été : expression de l'Inconditionné.
Ces rencontres ont baigné dans l'humilité de la découverte, enseignant et enseigné y étant à l'écoute d'un enseignement se révélant dans une attention non orientée. On ne prétend ici à aucun savoir, mais seulement à un questionnement et à des constatations s'imposant organiquement et qui, accueillis sans préjugés, ramènent leur observateur à l'arrière-plan.
Comme cela a été écrit par Jean Klein : «Les aptitudes physiques et les pouvoirs remarquables que l'on acquiert, ne sont en définitive que l'humble écho d'une culture intérieure autrement plus importante, mais qui néanmoins, se sert du corps comme instrument de réalisation.»