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3,32

sur 489 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Un brin de nostalgie, une histoire douce-amère et un style très fluide : c'est la recette du dernier livre de Dominique Barberis qui a reçu le Grand prix du roman de l'Académie française.

L'histoire se passe dans les années 50, dans un univers encore très corseté de l'après-guerre, à Nantes où réside la famille. Madeleine, jeune femme timide et discrète, épouse Guy, un peu par défaut. Guy est nommé « aux colonies », plus exactement au Cameroun.

Une fois en Afrique, elle vit une vie d'expatriés classique. Elle accouche d'une petite Sophie un peu chétive, tandis que le pays gronde et veut l'Indépendance. Nous sommes à la fin des années 50, et le tout petit milieu des colons forme une petite société française dans laquelle tout le monde se connaît.

Alors, quand la discrète et mélancolique Madeleine s'éprend d'un homme, un certain Yves Prigent, mi – administrateur, mi-aventurier, tout le monde s'étonne : que va faire cette épouse aussi discrète que timide aux bras d'un séducteur comme Yves Prigent ? Ira-t-elle le rejoindre à l'Akwa Palace de Douala ?

Mais Yves Prigent va prendre un avion qui n'atterrira jamais et Madeleine rentrera bientôt à Nantes parce que l'heure de l'Indépendance aura sonnée.
Dominique Barberis restitue une atmosphère désuète et surannée pleine de mélancolie. C'est avec Sophie, sa cousine, qu'elle évoque le souvenir de cette tante Madeleine, à partir de quelques photos et de lettres échangées avec sa soeur que l'autrice a imaginé la vie de cette tante plutôt esseulée.


De Dominique Barberis je connaissais « Les Kangourous » écrit en 2002, et j'en avais gardé un joli souvenir. « Une façon d'aimer » est tendre et plein de mélancolie et de nostalgie, dans un style qui mérite l'attention. Pas étonnant qu'il ait obtenu ce Grand Prix du roman de l'Académie française : une lecture agréable et qui nous rappelle qu'il y eut une époque pour les femmes, où avoir une « aventure » consistant à marcher dans la rue à distance de son mari était très mal vu et beaucoup critiqué. Une époque bien plus figée que celle d'aujourd'hui, avec une liberté dorénavant acquise pour les femmes : formons le voeu qu'il n'y ait pas de retour en arrière comme on peut le constater dans certains pays.
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Tout en délicatesse, Dominique Barbéris tisse le silence, imagine ce qui a pu se passer au Cameroun, dans la vie de la tante de la narratrice, les amours interdits simplement suggérés et peut-être simplement inventés. C'est une époque et un lieu que convoque l'autrice, des odeurs et des couleurs, des chansons d'antan, une façon d'être et d'aimer tombée en désuétude (plus de détails : https://pamolico.wordpress.com/2023/09/28/une-facon-daimer-dominique-barberis/)
Lien : https://pamolico.wordpress.c..
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Madeleine, originaire de Bretagne,  quitte la métropole pour suivre son mari affecté à un poste à Douala au Cameroun. Elle représente la femme des années 1950.

Élégante, cultivée et discrète, elle s'adapte à cette nouvelle vie en Afrique. Y naît une petite fille. 

Les week-ends sont bien remplis.  La communauté française composée essentiellement de fonctionnaires et de commerçants se réunit souvent lors de grandes soirées. de nouvelles amitiés se créent. Des liens se tissent.

À l'occasion d'un bal, Madeleine rencontre un homme.  Il s'appelle Yves.  Il est marié à une femme mondaine. 

Madeleine et Yves se plaisent. Mais,  à Douala,  tout se sait,  tout se voit. 

Une façon d'aimer” est lauréat du Grand Prix de l'Académie française 2023. J'ai beaucoup aimé ce roman qui parle du destin d'une femme dans les colonies françaises.

À partir de son histoire familiale,  l'autrice raconte la relation fragile et délicate entre un homme et une femme,  tous deux mariés.

On suit également les grands bouleversements marqués par la rébellion, le désir d'indépendance du pays et ce que deviennent toutes ces familles françaises installées en Afrique depuis des décennies. 

Un très beau roman sur la famille,  l'amour,  le désir écrit avec délicatesse.  Dominique Barbéris a une très belle plume. Une très belle lecture.


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Et si la beauté d'une histoire, c'était de ne rien en attendre ? Pour échapper aux conventions, pour s'affranchir d'un dénouement trop attendu ? Et si la grâce venait seulement des silences et des non-dits ?
C'est un peu ce que j'ai ressenti à la lecture du dernier roman de Dominique Barbéris. Une volonté de ne pas céder à la facilité, une envie furieuse d'explorer d'autres possibles, ou plutôt, d'autres impossibles. À quoi bon l'abandon du corps quand l'esprit suffit ? C'est l'examen des ressors cassés, des empêchements et des rendez-vous manqués qui donne au texte sa texture.
On suit Madeleine, une Nantaise sans histoire (« … cet air provincial décourageant, à la fois sévère et désemparé, avec lequel elle cherchait à donner le change »), une femme que rien n'avait préparé à la touffeur de Douala, aux jugements blasés de sa petite communauté d'expatriés unis par l'ennui et la nostalgie. Ils aiment se souvenir de la France mais pour la majorité d'entre eux, il est déjà trop tard (« J'aime Douala. Quand je sors de l'Akwa Palace à deux heures du matin, la nuit y est aussi chaude qu'à six heures, et elle a cette odeur d'épices, d'estuaire et de pourriture qu'on ne retrouve nulle part »). Ils sont devenus inamovibles comme ce manguier, sur la place du village, dont on a perdu l'âge.
Madeleine n'a rien à voir avec la chanson éponyme de Jacques Brel et même son charme, métallique, à la Michèle Morgan, intimide plus qu'il n'attise. Mais Loïc Prigent rôde. Lui connaît l'Afrique. Lui ne craint pas l'épaisseur de la nuit. Quelque chose, en elle, loin d'une promesse de bagatelle, l'a rendu friable.
Un roman susceptible de combler celles et ceux qui, comme moi, ont lu plusieurs fois « La ferme africaine » de Karen Blixen ou se délectent encore du vivifiant « Coup de torchon » de Bertrand Tavernier.
Bilan : 🌹🌹
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Une photo sépia, au bord dentelé et au charme désuet est le souvenir le plus prégnant que la narratrice a de sa tante Madeleine, jeune. Une jolie femme, élégante, réservée et énigmatique tenant sa fillette par la main. Sa nièce l'admire pour sa grâce naturelle et mélancolique et sa ressemblance avec Michèle Morgan.

Originaire de Nantes, elle quitte sa ville après son mariage dans les années 50 pour vivre quelques années à Douala. Elle y a suivi Guy, son époux qui fait le commerce du bois. La jeune provinciale découvre un monde nouveau, différent tant par la vie africaine, la nourriture, la chaleur qu'elle a du mal à supporter que par celle des expatriés et les contraintes sociales qu'elle impose.

Souvent seule dans la maison avec sa fille, elle s'ennuie dans cette société dont elle n'a pas les codes, ses intrigues et commérages. Femme de principes, elle y connait une ébauche d'idylle, quelques mois troublants dont sa nièce et sa fille n'avaient pas connaissance jusqu'à ce qu'elles retrouvent les lettres que Madeleine et sa soeur s'échangeaient. Qui était-il, que s'est-il vraiment passé entre Yves et Madeleine ? Un climat de suspense s'installe.

J'ai découvert ce roman et son auteure à Nancy, au « Livre sur la place ». J'ai beaucoup aimé écouter Dominique Barbéris parler de son héroïne. Son phrasé impeccable et élégant m'a séduite et je l'ai retrouvé dans ce récit romanesque, au style suranné d'une grande sensibilité et si agréable à lire.

J'ai aimé ce portrait de femme mélancolique et secrète, aux choix assumés et la réflexion de l'auteure sur les dilemmes d'une vie. « Une façon d'aimer » est plus qu'un récit d'aventure romanesque ; c'est une réflexion sur la vie, la condition humaine et les beautés qu'elles recèlent.

Prix des libraires de Nancy, ce roman est aussi en lice pour plusieurs prix littéraires. Croisons les doigts.
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Alors que Madeleine est morte un an auparavant, sa nièce, la narratrice essaye de reconstituer sa vie à travers les souvenirs de sa famille, les photos et les lettres retrouvées après son décès.
Fraîchement mariée, elle suit son mari à Douala, en 1955 où elle s'ennuie; elle a peur des bruits, n'aime pas le manque d'hygiène, ne supporte pas le climat. Elle rencontre Guy au cours d'une soirée, un séducteur, et est attirée par lui, tout en étant tiraillée entre cet amour naissant et les principes qui lui ont été inculqués. Elle rentrera en France en décembre 1959, lorsque les troubles pré-indépendance se multiplient.
Se dessine alors le portrait tout en nuances d'une femme issue d'un milieu modeste, provinciale De Nantes, discrète, effacée, coquette, d'une beauté à la Michèle Morgan qui semble avoir traversé la vie sans bruit, en retrait, l'avoir subie plus que vécue.
Se dessine aussi l'atmosphère d'une communauté d'expatriés, à la veille de l'indépendance du Cameroun (1 janvier 1960) : réceptions, milieu fermé, hypocrisie, ragots, jalousies, inquiétude face à la décolonisation en marche.
L'écriture douce et poétique est très évocatrice des bruits, des odeurs; on se croirait à Douala, sous la pluie. Mais je n'ai pas été conquise par ce roman de la demi-teinte et n'ai pas ressenti d'empathie particulière pour cette femme qui a rejeté son futur mari quelques jours avant le mariage au cours d'une soirée romantique, sans que l'auteure nous laisse entrevoir une explication (mal-être? peur? instabilité?....) et qui semble ne pas avoir créé de liens d'amour avec sa fille née au Cameroun en 1957.
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La narratrice essaie de reconstituer la vie de sa tante qui a vécu au Cameroun juste avant l'indépendance. Cette femme à la vie si rangée en apparence y aurait vécu une histoire d'amour extraconjugale. Un beau roman avec une très belle écriture qui outre cette histoire d'amour aborde avec sensibilité quelques points intéressants comme la décolonisation, la position de la femme à cette époque-là.
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Madeleine a 27 ans et vient de se marier avec Guy, mariage d'amour ou de raison on ne le saura pas. Ils partent vivre au Cameroun où Guy travaille, nous sommes dans les années 50.
Ce livre nostalgique nous relate la vie et la fin des colons en Afrique. La chaleur, l'ennui, les fêtes , les illusions et désillusions, les amours possibles.....
Un livre nostalgique.
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Après la mort de Madeleine sa nièce tente de retracer sa vie et de comprendre quelle "grosse bêtise" a bien failli faire sa tante. A partir de lettres, de photos jaunies et des souvenirs de sa grand-mère et de sa cousine Louise remonte le temps.

Madeleine vit à Nantes une vie très provinciale jusqu'à son mariage sans passion avec Guy négociant en bois qui l'emmene vivre à Douala au Cameroun. Nous sommes en 1958 Madeleine a vingt sept ans. Sa beauté évoque Michèle Morgan, ses robes de soie, ses imprimés à pois et ses jupes parachutes inspirées de Christian Dior lui donnent une élégance certaine. Elle lit Mauriac, élève la petite Louise. Rien de passionnant.

A Douala Madeleine vit au rythme de ces blancs coloniaux oisifs qui trompent l'ennui en dansant, buvant et colportant de nombreux ragots sur ceux qui évoluent avec eux dans ce milieu très fermé. A la radio ou dans les soirées dansantes passent les chansons de Mouloudji, Dalida ou Guy Béart. C'est le déclin d'un monde colonialiste. Une ambiance surannée, une société coloniale refermée sur elle-même qui vit ses derniers instants. Les indépendantistes veulent reprendre leur destin en main et les attentats menacent.

Dominique Barberis excelle à nous plonger dans la moiteur étouffante de ce pays. Son écriture fluide et délicate fait naître des sensations sonores et charnelles. J'entends les nuées d' insectes, les oiseaux à la tombée du jour, les pluies torentielles. Je sens sur ma nuque les gouttes de sueur, dans ma gorge la fraîcheur des coktails glacés. Par touches très imagées et très sensibles elle recrée cette époque disparue.

Dans cet univers un peu vain Madeleine tombe sous le charme du séducteur local Yves Prigent vivant à Yaoundé mais souvent présent à Douala. C'est le début d'une romance platonique. Longues promenades le long du port, danses sensuelles corps contre corps, éloignement, attente.

Malheureusement Madeleine n'est pas une héroïne attachante. Elle est froide, distante, sans empathie. Sa relation avec son boy est odieuse. Toujours sur la réserve elle refuse son désir, renonce à la passion.

Alors, habitée d'une langueur d'expatriée malgré la plume sublîme, je m'ennuie un peu. J'ai envie d'une coupe de champagne, d'une danse langoureuse. Mon esprit s'évade. Les sages promenades d'Yves et Madeleine m'entraînent vers celle d'Anne Desbarèdes et de Chauvin dans Moderato cantabile avec le désir à fleur de peau, les regards brûlants et le vin qui enivre. Un autre passage m'entraîne ailleurs sur le continent africain revivre la fin tragique de la très romantique passion de Karen Blixen et Finch Hatton dans une ferme africaine.

Un roman écrit d'une plume magnifique qui nous transporte loin dans l'espace et L Histoire mais une héroïne discrète et fade et "une façon d'aimer" un peu terne ont amoindri mon plaisir de lecture.
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Je découvre la plume délicate et sensible de Dominique Barberis avec ce roman du souvenir et de la mélancolie, aux antipodes de ces histoires à multiples rebondissements qui font généralement recette.
L'argument est assez mince : la narratrice contemple une petite photographie à bords dentelés au format d'un biscuit LU ( j'ai adoré ce rapprochement !) représentant sa tante Madeleine ( soeur aînée de sa mère) donnant la main à sa cousine Sophie . La photo est datée de 1958, elle a été prise à Douala au Cameroun. La narratrice admire l'élégance de sa tante, son faux air de Michèle Morgan, et se souvient de paroles sibyllines au sujet d'une grosse bêtise qui n'a finalement pas eu lieu...c'est ainsi que l'auteure emporte ses lecteurs dans une sorte d'enquête qui est aussi une reconstitution très incarnée de ce que Madeleine, jeune mariée, provinciale a pu vivre de cette « confrontation » avec l'Afrique à une époque où l'indépendance est en marche. Cette jeune femme timide, voire apeurée, a du mal avec les bestioles, la chaleur humide, le bruit de la ville , le microcosme et les intrigues des expatriés qui vivent entre eux. Dans ce contexte où elle est « nerveuse » et assez seule , elle fait la connaissance d'un administrateur colonial à la réputation de séducteur qui lui fait une cour platonique. le talent de l'auteure est de nous tenir en haleine avec ce presque rien par la grâce d'une écriture toute en finesse. Je n'en dis pas plus !
Je ne cache pas qu'il m'a fallu un peu de temps pour m'immerger dans cette atmosphère, mais en y réfléchissant, je trouve que la lenteur est un ingrédient qui participe au charme indéniable de ce roman. Je me demande simplement si ce charme opère aussi sur un jeune lectorat ( moins de 30 ans) dont l'univers est très éloigné de ce que décrit Dominique Barbéris . Mais ce livre a le mérite de laisser trace d'un monde disparu, de témoigner « d'une façon d'aimer » en silence et dans une forme de renoncement à ce qu'on pourrait être, condition partagée par beaucoup de femmes dans ces années -là.
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